Macron n’a aucune idée de la situation des Palestiniens

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Par Bassam Tawil

Le président français Emmanuel Macron, dans son discours devant les Nations Unies lors de la « Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États » le 22 septembre, a justifié sa décision de reconnaître un État palestinien en arguant que le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas avait promis « une refonte complète de la gouvernance palestinienne ».

Macron a exprimé l’espoir que le nouvel État palestinien protégerait « l’expression démocratique » : L’État de Palestine devra également redonner espoir à sa population, épuisée par des années de violence et d’occupation, mais aussi de division et de négligence. Il devra donc offrir à son peuple un cadre nouveau et sûr pour l’expression démocratique. Le président Mahmoud Abbas a pris cet engagement envers le prince héritier Mohammed ben Salmane et moi-même. Il a fermement condamné l’attentat terroriste du 7 octobre 2023 [mené par le Hamas]. Il a confirmé son soutien au désarmement du Hamas et s’est engagé à l’exclure de la gouvernance future de Gaza et de l’ensemble du territoire palestinien. Il a affirmé son engagement à lutter contre les discours de haine et a promis une refonte complète de la gouvernance palestinienne.

Malheureusement, Abbas promet depuis son arrivée au pouvoir en 2005 des réformes radicales du gouvernement et de la sécurité. Les Palestiniens n’ont toujours pas vu le moindre changement dans quoi que ce soit.

Abbas a eu deux décennies entières pour réformer l’Autorité palestinienne, mais n’a pas saisi l’occasion de mettre fin à la corruption endémique ni d’apporter au sein de l’Autorité palestinienne des changements constructifs pour son peuple. Même le système d’élimination des déchets est toxique.

Les résultats de sondages montrent qu’une majorité de Palestiniens ne partage pas l’optimisme du président français quant à la mise en œuvre des réformes gouvernementales, sécuritaires et économiques.

Alors que Macron semble avoir pris au pied de la lettre l’engagement d’Abbas de lancer une « refonte complète » de l’AP, la plupart des Palestiniens, selon les sondages, ne l’ont pas fait. Depuis sa création il y a trente ans, l’AP – sous Abbas comme sous son prédécesseur Yasser Arafat – réprime les opposants politiques et quiconque ose critiquer les dirigeants palestiniens. D’innombrables journalistes, militants des droits humains et militants politiques ont été intimidés, arrêtés, battus ou tués par les forces de sécurité de l’AP.

Macron est excessivement optimiste, voire pathétiquement naïf, quant aux perspectives de démocratie dans un futur État palestinien.

Macron et d’autres dirigeants occidentaux, s’ils croient que l’AP va changer pour le mieux, au moins dans un avenir prévisible, vivent dans un monde imaginaire… Même si un État palestinien est créé, il sera dirigé soit par la faction corrompue du Fatah d’Abbas, soit par le Hamas.

Contrairement aux idéalistes et aux politiciens tels que Macron, le Britannique Keir Starmer, le Canadien Mark Carney et l’Australien Anthony Albanese, qui sont visiblement terrifiés par leurs électeurs musulmans, les Palestiniens, eux, sont réalistes. Ils savent pertinemment que leurs dirigeants continueront de leur apporter angoisse et misère.

Bassam Tawil est un Arabe musulman basé au Moyen-Orient

Source: gatestone.org
Photo : Macron rencontre le président de l’AP, Abbas, à l’Assemblée générale des Nations unies à New York, le 25 septembre 2024. (Photo de Ludovic Marin/AFP via Getty Images)
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