« Construisez donc des villes pour vos familles. » (Bamidbar 32,24)
En période de crise, lorsque les hommes se font du souci pour leur subsistance, le Yétser hara4 (mauvais penchant) incite l’homme à chercher des moyens de réduire les dépenses nécessaires à l’éducation des enfants, en effectuant des coupes dans les sommes dépensées pour l’éducation, en évitant par exemple de les envoyer dans de bons établissements axés sur une éducation toranique, etc.
Dans ces moments-là, il convient de se renforcer dans notre Émouna : D’ envoie de l’argent aux parents en fonction des besoins de chaque enfant, comme nos Sages l’ont affirmé (Nida 31b) : « Chaque enfant apporte sa subsistance à sa naissance. »
Le Midrach (Tan’houm Tazria 6) relate à ce sujet l’histoire d’un Cohen qui était consulté par des hommes qui souffraient de plaies lépreuses, pour trancher leur statut de pureté. Vers la fin de sa vie, il devint pauvre, et voulut partir seul à l’étranger dans le but de travailler pour subvenir à ses besoins. Il pensa laisser un remplaçant pour les hommes atteints de Métsora (lèpre) qui venaient le consulter : il enseigna à sa femme les lois relatives aux plaies du Métsora, et lui expliqua entre autres que dans chaque poil du corps, Hachem avait créé une petite cavité qui sustentait le poil. Or, si le poil était sec et décoloré, cela signifiait que sa source d’approvisionnement s’était tarie en raison de la plaie. Elle lui répondit alors : « Si pour chaque poil, D’ a créé une source indépendante à partir de laquelle il s’abreuve, il va de soi que ce principe s’applique aux hommes, et dans ce cas, tu dois avoir confiance en D’ Qui mettra à ta disposition une source de subsistance pour chacun des enfants à ta charge… »
Il est rapporté dans le Séfer ‘Hassidim l’histoire d’un homme qui avait déjà un fils et une fille, et ne souhaitait plus d’enfants, ne sachant comment subvenir à leurs besoins. Le Sage lui répondit : tout comme il constate que D’ envoie à la mère du lait pour chaque enfant afin d’allaiter le nourrisson dès sa naissance, il faut savoir que D’ envoie au père une subsistance pour chaque enfant au fil des années.
Si tel est le cas pour les dépenses matérielles liées au développement physique de l’enfant, à plus forte raison D’ couvre-t-Il toutes les dépenses liées aux besoins spirituelles de l’enfant, du fait que l’âme, si l’on peut dire, appartient uniquement à D’, comme l’ont affirmé nos Sages (Nida 31a) : trois partenaires sont nécessaires à la formation d’un être humain : D’, son père et sa mère ; le corps est formé à partir des parents, tandis que D’ lui donne son âme.
Nos Sages ont dit (Bétsa 16a) : « Tous les revenus de l’homme sont fixés à Roch Hachana, en-dehors des dépenses de Chabbath et de fête et des frais de scolarité pour les enfants étudiant la Tora : s’il réduit ces dépenses, on lui réduit ses revenus et si ces dépenses augmentent, il obtient un supplément de revenus. »
À chaque Roch Hachana, une somme d’argent est allouée à l’homme qu’il obtiendra pendant toute l’année suivante, qu’il pourra dépenser pour subvenir à ses besoins matériels et à ceux de sa famille. Pour certains, il a été fixé du Ciel qu’il recevra de quoi couvrir ses dépenses avec largesse, tandis qu’il a été fixé qu’un autre vivrait dans l’étroitesse et finirait l’année dans les dettes. De ce fait, lorsque l’homme constate que ses revenus sont inférieurs à la moyenne, il doit veiller à réduire ses dépenses et à renoncer à certains achats, du fait que D’ a décidé que sa subsistance ne serait pas abondante, et c’est également dans son intérêt.
Mais lorsqu’il est question de nourriture spirituelle, comme les frais de scolarité pour les enfants étudiant la Tora, même si la Parnassa de l’homme n’est pas abondante, il convient néanmoins d’investir des fonds pour offrir une bonne éducation en Tora aux enfants, en les envoyant dans une excellente école de Tora, voire en louant les services d’un enseignant privé en cas de besoin, sachant que ces frais lui seront remboursés du Ciel. Même s’il finit l’année en déficit, il doit savoir que c’est ce qui a été décrété à son égard à Roch Hachana, et s’il n’avait pas dépensé cet argent pour l’éducation, il aurait perdu cet argent par d’autres moyens.
À ce sujet, l’Admour de Gour, le Pené Mena’hem, relate que dans son enfance, lorsqu’il se rendit pour la première fois au Talmud Tora, son père, le Imré Emeth, lui confia une somme d’argent pour l’enseignant, mais celui-ci répondit qu’il voulait enseigner gratuitement au fils du rabbi pour lui économiser de l’argent. Le rabbi de Gour répondit à l’enseignant qu’il ne lui manquerait rien en payant ces frais, du fait de l’affirmation de nos Sages : si l’on dépense davantage pour les frais d’éducation en Tora, on obtient plus de revenus, et de ce fait, c’est une situation où l’on profite sans que l’autre ne soit perdant : il était donc tenu d’accepter cet argent.
Nous avons constaté chez nos ancêtres depuis des milliers d’années, que même lorsqu’ils vivaient dans une grande pauvreté, ils n’économisèrent pas pour les frais pédagogiques de leurs enfants, afin de leur offrir une éducation de qualité. Lorsque mon père et maître arriva à New York en 1948, ses revenus étaient très limités, et malgré tout, il fit l’effort de payer tous les jours un transport qui m’envoyait dans le quartier de Crown Heights pour y étudier dans le Talmud Tora des Loubavitch, du fait de l’absence dans notre quartier, d’établissement de Tora et de ‘Hassidout.
C’est la teneur du discours de Moché Rabbénou adressé aux tribus, qui projetaient de reporter la construction d’établissements de Tora jusqu’à ce qu’ils aient de l’argent à cet effet. «Construisez donc des villes pour vos familles» : pour votre bénéfice et votre intérêt, construisez rapidement, pour vos enfants, des institutions de Tora, à l’exemple de villes dotées de tout le nécessaire, et ne vous suffisez pas d’établissements incomplets, comme dans les villages. En effet, il convient de dépenser l’argent nécessaire à l’éducation des enfants dans sa totalité, du fait que cet argent nous est remboursé du Ciel.
Chabbath Chalom !