Pierre Lurçat : la religion progressiste contre la Tora d’Israël (I)

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La religion progressiste contre la Torah d’Israël (I),
par Pierre Lurçat

Comme l’écrivait récemment Ariel Shenbal dans les colonnes de Makor Rishon, les manifestants qui défilent en Israël contre le gouvernement et contre les ‘Harédim sont pour la plupart des Juifs ‘hilonim (laïques), qui ont rejeté le “joug de la Tora et des mitsvoth”. Il n’est pas anodin qu’un des slogans qu’on retrouve dans les manifestations et sur les autocollants soit “Hofshi beArtsenou” (libre dans notre pays), deux mots tirés de l’hymne national d’Israël mais détournés de leur sens original. La Tikva parle en effet d’être “un peuple libre sur sa terre, la terre de Sion et de Jérusalem”, la liberté étant synonyme d’indépendance et non pas de rejet de la Tora.
Mais ces manifestants, observe Shenbal, ont en fait rejeté la Tora d’Israël pour adopter une nouvelle religion, celle du progressisme. “Il s’avère que cette nouvelle religion ressemble à toutes les autres”, poursuit-il. “Elle a ses rabbins (et même ses rabbanith), ses rituels et même ses punitions pour ceux qui prétendent quitter ses rangs”. L’observation est juste et elle rejoint le constat fait il y a déjà plus d’un siècle par un écrivain russe, qui remarquait que les Juifs communistes se comportaient avec un zèle religieux.
Si l’on développe la comparaison établie par Ariel Shenbal, on constate en effet que les manifestations à Tel-Aviv et ailleurs ont bien un caractère quasi-religieux, qu’on peut déceler notamment dans le caractère rituel des rendez-vous instaurés chaque samedi soir, boulevard Kaplan à Tel-Aviv ou près de la résidence du président à Jérusalem, rendez-vous auxquels les manifestants se rendent, portant leur drapeau et leurs pancartes, de manière régulière et quasi-religieuse, comme s’il s’agissait d’un commandement divin.
Parmi les autres rituels développés autour des manifestations, mentionnons les cris de “Boucha !” (Honte !) ou de “Demokratia !”, scandés et répétés avec une ferveur qui confine parfois à l’extase. Les rites “expiatoires” consistant à scander les noms d’hommes politiques particulièrement honnis, comme ceux de Yariv Levin ou de Sim’ha Rothman, comme s’il s’agissait non seulement de les vouer aux gémonies, mais de les “maudire” au nom de la religion progressiste.
Cette religion progressiste a aussi ses “livres sacrés”. J’ai pu ainsi consulter deux “Haggadoth” rédigées à l’occasion de Pessa’h, comportant un florilège de textes écrits par des écrivains, des militants et des dirigeants politiques. Ce qui caractérise ces Haggadoth, si l’on les compare aux “Haggadoth” israéliennes classiques utilisées jadis dans les kibboutzim, est le caractère à la fois “laïc” de leur inspiration et le zèle quasi-religieux qui les anime.
Mais ce ne sont là que les aspects les plus anodins – et inoffensifs – de cette religion progressiste. Comme toutes les religions, elle a aussi ses courants plus radicaux et sectaires. Ceux-ci prennent la forme, dans les manifestations anti-gouvernementales des derniers mois, de protestations plus extrêmes, dirigées contre les membres du gouvernement, leurs familles et leurs partisans, ou contre l’ensemble du public juif orthodoxe (comme ce couple agressé dans sa voiture).
Un exemple récent nous a été donné ce Chabbath par l’agression du député Sim’ha Rothman à New York par un groupe de manifestants israélo-américains, qui l’ont harcelé dans la rue, alors qu’il se promenait avec son épouse. Quand l’organisatrice de la manifestation a été interrogée à la radio israélienne pour expliquer la motivation de son agression, elle a dit tout simplement que c’était un “devoir de s’opposer à ceux qui transforment Israël en dictature”… Elle a même été jusqu’à porter plainte contre le député Rothman, accusé de s’être défendu contre ses agresseurs (plainte qui a été classée par la police de New-York).
Dans l’esprit des adeptes de la religion progressiste, il n’y a pas de place pour le moindre doute. Leur religion leur enjoint de combattre le gouvernement démocratiquement élu d’Israël par tous les moyens, y compris violents… Dans la suite de cet article, nous nous tenterons de comprendre qui sont les “prêtres” de cette religion progressiste en Israël. (à suivre)

