Par Hagay Sobol
Il est des moments où l’on croit n’avoir aucune prise sur les événements. Ainsi, le 7 octobre 2023, nous sommes passés brutalement de la joie, avec la fête juive de « Sim’hath Tora » au deuil, du soutien à la haine et de l’intégration au rejet.
Puis, de manière impromptue, alors que nous commémorions le deuxième anniversaire du pogrom, vint la libération des 20 derniers otages vivants. Durant cette période, chacun, à sa façon, a tenté de se protéger et de trouver un refuge, comme Noé dans son arche.
Au-delà du fait religieux, le texte biblique, nous livre le témoignage d’un homme dépassé par la situation, ne sachant comment réagir et qui nous ressemble tant. Quand les eaux se retirent, tout comme le fragile cessez-le-feu, ce n’est pas la fin de la violence et des hostilités mais le signe que le pire n’est pas une fatalité et que chacun a son rôle à jouer.
Un déluge de haine
Depuis le 7 octobre, nous avons été, comme Noé, ballottés par les flots du « déluge d’al Aqsa » perpétré par le Hamas, le groupe islamiste au pouvoir à Gaza. Semblant abandonnés, nous nous sommes repliés sur nous-mêmes, sans espoir d’accalmie, dans l’impossibilité de voir une terre ferme où accoster, tant nous étions cernés par la haine. Une interrogation terrible nous taraude désormais, était-il possible d’anticiper la menace, de prévenir l’attaque en Israël et ses répercutions contre les Juifs et les démocrates dans le monde ? Impuissants, et incapables de voir au-delà de l’immédiat, pouvions-nous agir différemment ? Ce texte est une sorte de thérapie sur cette sombre période pour essayer d’extérioriser l’indicible et de le partager avec ceux qui l’ont vécu et les autres, tous les autres.
Le choix de Noé !
Pour certains commentateurs du texte biblique, Noé n’est pas un modèle absolu. S’il est un juste, c’est surtout en comparaison de ses contemporains : « C’était un homme juste et intègre dans sa génération… ». Ainsi, le patriarche, en recevant l’injonction de construire une « Téva », une arche, avait deux options. Ce terme hébreu désignant à la fois un vaisseau et le coffre de l’alliance, s’ouvrait à lui la possibilité de sauver le monde, en luttant contre les maux de son époque et en intercédant au nom de l’humanité toute entière, et la voie plus modeste de ne sauver que les siens. Une vocation universelle ou le repli sur soi, la tentation de fuir, face à une épreuve qui lui semblait insurmontable.
Ce dilemme, je l’ai ressenti chaque jour qui commençait après une nuit où, dans mes rêves, je ne reconnaissais plus le monde. Ce sentiment d’être totalement perdu, de ne plus savoir quoi faire pour changer les choses, pour convaincre ceux qui ne le voulaient pas et la difficulté de trouver les mots pour informer ceux qui le désiraient. Mon arche, ou plutôt une bouée face à un tsunami médiatique, c’était l’écriture. Chaque phrase était un accouchement dans la douleur. Sans jamais savoir si je serais lu ou si mes arguments porteraient. Mais plus je m’informais, plus je questionnais et moins je comprenais qu’on ait pu en arriver là, si brutalement, alors que les avertissements avaient bien été donnés. Mais personnes n’a voulu écouter.
De Noé à Jonas (Yonah) ou l’incompréhension prophétique
Noé, un personnage qui en rappelle un autre, Jonas. Tous deux confrontés à des « missions impossibles », sont opposés et complémentaires. Jonas comprend parfaitement, à la différence du premier, ce qu’il doit faire mais refuse de prophétiser. Le prix à payer est trop lourd. Il veut fuir mais sans succès, ce qu’illustre le célèbre épisode de la tempête maritime et du Léviathan. Il se révolte à l’idée de devoir sauver Ninive, l’ennemi de son peuple qui sera inéluctablement l’instrument du destin d’Israël.
Ainsi se pose la dialectique entre Jonas qui doit sauver une cité hostile voulant détruire son monde, et Noé qui décide de sauver les siens plutôt que le monde entier. Il n’est pas anodin que le texte de Jonas ait été choisi, plutôt que celui de Noé pour clore le Yom Kippour, le Grand Pardon, le jour le plus Saint du judaïsme. Le destin des Juifs est indissociable de celui des nations et réciproquement.
Vingt, comme les 20 otages vivants libérés et les 20 points du plan Trump
Pour les experts, les otages étaient l’arme ultime des terroristes contre Israël. Leur libération et le cessez-le-feu sont la démonstration que la volonté d’un seul, Donald Trump, peut être déterminante pour renverser une situation, même des plus désespérées. Officiellement, sur les 48 otages aux mains des terroristes, il n’en restait que 18 toujours en vie. Au final, ils seront 20 à être libérés, les autres ayant été exécutés ou sont morts dans des conditions inhumaines de captivité.
S’il y a beaucoup à dire sur sa gestion des affaires, le président américain a réussi là où ses prédécesseurs, et tant d’autres dirigeants, ont échoué. Nous devons l’en remercier. Mais sans une large coalition soutenant l’homme le plus puissant de la planète, et les efforts de chacun à son niveau, ne serait-ce que par une simple prière d’espoir permettant de tenir, rien n’aurait été possible. Cela démontre que si le pire ne déçoit jamais, il n’est pas inéluctable et nous devons tous apporter notre pierre à l’édifice.
Comprendre comment les choses sont advenues est un devoir impérieux
Deux questions fondamentales se posent désormais, l’une à l’échelle d’Israël et l’autre au niveau mondial. Tout d’abord, comment l’attaque du 7 octobre a-t-elle pu se produire et qui sont les responsables, sans oublier ceux qui ont armé et financé les terroristes ? Ensuite, comment et pourquoi tant de personnes, y compris en Occident, ont succombé aux mensonges islamistes, dénié à l’Etat hébreu le droit de se défendre, s’en sont prises aux Juifs, et leurs soutiens, partout, sous couvert d’antisionisme ?
Si depuis des milliers d’année les textes bibliques sont analysés, que l’on questionne le comportement de personnages, tels que Noé ou Jonas, pour en dégager des enseignements en phase avec notre temps, n’est-il pas urgent d’en faire de-même avec cette terrible l’actualité ? Il s’agit d’un impératif absolu, non seulement pour l’Etat Juif, mais également pour le monde libre avant qu’une autre tempête ou un nouveau déluge ne nous frappent !

























