Pour la première fois depuis leur arrivée clandestine en Israël, les « Couronnes de Damas » ont été dévoilées au public lors d’un événement exceptionnel à la Bibliothèque nationale d’Israël à Jérusalem, en hommage au rabbin Avraham Hamra, dernier grand rabbin des Juifs de Syrie, décédé en 2021. Ces manuscrits bibliques anciens, datant pour certains de plus de mille ans, ont été préservés pendant des siècles dans les synagogues de Damas et sont considérés comme des trésors du patrimoine juif.
L’événement, organisé à l’occasion de l’anniversaire de la disparition du rabbin Hamra, a réuni des membres de sa famille, des chercheurs et des représentants de la communauté juive syrienne. Son fils, le rabbin Benjamin Hamra, a ouvert la cérémonie par une prière traditionnelle, soulignant l’importance de la transmission intergénérationnelle de l’héritage spirituel.
Les « Couronnes de Damas » sont des codex hébraïques manuscrits contenant le texte complet de la Bible hébraïque, accompagnés de vocalisations, d’accents et de notes massorétiques. Parmi eux, le célèbre « Keter de Damas », rédigé en 1260 à Burgos, en Espagne, par le scribe Menahem ben Abraham ibn Malek, est particulièrement remarquable pour sa calligraphie soignée et ses ornements en or.
Dans les années 1990, face à la persécution croissante des Juifs en Syrie, le rabbin Hamra a joué un rôle clé dans l’organisation d’opérations secrètes visant à sauver ces manuscrits précieux. Avec l’aide de la militante canadienne Judy Feld Carr et du Mossad, plusieurs de ces codex ont été discrètement transférés en Israël, parfois dissimulés dans des valises remplies de bonbons pour tromper la vigilance des douaniers syriens.
Depuis leur arrivée en Israël, les « Couronnes de Damas » sont conservées à la Bibliothèque nationale, dans des conditions climatiques strictes pour assurer leur préservation. En 2020, un tribunal de Jérusalem a statué que ces manuscrits resteraient sous la garde de la Bibliothèque nationale, en tant que biens du patrimoine juif, sous la supervision conjointe de la communauté juive syrienne, du grand rabbin séfarade d’Israël et de l’université hébraïque.
L’exposition de ces manuscrits rares offre au public une occasion unique de découvrir des témoins exceptionnels de l’histoire et de la culture juives, ainsi que de rendre hommage au courage et à la détermination de ceux qui ont œuvré pour leur sauvegarde.

