Autour de la table de Chabbath, n°514 Toldoth
Le-‘ilouï nichmath Ya’akov Leib ben Avraham Natté nichmato tserora bitsror ha’haim.
Pour arriver au programme qui vaut sa vraie chandelle !
Notre paracha traite de la naissance de deux enfants qui vont changer la face du monde : Ya’akov et ‘Essav. Nous le savons, Yts’hak est le digne fils d’Avraham, c’est lui qui a été choisi par Hachem pour être son successeur (et non Yichma’ël) aussi bien au niveau matériel (l’héritage de la Terre sainte) qu’au niveau spirituel (le service Divin). A son tour, Yts’hak veillera à transmettre la tradition reçue de son père à ses propres enfants (Ya’akov et ‘Essav). Au départ ces deux garçons sont identiques au niveau de leur droiture et pureté. Ce n’est qu’à partir de l’âge de la Bar Mitsva que l’un poursuivra la route vers plus de spiritualité (Tora et Mitsvoth) tandis que le second développera toutes ses facultés vers le matériel. Yits’hak aime ses deux fils mais le verset témoigne qu’il a une préférence pour ‘Essav. Les commentateurs expliquent que Yits’hak voyait en lui ses grandes capacités et sa lutte qu’il devait faire pour dompter son mauvais penchant. Par ailleurs Yits’hak connaissait la droiture innée de Ya’akov et sa facilité à l’étude de la Tora. Donc, Yits’hak voyait dans son fils ‘Essav un grand challenge, celui de dompter son mauvais penchant comme lui-même l’avait fait toutes ses années (puisque notre saint Patriarche avait développé toute sa vie le service Divin (‘Avoda) sous le prisme de la crainte révérencielle (tiré du livre Or Guedaliahou, paracharh Toldoth).
Seulement la Tora orale (les Sages) ne laisse pas de doute sur la vraie personnalité d’Essav.
Le jour du décès de leur grand père (Avraham), ‘Essav revenait de chasse et était affamé (il n’avait pas réussi dans la besogne) tandis qu’il avait fait le même jour cinq grosses fautes (et je vous passe les détails sordides… Voir Targoum Yonathan et Rachi sur ch. 25, 29) tandis que Ya’akov, pour l’occasion (du décès), avait préparé un plat de lentilles pour consoler Yits’hak (seoudath Avraham des endeuillés de retour du cimetière). Ya’akov, connaissant la vraie nature de son frère aîné, lui proposa de vendre son droit d’aînesse contre ce plat. Or ‘Essav n’était pas un grand religieux ; il assimilait toutes les choses du service Divin comme autant d’embuches dans son parcours fulgurant vers la grande réussite (financière et politique) pour -à ses yeux- accéder à la félicité sur terre (ces deux conceptions antinomiques de philosophie de la vie ressemblent un tant soit peu à certains débats houleux qui se produisent de temps à autre à la Knesset de Jérusalem). En effet, une partie de cette vaste assemblée tend vers le libéralisme à outrance tandis que les partis religieux (Guimel et Chass) font tout pour que le pays garde son cachet juif. Par exemple ils luttent pour que les lignes de bus/trains ne fonctionnent pas le jour du Chabbath ou que les lois du mariage (mariages/divorces/conversions) restent du domaine de la Rabanouth et non des courants réformistes-étatiques qui veulent permettre toutes sortes d’unions : hommes-femmes / Femmes-femmes / hommes-hommes et pourquoi pas hommes-animal… qui sait ?). D’ailleurs à cette époque reculée, le service Divin passait par les aînés de la famille (et non les Cohanim) qui avaient l’honneur de pratiquer les sacrifices sur les autels familiaux.
Donc, pour ‘Essav, à quoi bon toutes ces nombreuses lois qui entravent la liberté primaire de l’homme ? A l’inverse, Ya’akov connaissait les valeurs des choses spirituelles : leurs profondeurs et leurs nécessités afin de faire tourner le monde d’une meilleure manière en adéquation avec le projet originel Divin. Donc Ya’akov lui demande de lui vendre son droit d’aînesse. ‘Essav accepte de plein gré. Mieux encore le Midrach enseigne qu’il est parti faire la fête –au village– en se moquant de la naïveté de son plus jeune frère qui a perdu son plat pour un droit qui n’avait aucune valeur à ses yeux.
