Pessa’h est à nos portes

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Autour de la table de Chabbath, n° 328 Pessa’h 5782

Pessa’h est à nos portes. Nous avons tous bien soigneusement nettoyé notre maison afin qu’il ne s’y trouve plus de ‘hamets (pain, gâteaux, sucreries, pâtes…), levain, bière, Whisky, etc. La maison est fin prête pour recevoir la fête.

Le rav Chimchon Pinkous zatsal avait l’habitude de dire que Pessa’h marque la naissance du Clall Israël. Précédemment, nous étions une famille (les fils de Ya’akov) qui s’était considérablement agrandie depuis des décennies. A la sortie d’Egypte, nous sommes devenus le peuple de D’. En effet, cela ressemble, un tant soit peu, au cas traité dans le Talmud (Kidouchin 16) d’un esclave hébreu vendu à une maison de « gentils ». Puis, un jour un de ses amis (ou de sa famille) décide de le racheter. La Gemara enseigne qu’automatiquement notre homme deviendra serviteur mais cette fois celui de son bienfaiteur. Pareillement vis-à-vis de notre peuple. Hachem a extirpé la communauté de l’impureté égyptienne. En cela, nous Lui devons pour toujours une dette de reconnaissance (et de surcroît, il y a eu acquisition en bonne et due forme). Seulement lors de la sortie d’Égypte, le Clall Israël acquiert un très haut niveau de spiritualité après qu’il soit devenu le serviteur du Roi du monde, le Roi des rois, le Saint béni soit-Il. Et l’adage talmudique enseigne « le serviteur du roi est (un peu) roi » (car on récupère un peu de sa sainteté).

Cependant, pour monter de niveau il a fallu franchir de nombreuses étapes. La première fut la dureté de l’asservissement en Égypte. 210 années de labeur nous octroieront beaucoup de mérites. De plus, quelques jours avant le grand départ, Hachem demanda à ce que le peuple fasse deux Mitsvoth : le sacrifie de l’agneau pascal et la Brith Mila. Ces deux commandements ont un dénominateur commun : l’esprit de sacrifice (Messirout néfech). La Mila, au niveau de son corps, tandis que l’agneau pascal au niveau de l’esprit. Il faut savoir qu’en Égypte antique, la populace considérait l’agneau comme un de leurs dieux (comme de nos jours certains adorent leur smartphone…). Si à notre grand malheur on avait écrasé avec notre voiture un agneau sur le grand boulevard de Ramsès, la population égyptienne en furie nous aurait lynchés (comme ce qui s’est passé, que Hachem nous en garde, lorsque des Juifs se sont perdus et sont entrés dans la ville palestinienne de Ramallah…). Donc lorsque Hachem demande de faire le sacrifice de la bête et de mettre son sang sur le fronton et les linteaux de nos portes, il fallait une sacrée dose de courage ! Tout ce cérémonial montrait la nullité de toute forme d’idolâtrie. Grâce à ces deux Mitsvoth, Hachem opérera le reste, c’est-à-dire, toutes les plaies ainsi que la sortie d’Égypte.

Ce passage de notre histoire (car d’où provenons-nous si ce n’est de cette grande libération, n’est-ce pas M. Tournesol?) met en exergue ce qu’enseigne le Messilat Yecharim (premier chapitre). L’homme a été créé pour surmonter son épreuve. Si un homme réussit à surmonter sa difficulté, il atteint un haut niveau et une grandeur. Donc la difficulté du départ était grande (en Égypte). Preuve en est que les Sages enseignent qu’un cinquième du peuple est sorti tandis que les autres périrent en Égypte. C’est-à-dire que la majorité de la population n’a pas voulu tourner dos à toute la société ambiante.

Mais, après avoir franchi ce premier pas, la Providence divine s’épanchera afin de nous protéger et nous guider durant la traversée du désert.

Et si mes lecteurs se disent, c’était juste à l’époque de Moché Rabbénou mais aujourd’hui les choses ont bien changé, la Michna dans Pessa’him enseigne : « A toute génération un homme doit se sentir comme s’il était sorti d’Egypte« . S’il est vrai que nous n’avons pas l’agneau pascal ni le prophète qui nous ordonne de faire telle ou telle chose, il reste que la sainte Tora nous ordonne de manger le soir du Séder la Matsa (Chemoura/Propre à la soirée du Séder) sur lequel le saint Zohar dit que c’est, « Lé’hem de-Imnouta.. »/ C’est du pain de la foi (la Matsa). Donc cette fête est le moment de renforcer notre croyance et foi en Hachem car c’est Lui qui pourra nous faire sortir de notre étroitesse

