Répression sans frontières : l’Iran menace journalistes et familles à l’étranger
Un nouveau seuil inquiétant vient d’être franchi dans la guerre menée par le régime iranien contre la liberté d’expression. Le réseau de télévision Iran International, basé à Londres, a révélé une série de menaces de mort formulées par les autorités iraniennes à l’encontre de 45 de ses journalistes et de plus de 300 membres de leur famille vivant dans huit pays différents. Ces intimidations émanent, selon la chaîne, directement du ministère du Renseignement iranien (VEVAK).
Une opération concertée de grande ampleur
Les faits exposés dans ce signalement sont graves et précis : les journalistes visés exercent au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Canada, en Allemagne, en Suède, en Turquie et en Belgique. En parallèle, leurs familles restées en Iran sont également la cible d’un harcèlement systématique : menaces, interrogatoires, saisies de biens, restrictions de voyage.
Des menaces explicites d’exécution
Le signalement transmis aux rapporteurs spéciaux de l’ONU détaille la nature des menaces, dont plusieurs incluent des échéances précises, désormais dépassées. Dans au moins un cas, la menace est devenue réalité : en mars 2024, le journaliste Pouria Zeraati a été poignardé à Londres. Cette attaque, bien que non revendiquée officiellement, s’inscrit dans une série d’agressions, de surveillances et de campagnes de harcèlement visant Iran International depuis plusieurs années.
L’avocat Mark Stephens CBE, représentant légal d’Iran International, parle d’un « tournant effrayant », estimant que l’on passe de menaces individuelles à une campagne crédible de meurtres collectifs. Quant à Caoilfhionn Gallagher KC, elle en appelle à une réaction immédiate : « Il est impératif que l’ONU et les États concernés prennent des mesures concrètes pour protéger ces journalistes et leurs proches. Le mois d’août est critique. »
La pression diplomatique s’intensifie
Le rapport d’Iran International, soutenu par des avocats de renom appartenant à Howard Kennedy et Doughty Street Chambers, vise cinq rapporteurs des Nations Unies, en charge des droits de l’homme, de la liberté d’expression, de la lutte contre la torture, des exécutions extrajudiciaires, et des affaires liées à l’Iran. L’objectif est clair : contraindre la communauté internationale à ne pas rester passive face à une menace grandissante envers la presse libre.
Une tactique rodée
Le régime iranien n’en est pas à sa première campagne contre les voix critiques à l’étranger. Dans le passé, des complots d’enlèvements visant des dissidents ont été déjoués, notamment en Europe et aux États-Unis. Cette fois-ci, la menace semble plus directe, plus large, et dotée d’une composante temporelle qui inquiète particulièrement les avocats du réseau.
Le climat général au Moyen-Orient, combiné aux tensions internes en Iran, pourrait expliquer ce durcissement de ton. Les autorités iraniennes semblent vouloir étouffer à tout prix les critiques en dehors de leurs frontières, surtout celles relayées par des médias indépendants qui trouvent un écho auprès de la population iranienne.
Jforum.fr