Les années passèrent et, Yits’hak sentant ses jours s’approcher (vers la fin de sa vie), demanda à ‘Essav de lui préparer un repas avant de le bénir (ch.27,1). Rivka -la femme de Yits’hak- entendit ces paroles et dépêcha Ya’akvov d’apporter le plat favori de son père afin qu’il reçoive la Berakha de son père (et non ‘Essav). Ya’akov exécuta les paroles de sa mère et amena le plat à son père (à l’époque Yits’hak était non-voyant). Yits’hak bénit Ya’akov de toutes les bénédictions de la Tora puis vint ‘Essav avec le produit de sa chasse et s’aperçoit du stratagème : Ya’akov lui avait volé la bénédiction. Le verset (27.33) édicte : « Et ‘Essav cria un grand cri plein d’amertume (en comprenant ce qui c’était passé). Et dit « Cela fait deux fois que mon frère me trompe. Viendra le jour où je le tuerai ».
Le Steipler zatsal (père du rav ‘Haim Kanievski zatsal), dans son livre Birkath Pérets, explique que toute cette histoire fait allusion au cheminement sinueux de certaines personnes (Recha’ïm si vous m’avez bien suivi)… Au départ ils sont prêts à sacrifier toute leur spiritualité/droiture/famille pour une poignée de dollars car cela leur semble être un jeu qui vaut la chandelle (dans leur manière erronée d’appréhender la vie). Puis après quelques années, la joie s’estompe (car tous les succès matériels ne sont pas ad-vitam aeternam… n’est-ce pas ?) et se rendent compte de l’impasse dans laquelle ils sont tombés. Alors bonjour les dégâts ! Or nous connaissons la Michna dans Pirké Avoth (ch.3,20) (traduction approximative) : le magasin est ouvert, la caisse enregistreuse marche à merveille (qui passe au crible tous les articles du client qui a la boulimie des achats en tous genres), tout est comptabilisé et à la fin il faut payer l’addition, qui est très salée. Et même ‘Essav, qui n’était pas connu comme un grand religieux, avait compris qu’au final il avait raté un grand coche dans sa vie (en dehors de ce qui lui attend au Monde futur : le feu des enfers et je vous en passe des meilleurs…).
Un autre phénomène développé dans nos Sefarim saints est de comprendre comment Ya’akov Avinou, pilier de la droiture de la Tora, ait pu rouler par deux fois ‘Essav.
La réponse est qu’Essav n’avait aucune considération des choses saintes donc la vente était bien fictive. Et lorsque Ya’akov prend subtilement la bénédiction paternelle c’est qu’il rectifie une injustice. ‘Essav est aux antipodes de l’éthique : il ne lui revient pas le droit de recevoir la Berakha paternelle. Lorsque nous avons à faire à des gens doubles, la juste démarche est de faire triompher le droit et la vérité.
On voit ce même phénomène dans les lois du Lachon hara’ (garder sa parole). Le ‘Hafets ‘Haïm écrit à maintes reprises (début de son livre Hilkhoth Lachon Hara’) que l’interdit de diffuser de mauvaises paroles sur son ami ce n’est pas uniquement de dire des balivernes qui n’ont jamais existées (Motsi chem ra’) mais c’est AUSSI prononcer des paroles vraies qui viennent le rabaisser. Par exemple dire sur sa nouvelle connaissance Mickael dans une conversation futile avec un ami qu’il n’est vraiment pas un génie dans les affaires ou que c’est un pingre pour toutes les choses qui concernent l’aide aux institutions de Tora (etc.) c’est du Lachon hara’ en bonne et due forme, interdit par la Tora. (Le cas serait différent si c’est, par exemple, un entrepreneur qui vient s’enquérir si Mickael est apte à tel poste de travail… il faudra lui répondre précisément avec l’intention d’aider ce patron dans la recherche d’un bon collaborateur).