7 Commentaires

  1. Continuez à soutenir les juifs messianiques et vous arriverez de nouveau en exil, dans des ghettos, shteitels et autres.
    Le seul salut du peuple juif est en s’accommodant au modernisme, à la laïcité. Preuve en est: sur 15 millions de juifs, seulement 10-15% sont des illuminés croyant encore à des conneries de reconstruction du troisième temple etc… et qui vivent encore comme dans la Galouth.
    Israël sans modernisme, sans laïcité cessera d’exister et nos »voisins » se feront un plaisir de nous envahir et de forcer ces illuminés de vivre en dhimmis et de continuer à croire au messie.

    • Nous ne savons pas exactement ce que le Maitre du monde nous réserve, mais Il sait ce qui doit nous arriver. Et nous nous plions devant Lui. Il nous a parlé d’un 3e Temple, nous nous réjouissons d’un tel avenir.
      Vous dites quoi ? Vous faites reposer vos propos sur quoi ?

      • Il n’est pas question de polémiquer. Chacun a droit de croire à sa façon. J’écris tous simplement de ce qui émane des statistiques : bien heureusement les illuminés sont des marginaux du peuple juif. Vivre tout le temps en pensant que la construction du troisième temple serait la solution, s’avère de tous les temps comme un leurre.
        85-90 % des juifs estiment que le judaïsme doit toujours se moderniser. La HALACHA n’est pas obligatoirement une marche à sens unique. La HALACHA peut-être aussi considéré comme progrès continu.

        • Attendez : personne, parmi nous, ne dit que la solution est la construction du 3e Temple, d’autant plus que l’avis de Rachi et des Tossafistes est qu’il doit venir du Ciel tout construit. Ce n’est donc pas à nous de le faire, et de toutes manières personne ne nous laissera le faire dans la situation actuelle, il s’agit donc tout simplement d’illusions et d’idées qui n’ont aucune base juive. Là, on est d’accord.
          Mais pour ce qui concerne la modernisation du Judaïsme, je ne comprends pas ce que vous voulez : ne suis-je pas en train de vous répondre sur internet, en écrivant grâce à mon clavier ? Qu’est-ce que voulez de plus ? Nous sommes parfaitement et totalement « modernisés », et vivons dans le 21e siècle sans aucune limite. Et la Halakha se modernise également : elle s’intéresse à internet et fixe des règles dans ce domaine aussi.
          S’il s’agit d’adapter la Halakha aux conditions modernes, là, en effet, vous n’y êtes pas : il n’y a pas plus de raison de la transformer que voici 2000 ans, face à la Grèce ou aux autres peuples, amenant chacun les choses qui chatouillaient la conscience humaine et incitait les hommes à plonger dans l’impureté que chaque culture tentait de nous proposer.

          • Mais enfin kevod ha rav qu’avez-vous besoin de vous justifier face à ce genre de laic extreme et provocateur. Tout ce que fait cette gauche indigne lui semble normal même les agressions physiques. L’essentiel étant de ne surtout pas être des Juifs fidèles à la tradition et de croire à leur nouvelle religion qu ils veulent nous imposer de force alors que jamais les religieux n’ont imposé leurs croyances à personne.

  2. Vous êtes Rav et vous avez l’art de la manière de répondre. Malicieusement.
    Mais pour moi c’est à côté de la plaque.
    Bien sûr vous utilisez ce qui vous semble bon et bien.
    Mais là n’est pas la panacée.
    Le fait que le pays se messianise, et le nombre de fanatiques qui grandit de génération à génération implosera la société israélienne.
    On deviendra des dhimmis en terre conquise par les arables
    Mauvaise prophétie mais hélas se profile.
    Shabbat Shalom

    • Ben oui, si tout ce que nous disons n’est que des c… comme vous écrivez avec tant de respect, comment pouvez-vous accepter ce que nous disons, puisque cela va contre votre compréhension profonde et justifiée.

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