Nouveau round à Rome : l’Iran maintient sa ligne sur le nucléaire

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Ce vendredi, les regards diplomatiques se tournent vers Rome, où s’ouvre un cinquième cycle de discussions sur le programme nucléaire iranien. Après quatre sessions de pourparlers indirects avec les États-Unis, la République islamique revient à la table des négociations, décidée à ne pas céder sur ce qu’elle considère comme un droit fondamental : l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.

Une ligne rouge assumée par Téhéran
À la veille de cette nouvelle étape diplomatique, le Parlement iranien a clairement réaffirmé ses positions via l’agence IRNA. Les députés insistent sur le fait que le programme nucléaire du pays est exclusivement civil et s’inscrit dans le cadre légal du Traité de non-prolifération (TNP), auquel l’Iran est partie prenante. Pour eux, renoncer à l’enrichissement d’uranium serait une atteinte à la souveraineté nationale.

Ce point reste au cœur des tensions. Le Parlement iranien a même déclaré que « jamais la République islamique ne renoncera à son droit d’utiliser la technologie nucléaire », rappelant que l’enrichissement du combustible est à la fois un symbole de progrès scientifique et une exigence légitime en vertu des accords internationaux.

Des concessions envisagées, mais limitées

 

Lors des précédentes discussions tenues à Oman et à Rome, l’Iran avait pourtant envisagé de faire certaines concessions, notamment en réduisant ses stocks d’uranium enrichi. Cette stratégie, en partie tactique, visait à obtenir des allègements de sanctions de la part des pays occidentaux. Téhéran escomptait une souplesse plus marquée de la part de Washington, notamment après les premières ouvertures observées à Oman. Or, ces attentes ont été largement déçues.

Les responsables iraniens jugent aujourd’hui que les États-Unis, après quelques signaux d’assouplissement, ont finalement durci le ton. Le dernier émissaire américain, Steve Witkoff, représentant spécial de l’administration Trump, a réitéré ce week-end que toute levée de sanctions serait conditionnée à un abandon pur et simple du programme d’enrichissement nucléaire par l’Iran — une exigence que Téhéran juge inacceptable.

Une triangulation entre Washington, Jérusalem et Mascate
Dans ce jeu complexe, Israël joue également un rôle d’influence. Si l’on en croit plusieurs analystes, la position israélienne semble s’être légèrement adoucie ces derniers jours, ce qui pourrait laisser entrevoir un espace de compromis. L’Iran, de son côté, est bien conscient qu’un accord durable devra nécessairement tenir compte à la fois des exigences sécuritaires israéliennes et des lignes rouges fixées par Washington.

Dans ce contexte, Oman continue de jouer le rôle de médiateur discret mais efficace. Déjà à l’initiative de plusieurs rapprochements diplomatiques récents, notamment entre les États-Unis et les Houthis, Mascate se veut un espace neutre, respecté aussi bien par l’Iran que par ses adversaires régionaux. C’est également Oman qui a facilité l’organisation de cette nouvelle session romaine, avec l’espoir de relancer un dialogue enlisé.

 

Une volonté affichée de parvenir à un accord
Interrogé mercredi par une chaîne saoudienne, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a souligné l’importance stratégique du programme d’enrichissement pour l’Iran, allant jusqu’à le qualifier de « pilier de l’identité scientifique du pays ». Il a par ailleurs mis en garde les puissances occidentales contre l’usage abusif du mécanisme de sanctions dites « snapback », souvent brandies comme menace en cas de désaccord.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei, a quant à lui confirmé jeudi l’acceptation par l’Iran de la proposition omanaise d’une reprise des discussions à Rome. Il a affirmé que l’équipe iranienne reste « déterminée à défendre les intérêts suprêmes de la nation » et à obtenir une levée significative des sanctions économiques qui pèsent sur le pays.

Alors que les négociations reprennent dans la capitale italienne, les positions restent éloignées, mais l’existence même de ce cinquième cycle témoigne d’une volonté partagée — même ténue — de maintenir le dialogue. Pour l’Iran, l’enjeu est clair : assurer ce qu’il qualifie d’« autonomie énergétique » tout en cherchant à éviter un affrontement direct avec les grandes puissances. Pour les Occidentaux, il s’agit de prévenir tout glissement vers la militarisation du programme nucléaire iranien. La rencontre de Rome pourrait ne pas aboutir à une percée immédiate, mais elle en dira long sur les marges de manœuvre des uns et des autres.

 

Jforum.fr

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