En un mot, la vérité que l’on doit s’efforcer de développer dans nos rapports avec les hommes est de faire triompher le bien et la justice suivant ce que Hachem attend de nous (Voir rav Dessler Livre 1 p. 94).
Vaste programme qui vaut, cette fois, vraiment sa chandelle !
La grosse voiture américaine qui attend toujours son propriétaire
Cette semaine on relatera l’histoire véridique de deux frères au sortir de la guerre. Il s’agit en premier d’un jeune qui est à peine âgé de la vingtaine lorsqu’il trouve un havre de paix en Israël après les années de tourmentes de la dernière guerre. Après avoir subi les supplices de la nation la plus cultivée d’Europe (l’Allemagne), à sa libération il sera transféré en Israël. Chaoul était grand et tout maigre à sa sortie des camps polonais et à peine avait-il commencé à panser ses plaies physiques qu’il désirait à tout prix monter en Erets. Depuis toujours il avait ce rêve en tête. A l’époque, un grand nombre de réfugiés s’y retrouvèrent après avoir vécu les années terribles. Chaoul y arriva lui aussi et se retrouva dans un camp de réfugiés où il partagea le sort d’autres centaines de jeunes qui essayaient tant bien que mal de reprendre une vie normale, un travail, et de rebâtir une vie équilibrée. Chaoul travaillait la journée et le soir passait son temps avec d’autres camarades d’infortune à déambuler dans les lieux publics où étaient affichées les listes des rescapés se trouvant en Erets et partout dans le monde. Chaoul était très pessimiste car il était le plus âgé parmi les frères et, de plus, avait entendu des témoignages terrifiants sur la fin de ses parents. Il était sûr que ses autres frères et sœurs avaient suivi le même cheminement : disparaître dans les crématoires d’Auschwitz ! Malgré tout, il inspectait ces longues listes accrochées aux murs au cas où. Un jour, alors qu’il avait une nouvelle fois vérifié la liste, d’un coup il vit un nom qui lui sauta à l’œil. Il cligna des yeux et vit un nom qui lui était familier : ‘Haïm ! D’après les indications figurant sur la liste il s’agissait de son plus jeune frère qui était rescapé. Est-ce possible qu’il soit en vie, alors qu’il avait 11 ans lors de l’assaut des nazis en Pologne ? Chaoul se dit qu’il fallait vérifier l’identité de ce ‘Haïm. Effectivement, une semaine après Chaoul fit ses retrouvailles avec son plus jeune frère et l’hébergea chez lui dans son minuscule appartement. Or ‘Haïm avait été encore plus touché par tous les affres. Son jeune frère avait de nombreuses blessures et souffrait du manque de nutrition. Chaoul se sentit responsable de la bonne santé de son jeune frère, le prit sous sa garde et fit tout pour guérir ses blessures et lui redonner de l’embonpoint. Le temps passa et finalement ‘Haïm se relèvera de toutes les difficultés ; il reprit une vie normale en Israël. Une fois, alors que les deux frères se promenaient dans une rue, Chaoul confiera à son jeune frère : « Tu vois cette voiture, bientôt je l’achèterai ! » A l’époque du début des années 50, posséder une voiture était rarissime. Or ‘Haïm savait que Chaoul caressait ce rêve depuis toujours, déjà en Pologne de l’avant-guerre il désirait une voiture… Aujourd’hui, 20 ans après, ce rêve était du domaine du possible bien que très difficile à réaliser. ‘Haïm avait compris qu’il ne pouvait pas freiner l’envie de son grand frère mais lui n’avait pas les mêmes aspirations. Il voulait suivre le chemin tracé de ses parents, celui d’un judaïsme authentique et fier. De plus il se disait : « Est-ce vraiment pour cette raison que Hachem nous a fait sortir de l’enfer des camps pour qu’on passe son temps à rêver de grosses voitures » ? Chaoul ne faisait pas cas de la réaction de son petit frère : pour lui les choses étaient très claires, il allait acquérir une voiture, c’était uniquement une question de temps. Les années passèrent, les