SARAH HALIMI UNE JUIVE D’ALGERIE S’EN EST ALLEE
Sarah, française et juive, souriante prête à aider son prochain ne pouvait pas respirer le même air qu’un voyou sans éducation et sans vergogne. Cet insupportable voisinage ne pouvait qu’accroitre la colère d’un fidèle d’une idolâtrie issue d’une « religion dite du Livre ».
C’est en paix avec lui-même et avec son clan qu’il a puni cette Juive, car pour lui et ses complices, qu’il y a-t-il de pire qu’une Juive ? Elle sourit avec bonté mais que cachait-il ce sourire ? Surement une diablerie, que le vertueux Coulibaly Traoré qui se fait appeler par hasard peut être, « Fofana », a décelé et a sanctionné sans appel. Il est faible et peureux ce médiocre individu mué en cruel assassin, mais c’est dans la meute qu’il est à l’aise.
Pourquoi parler de cet assassin qui feint d’être fou, puisqu’hospitalisé depuis quatre ans, il n’a eu ni délire ni médicaments !
-Elle ne demandait rien à personne, Sarah, elle vivait paisiblement au sein de sa famille et de sa communauté, elle aurait pu se glisser dans une retraite bien méritée, si elle n’avait du subir les insultes et les menaces quotidiennes d’un voisin d’origine africaine qui supportait mal d’avoir une Juive dans son immeuble. Elle avait peur cette dame, mais la surmontait, espérant la fin de son calvaire, cette fin est arrivée par le visage grimaçant de haine de son tourmenteur qui l’a lardée de coups de couteaux, la défenestrant dans le silence criminel des voisins et sous le regard de la police présente mais inopérante.
Le crime de cette femme sans tâche est qu’elle était bien française, née en Algérie (Guelma), grandie dans la lumière de la présence française en Algérie, qui lui a ouvert les portes de ses écoles, de l’amour de la France et de la liberté soudain octroyée, par une République forte et bienveillante en 1870 par la grâce du décret Crémieux qui élevait les communautés les plus malheureuses des Juifs au rang de citoyens français libres, égaux et solidaires.
Lucie Sarah Halimi ou Sarah Lucie Halimi, comme ses frères de l’Algérie heureuse, a rendu ses bienfaits à la France, en exerçant avec empressement ses droits et ses devoirs de citoyenne, en élevant ses enfants comme de vrais républicains.
Sarah Halimi alliait avec bonheur sa double identité de française et de juive : française dans la cité et juive à la maison, sans renier l’une pour l’autre ou opposer l’une à l’autre, elle enrichissait son environnement par sa modeste et constante contribution à l’essor de la cité républicaine.
Elle est partie la fille d’Israël sous les coups de la brute qui chaque jour la couvrait d’insultes sans qu’elle y réponde. Elle nous a quittés, notre sœur, dans l’ignominie raciste qui se répand dans un pays frelaté, sapé par une violence impitoyable issue de l’étranger, qui s’incruste l’ex doulce France.
Elle est née au pays de nos ancêtres dans le pays riant et gorgé de lumière de notre Algérie d’antan, naturellement juive sans forfanterie, ni compromission. Elle nous ressemble en tout point, sans l’avoir connue chacun de nous la reconnait et pleure dans son cœur la perte de cette étincelle d’Israël, tombée parce qu’elle était Israël.
Pour nous de Morial, et pour les juifs d’Algérie, Sarah notre sœur chérie, restera à jamais gravée dans nos cœurs.
Charles Baccouche