Je finirai par une courte anecdote. Le rav Eliahou Diskin chlita rapporte cette véritable histoire qui s’est déroulée en Union Soviétique (certains, même de la communauté, présentaient alors ce pays comme étant le paradis sur terre…). Une fois est venu chez un rav, un haut gradé de l’armé des soviets. Il lui demanda : » Je te demande de ne divulguer à quiconque ce que je vais te dire. J’ai un garçon qui vient de naître et qui se trouve auprès de sa mère à quelques centaines de kilomètres d’ici. Or, je tiens absolument à qu’il fasse la Brith Mila ! » Le rav était stupéfait de voir un gaillard qui ressemblait à tous les « Wladimir » du pays de la Vodka sans aucun signe de judaïté. Le gradé affirma qu’il est juif de père et de mère (pas comme les réformés qui veulent nous faire passer des lois en Erets que tout celui qui a bon cœur peu devenir très vite juif…). Le rav lui dit :’Tu ne m’as pas l’air d’un homme qui pratique des Mitsvoth, pourquoi tiens-tu à faire la Mila de ton fils ? » Le gradé avoua : »C’est vrai que je ne sais rien du judaïsme. Toutefois, je veux qu’un jour mon fils puisse rentrer à sa maison… » C’est-à-dire que le général qui ne faisait ni le Chabbath, ni les fêtes, ni mettait les Tfeilinnes ni n’allait à la synagogue savait dans son for intérieur que la maison d’un Juif c’est la pratique, ainsi que la proximité avec D’ et Sa Tora.

Fin de l’anecdote.

Et c’est aussi peut-être le message de Pessa’h. Nous sommes devenus, à Pessah, le peuple de D’ et même si les conditions de notre vie nous ont éloignés du but de notre passage sur terre, il reste que Pessa’h et les Mistvoth sont inscrits dans notre chaire… Pour toujours

Un homme doit se voir comme s’il était sorti lui-même d’Égypte…

A cogiter.

Sur la Hagada

Au début, nos ancêtres étaient idolâtres et MAINTENANT Hachem nous a rapprochés de son service ! (tirée de la Hagada)

Après la question des enfants, la Hagada commence par l’histoire de la sortie d’Egypte depuis le commencement du Clall Israël. Comme le Talmud l’enseigne, on commence par le côté noir de notre histoire. Nos ancêtres étaient idolâtres, et l’on finit par le bien, Hachem nous a pris comme SON peuple.

Le rav Bidermann chlita déduit quelque chose d’intéressant de ce court passage. Même si un homme doit toujours examiner si sa démarche est en conformité avec ce que la Tora attend de lui, malgré tout, il ne faudra pas s’appesantir. Le principal c’est l’avancement de l’homme, combien il fait déjà plaisir ou FERA plaisir à son Créateur à l’avenir ! Car le fait de trop réfléchir sur son passé amène l’homme a beaucoup de tristesse et de colère. L’Admour de Slonim l’apprenait aussi de notre passage. « Au départ« , c’est lorsque l’homme médite trop sur son passé, alors, il fait partie du groupe des « étaient idolâtres ! » Car à force de se tourner sur son passé et la tristesse, on peut, que D’ nous en préserve, tout rejeter. Donc le conseil c’est « MAINTENANT ! » Arriver à placer son attention sur son présent, son « maintenant ». En cela il sera méritant et Hachem le rapprochera de son service. Le rav de Slonim base cet enseignement sur l’histoire de la femme de Loth. On se souvient que lorsqu’elle s’est sauvée de Sodome, l’ange lui dit de ne pas se retourner pour voir la destruction de sa ville natale. Or, dans sa fuite elle se retourna et immédiatement se transforma en statue de sel. Le rav explique que c’est la suite logique de revenir sur le passé : être immobilisé (et sans vie) ! (le sel est le signe d’amertume sur le passé)

« Et on a CRIE vers Hachem et Il a entendu (notre parole)« Les Hassidim ont l’habitude de dire qu’à ce moment du récit de laHagada dans le ciel, les portes s’ouvrent. Le soir du Séder, un vent de délivrance souffle dans le monde et si on est méritant, on pourra nous aussi en profiter ! Comme les commentateurs disent, cette nuit (symbole de l’obscurité physique et spirituelle) avait le niveau du jour, symbole de la lumière spirituelle! (Voir « Or Ha’haim » Chemot 12.8 qui enseigne que cette nuit « éclaire » comme le soleil éclaire en pleine journée. De plus le Gaon de Vilna note que dans le « Ma Nichtana » on dit « Hallaila hazé » (cette nuit). Or, en grammaire hébraïque « la nuit » est un mot féminin. On aurait dû dire « Hallaïla hazot ». Explique le rav : la nuit du Séder est au lmême niveau que le jour (qui est masculin). Tout est clair et on peut accéder à de hauts niveaux spirituels). Suivant cela, beaucoup d’Admorim donnaient ce conseil aux personnes souffrantes de différents maux, que D’ préserve, au moment de réciter ce passage, qu’ils prient du plus profond de leur cœur et avec la sainteté de cette nuit, leurs prières seraient agréées !

Et si on parle des Segouloth de cette soirée je suis obligé de vous rapporter le fameux « Or ha’Haim » (Chemoth 12.8) qui pose la question sur le verset, « Et tu RACONTERAS à ton fils ce jour-ci en DISANT » qu’il existe une redondance dans le verset, « Raconteras/Disant ». Dans une de ses explications, le rav répond que du fait qu’on récite la Hagada seul, même si on n’a pas d’enfant, alors on aura le mérite de la réciter une prochaine année avec son FILS ! Fin de son court enseignement.

