Pourquoi le Hamas durcit-il sa position dans les négociations ?

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Le rôle obscur de l’Iran dans l’impasse des négociations de Gaza
Alors que la guerre entre Israël et le Hamas s’enlise, les efforts diplomatiques pour un cessez-le-feu à Gaza, menés à Doha sous l’égide du Qatar et des États-Unis, se heurtent à un obstacle majeur : l’influence croissante de l’Iran. Selon plusieurs sources diplomatiques américaines et du Golfe, Téhéran s’emploie activement à perturber les pourparlers, poussant le Hamas à adopter des positions intransigeantes et à rejeter les compromis pourtant proches d’aboutir.

Mercredi dernier, alors que les négociateurs étaient sur le point de finaliser une trêve, les représentants du Hamas ont brusquement changé de ton, exigeant un retrait immédiat d’Israël aux lignes d’avant mars et une évacuation complète de Gaza d’ici la fin du cessez-le-feu. Un volte-face jugé surprenant, d’autant que des cartes de retrait révisées avaient été initialement bien accueillies. Le diplomate américain Steve Witkoff s’apprêtait même à se rendre à Doha pour entériner l’accord. Cette soudaine inflexion, selon les diplomates, est directement liée à des pressions exercées par Téhéran.

 

En effet, les chefs des Gardiens de la révolution iraniens, notamment Ismaïl Qaani, ont multiplié les communications avec les cadres du Hamas – Zahar Jabarin, Nizar Awadallah et Khalil al-Hayya – pour les dissuader d’accepter un accord soutenu par les États-Unis. Ce dernier, pourtant favorable à une pause dans les hostilités, a été contraint d’adopter une ligne plus dure sous l’impulsion iranienne. Les médiateurs qataris, eux-mêmes pris de court, ont relayé les nouvelles exigences du Hamas sans explication claire.

La stratégie iranienne : multiplier les fronts

 

L’Iran, affaibli par ses récents revers lors de l’opération israélienne « Am kelavi », semble avoir changé de tactique. Plutôt que de se confronter à Israël directement, Téhéran mise désormais sur l’activation de ses relais dans la région pour maintenir une instabilité chronique. Outre son rôle dans l’impasse de Doha, il s’emploie à saboter les négociations israélo-syriennes et à empêcher l’adhésion de l’Arabie saoudite aux accords d’Abraham.

Les autorités iraniennes menacent également le président syrien Ahmed al-Sharaa – aussi connu sous le nom d’Abou Mohammed al-Joulani – d’un embrasement intérieur, attisant les tensions ethniques et sectaires dans des régions sensibles comme Soueïda. L’objectif : détourner Damas d’un rapprochement avec Israël et affaiblir ses engagements vis-à-vis des États-Unis.

Au Liban, les efforts iraniens pour renforcer le Hezbollah par un réarmement intensif sont partiellement contrecarrés. Pour la première fois, les gouvernements syrien et libanais résistent à ces tentatives. La situation demeure néanmoins fragile, et chaque avancée diplomatique reste sous la menace d’une provocation ou d’un sabotage.

 

Riyad sur la ligne de crête
L’Arabie saoudite, quant à elle, joue un rôle de plus en plus central dans la dynamique régionale. Sa coopération sécuritaire avec les États-Unis et Israël s’est intensifiée, notamment lors de la guerre où son aviation aurait intercepté des drones iraniens au-dessus de l’Irak et de la Jordanie. L’absence de démenti officiel à ce sujet confirme son implication active dans la coalition régionale dirigée par Washington.

Cependant, Riyad marche sur une ligne étroite. La protection de ses installations stratégiques face aux menaces iraniennes demeure une priorité. En parallèle, elle poursuit prudemment ses engagements économiques et diplomatiques avec Israël. La normalisation, bien que ralentie par la guerre, n’a pas été abandonnée. Elle reste suspendue à la résolution du conflit à Gaza.

 

Gaza, toujours au cœur du blocage
Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, les discussions entre Israël et l’Arabie saoudite ont été gelées. Ces négociations prévoyaient des avancées significatives : ouverture d’un bureau économique israélien à Djeddah, facilitation de visas et coopération économique renforcée. Le conflit a mis un terme à cette dynamique, même si les contacts diplomatiques ont perduré de manière discrète.

Les discussions actuelles à Doha visent à obtenir un cessez-le-feu d’au moins 60 jours. Le Hamas semble désormais ouvert à cette proposition, à condition d’obtenir des garanties américaines. Mais selon les sources israéliennes, ce répit n’est qu’une étape. L’objectif final reste la libération de tous les otages, la démilitarisation de la bande de Gaza et l’éviction du Hamas du pouvoir.

L’ambassadeur saoudien à l’Autorité palestinienne a terminé son mandat sans être remplacé, un signal que Riyad ne souhaite pas précipiter les choses. L’Arabie saoudite semble privilégier une approche stratégique, où la stabilité régionale passe avant toute reconnaissance officielle. Dans ce contexte, la capacité d’Israël à rester aligné avec les États-Unis tout en préservant ses intérêts militaires et diplomatiques demeure cruciale.

Le chemin vers la paix au Moyen-Orient passe ainsi par un triple défi : contenir l’influence iranienne, stabiliser la situation à Gaza, et relancer le processus de normalisation, un processus que l’Iran s’emploie à ralentir par tous les moyens.

 

Jforum.fr

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