Les Américains mènent un raid dans le nord de la Syrie

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Des forces américaines ont exécuté, avant l’aube de mercredi, une opération ciblée dans le nord-ouest de la Syrie, visant un membre présumé de l’organisation État islamique (EI). Selon un responsable américain et des sources sécuritaires syriennes, le raid s’est déroulé à Atmeh, dans la province d’Idlib (notre photo – Wikipédia), avec un appui aérien d’hélicoptères et de drones. Les forces locales ont établi un périmètre de sécurité, mais l’assaut a été conduit par des militaires américains.

D’après une première source de sécurité syrienne et la télévision d’État Al-Ikhbariya, la personne visée a été tuée alors qu’elle tentait de s’échapper. Le responsable américain a décrit la cible comme « de grande valeur ». Une autre source syrienne a indiqué qu’il s’agissait d’un ressortissant irakien marié à une Française. Le sort de son épouse n’était pas connu dans l’immédiat.

L’opération aurait débuté aux alentours de 2 heures du matin (11 h 00 GMT), affirment des témoins dans le secteur d’Atmeh. Abdelqader al-Sheikh, un voisin, raconte avoir interpellé des inconnus qu’il entendait dans la cour adjacente. « J’ai crié : “Qui êtes-vous ?” Ils m’ont répondu en anglais, m’ordonnant de lever les mains », relate-t-il. Selon son témoignage, des militaires sont restés postés sur les toits voisins durant près de deux heures. Il dit également avoir perçu à proximité une voix s’exprimant en arabe avec un accent irakien.

Il s’agit du deuxième raid attribué aux forces américaines dans le nord de la Syrie depuis la chute de l’ancien président Bachar el-Assad en décembre, d’après les mêmes sources. Le gouvernement islamiste qui a succédé à Damas s’est engagé à prévenir toute résurgence de l’EI et participe à une alliance anti-djihadiste incluant la coalition menée par les États-Unis. Le Pentagone n’a pas fait de commentaire immédiat sur cette opération.

La province d’Idlib demeure, depuis des années, un point de repli et de transit pour des cadres supérieurs de l’organisation terroriste. Les précédentes opérations menées par les forces américaines dans la région ont visé au plus haut niveau de la hiérarchie de l’EI : Abou Bakr al-Baghdadi a été tué en 2019 à Barisha, dans le nord d’Idlib, et son successeur, Abou Ibrahim al-Hashemi al-Quraishi, a été éliminé à Atmeh en 2022. Plus récemment, en juillet, l’armée américaine a revendiqué un raid dans la province d’Alep ayant entraîné la mort d’un dirigeant de l’EI et de ses deux fils adultes, eux aussi affiliés au groupe.

Le mode opératoire observé à Atmeh – insertion avant l’aube, couverture aérienne, sécurisation du quartier par des forces locales, puis intervention directe des troupes américaines – s’inscrit dans une stratégie de neutralisation ciblée des cadres, visant à désarticuler les capacités de commandement, de recrutement et de financement de l’EI. L’élimination d’un individu présenté comme « de grande importance » peut priver le groupe de relais opérationnels essentiels, même si, par nature, ces structures clandestines tendent à se recomposer.

Plusieurs zones d’ombre subsistent. L’identité précise de la cible n’a pas été rendue publique, et les autorités américaines ne se sont pas exprimées officiellement au moment où les informations ont émergé. Les détails concernant d’éventuels soutiens locaux, la présence d’autres suspects et le devenir de l’épouse mentionnée par la source syrienne restent inconnus. Comme souvent dans ce type d’opérations, la circulation d’informations fragmentaires impose la prudence, en attendant d’éventuelles confirmations officielles.

Si l’on en croit les autorités qui se revendiquent de l’alliance anti-EI, la répétition de tels raids depuis l’hiver dernier vise à empêcher le groupe djihadiste de retrouver une profondeur stratégique dans le nord syrien. Idlib, mosaïque d’acteurs armés et civils, continue d’offrir un terrain propice aux mouvements clandestins. Les opérations ponctuelles, à forte valeur ajoutée, cherchent à maintenir une pression constante sur les échelons supérieurs, tout en limitant l’empreinte militaire au sol.

À l’issue de l’assaut d’Atmeh, aucune annonce de pertes civiles n’a été rapportée par les sources consultées. L’onde de choc de l’opération, quant à elle, sera mesurée à l’aune des informations complémentaires qui pourraient être communiquées dans les prochains jours, notamment sur l’identité formelle de la cible et l’éventuelle saisie de matériel ou de documents exploitables.

Jforum.fr

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