deux frères fondèrent leur foyer. ‘Haïm bâtit sa famille sur le respect scrupuleux de la Tora et des Mitsvoth, tandis que Chaoul gardait la Tora de loin ; seulement son style ne ressemblait pas à celui de son jeune frère, il était plus ouvert au monde extérieur et au Way of life israélien de l’époque. A chaque fois que les deux frères se rencontraient, ‘Haïm demandait à son frère plus âgé : « Quand viendras-tu participer aux cours de Tora à la synagogue» ? La réponse de Chaoul était du genre : « Lorsque j’arriverai à la consécration de mon rêve, (ma voiture). En attendant je n’ai pas le temps ! Je suis au travail du matin au soir pour satisfaire les besoins du foyer ». Sa réponse agaçait son jeune frère car comment pouvait-il mettre la voiture en haut de la pyramide des priorités de la vie, au-dessus de la Tora ? Un jour Chaoul appela ‘Haïm à vite venir le voir. Ce jour Chaoul était rayonnant car il venait de recevoir sa première voiture flambant neuve. A l’époque c’était particulièrement rare. ‘Haïm était content malgré tout de savoir que son frère allait consacrer son temps dorénavant à la Tora. Or, quelle ne fut pas sa surprise lorsque ‘Haïm lui dit qu’il devait encore beaucoup travailler pour assurer les frais de l’entretien de la voiture et qu’il n’avait toujours pas le temps… Mais un jour viendra… Les mois passèrent et la joie de Chaoul déclina (comme toutes les joies de ce monde). ‘Haïm lui demanda alors : « Que fais-tu pour ton âme juive ? » La réponse de Chaoul était évasive. Les années passèrent, la situation économique de Chaoul s’était largement améliorée : il faisait partie de la classe des riches du pays, seulement au niveau spirituel les choses n’avaient pas bougé. Les années aidant, Chaoul semblait être très fatigué de toutes ces années harassantes de travail, les deux frères échangèrent leurs opinions. ‘Haïm demanda une énième fois : « Maintenant que tu as pris ta retraite, tu as le temps de venir prendre des cours de Tora ! » Chaoul répondit : « Oui, certainement mais je dois recevoir tout prochainement une magnifique « américaine » dernier cri, et cela je ne peux pas la rater pour tout l’or du monde ! Ce sera la consécration de ma réussite ! Seulement après j’aurais le temps de venir au Beth Hamidrach… ». Et effectivement la splendide voiture arrivera dans la ville de Chaoul le vendredi, juste avant Chabbath… Chaoul avait atteint sa consécration : tout le monde le regardait avec envie ! Chaoul tenait les clefs de son acquisition avec fierté, c’est uniquement le dimanche suivant qu’il devait présenter sa nouvelle acquisition à son jeune frère aimé… Or Chaoul ne montrera jamais sa splendide voiture à sa famille… Durant le Chabbath il sera terrassé par une attaque cardiaque et le dimanche qui suivit l’acquisition de sa vie, Chaoul sera accompagné par son frère et sa famille vers sa (vraie) demeure : un mètre sous terre ! Tandis que la magnifique Cadillac restera désespérément seule sur le parking de sa maison… Fin de l’histoire très réelle pour nous apprendre que les plaisirs de ce monde ne remplissent pas l’âme d’un homme! Comme nous l’enseignent les Sages, ce monde ressemble à un homme qui a soif et boit de l’eau salée plus il en boit, plus la soif est forte…
Chabbath Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut.
David Gold
Tél:00 972 55 677 87 47
E-mail : dbgo36@gmail.com
Une bénédiction de réussite à mon Roch Collel le rav Eliahou Ullman chlita dans son développement de son Collel à Elad (pour tout soutien : 039370389 ou 0533189595).
Une berakha à notre cher lecteur Gérard Cohen et à son épouse pour une bonne santé, la parnassa et le na’hat des enfants.
Et toujours pour celui qui veut passer d’agréables moments/Chabatoth pas loin de Tibériade une belle villa est à la disposition du public, prendre contact suivant l’adresse mail.




