Il est dit que beaucoup ont étudié des passages de Tora traitant de la sortie d’Egypte (après avoir lu toute la Hagada) en particulier ce commentaire du Or ha’Haim, et ils ont eu la chance l’année suivante d’avoir un enfant !

Quelques Halakhoth :

Le ‘hamets est une des cinq céréales qui a fermenté au contact de l’eau. Le Talmud établit qu’à partir du moment où on laisse une céréale en contact avec de l’eau pendant 18 minutes, le processus de fermentation commence et donc l’interdiction de le consommer durant Pessa’h ! A Pessah, il existe en dehors de l’interdit de manger et de posséder du ‘hamets, l’interdit de PROFITER du ‘hamets ! On ne pourra pas vendre du ‘hamets à un « gentil » durant la semaine de Pessa’h (si on tient une épicerie, que l’on n’a pas rendu « Cacherle-Pessa’h », on devra mettre la clef sous la porte durant cette période).

Autre chose importante, le ‘hamets ce n’est pas uniquement du pain, des biscottes ou des gâteaux… C’est aussi TOUS les produits manufacturés dans lesquels sont mélangés de la farine, par exemple toutes les soupes instantanées, les sauces, etc.. En un mot, tous les aliments composés doivent avoir une surveillance propre à Pessa’h ! De plus le whisky, la bière sont faits à partir de la distillation du blé, donc se sera formellement interdit d’en boire et même d’en posséder.

Beaucoup ont l’habitude de faire la vente de leur ‘hamets à un « gentil » avant Pessa’h, de sorte qu’il n’y a plus l’interdit d’en « posséder ». Seulement comme les lois concernant cette vente sont importantes on nommera un rav compétant qui opèrera la vente en notre nom. Attention, le rav ne devient pas propriétaire de notre ‘hamets, mais il est accrédité pour le vendre à un « gentil ».

Comme l’interdit du ‘hamets est très sévère, on fera attention de posséder une vaisselle propre à Pessa’h (comprenant assiettes, verres, fourchettes et aussi casseroles etc.). Bien-sûr, ce service ne sera jamais utilisé durant l’année. Et c’est uniquement dans le cas où on n’a vraiment pas le choix, qu’on pourra faire la cachérisation de la vaisselle de l’année pour l’utiliser à Pessa’h (grâce au trempage des ustensiles dans de l’eau bouillante, ce qu’on appelle hagala). Seulement, comme ces lois sont nombreuses, on devra demander l’aide d’un rav. Et dans tous les cas, on ne pourra PAS utiliser notre service de toute l’année, même à froid !

On recouvrira le plan de travail par un papier Alu ou PVC (car d’après le Rema, il faudrait passer une pierre brûlante sur la surface au moment où l’on verse l’eau bouillante. Aujourd’hui, comme on craint que le marbre ne se fende, il suffit d’ébouillanter le plan de travail puis de le recouvrir).

Dès le vendredi après-midi, on veillera à dresser une belle table (sans oublier les Hagadoth) afin de commencer au plus tôt le Séder (après la tombée de la nuit). Pour que les enfants ne s’endorment pas, on donnera des noix et autres friandises (Cacher le-Pessa’h) afin de les tenir éveillés (ceux qui sont arrivés à l’âge de la compréhension devront participer à toutes les Mitsvoth de la soirée). A table on préparera à chacun des convives (hommes et femmes/enfants) une coupe contenant le volume d’un Reviit (15cl d’après le Hazon Ich, 8,6ml d’après un 2ème avis). On fera attention de ne pas placer une trop grande coupe car à priori on doit boire tout le contenu du verre (à posteriori sa majorité ou Reviit). On boira le vin accoudé sur le côté gauche idem pour la Matsa. Dans le cas où l’on ne s’est pas accoudé, on devra recommencer. Par rapport à la Matsa, chacun doit manger au moins un kazait (le volume de 50 cc à peu près 27.5 grammes) de Matsa qui a été faite spécialement pour le Séder, la Matsa Chemoura (au nom de la Mitsva). On ne sera pas quitte avec de la Matsa courante de la semaine. (Il est souhaitable que le maître de maison prépare pour chacun de ses convives le volume de kazait) Et lorsqu’il distribuera les Matsoth il devra continuer à manger accoudé. Après le repas, avant le Birkat Hamazon, on fera attention de manger un kazait provenant de l’afikoman (la moitié de la Matsa cassée) avant le milieu de la nuit (en Erets Israël c’est vers 0h45).

Chabbath Chalom et ‘Hag saméa’h. Que l’on mérite de manger cette année l’agneau pascal à Jérusalem au Beth Hamikdach reconstruit.

 David Gold Soffer

La magnifique table du Chabbat souhaite de bonnes fêtes cachères et saméa’h à tous ses lecteurs et en particulier aux Rabanim, Avrékhim et Ba’houré Yechiva de la communauté et à tout le Clall Israël

Une grande bénédiction de santé et de réussites à Alain Melloul et à son épouse ainsi que toute sa descendance

Kol Touv !

 

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