La récente guerre de douze jours entre l’Iran et Israël semble avoir marqué un tournant dans la posture géopolitique de deux grandes puissances mondiales au Moyen-Orient : la Russie et la Chine. Malgré leurs ambitions déclarées d’élargir leur influence dans cette région stratégique, Moscou et Pékin ont adopté une attitude remarquablement discrète après ce conflit d’envergure.
La Russie, traditionnellement très présente dans la région à travers son rôle en Syrie et son partenariat stratégique avec l’Iran, semble désormais recentrer son attention sur l’Europe de l’Est. Le Kremlin a communiqué principalement sur les tensions avec l’Ukraine et les frappes que ce pays aurait menées contre des zones civiles russes. Cette focalisation sur le théâtre ukrainien semble marginaliser les priorités russes ailleurs, y compris au Moyen-Orient.
Dans le même temps, Vladimir Poutine s’est entretenu avec le président français Emmanuel Macron. Selon Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, cette initiative provenait de la partie française. Aucun détail concret sur la discussion n’a filtré, en particulier sur une éventuelle coordination concernant le Moyen-Orient. Ce silence diplomatique souligne le désengagement relatif de Moscou dans une région où elle se voulait autrefois incontournable.
La Chine, de son côté, adopte une posture comparable. Pékin, pourtant signataire d’un vaste accord stratégique de 25 ans avec Téhéran et partenaire économique majeur de plusieurs pays du Golfe, n’a émis aucune déclaration forte sur le conflit Iran-Israël. Cette absence de réaction peut être interprétée comme une volonté de rester à l’écart d’un affrontement à haute intensité entre deux États très surveillés par la communauté internationale.
La presse chinoise, via l’agence Xinhua, présente cette visite comme une étape pour renforcer l’axe Pékin-Le Caire. Le ministère chinois des Affaires étrangères insiste sur la volonté de « promouvoir l’amitié traditionnelle » entre les deux pays et d’approfondir la coopération dans divers domaines, sans faire référence aux récents événements en Iran ou en Israël.
Pékin souhaite visiblement capitaliser sur des relations bilatérales stables, sans s’impliquer dans des crises régionales explosives. Cette stratégie d’influence douce, centrée sur le développement, le commerce et les partenariats stratégiques à long terme, semble désormais privilégiée face aux risques politiques et militaires inhérents à la région.
L’épreuve du feu que représente un conflit régional majeur a peut-être révélé les limites des ambitions de Moscou et de Pékin dans cette partie du monde. Si leur présence reste incontestée sur le plan économique ou symbolique, leur absence sur le terrain diplomatique après un tel épisode est frappante et pourrait peser sur leur crédibilité auprès de leurs partenaires traditionnels, à commencer par l’Iran.
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