Quand le corps entre dans l’alliance

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Depuis que ce principe a été révélé à Abraham dans la Genèse, puis établi comme commandement dans notre paracha, il s’impose presque naturellement : à peine un garçon nait dans une famille juive, les réjouissances s’organisent, et, le huitième jour, la circoncision est accomplie, comme une évidence.
Mais pourquoi précisément ce jour-là ? Pourquoi ce rite si fort, qui introduit l’enfant dans l’alliance avec le Créateur, doit-il avoir lieu huit jours après la naissance ? Pourquoi pas plus tôt, ou plus tard ?
La réponse que livrent nos sages dans le Talmud (Nidda 31b) surprend par sa profondeur inattendue. Elle semble d’abord déconnectée du sujet, mais révèle une sensibilité remarquable.
La Tora fixe ce délai pour permettre aux parents d’être pleinement dans la joie : « Afin que tous soient dans l’allégresse, et non que les autres se réjouissent alors que le père et la mère seraient dans la tristesse. »
Cette logique s’enracine dans les lois de pureté familiale. Lorsqu’une femme accouche, elle devient Nidda, ce qui interdit toute proximité physique avec son époux. Aujourd’hui, ce retour à l’intimité prend du temps : il faut attendre l’arrêt complet des saignements, compter les jours requis, puis se tremper au mikvé. À l’origine, le processus était plus direct : au bout de sept jours, même si les pertes continuaient, la femme se rendait au bain rituel, et le couple pouvait se retrouver.
Le message est fort : bien que la circoncision puisse sembler incarner une mise à distance du plaisir charnel, elle n’est accomplie que lorsque les époux peuvent renouer leur intimité. L’alliance se scelle au cœur d’une relation restaurée, non dans l’abstinence mais dans la réconciliation du corps et du sacré.
Ce thème résonne particulièrement en cette période entre Pessa’h et Chavou’oth. À Pessa’h, nous nous sommes éloignés de toute forme de levain, ne consommant que le pain simple, la matsa. Et pourtant, à Chavou’oth, jour du don de la Tora, une exception spectaculaire vient renverser cette rigueur : alors qu’il est interdit d’apporter du pain levé en offrande tout au long de l’année, ce jour-là, deux pains fermentés sont offerts au Temple.
À travers cette tension apparente, la Tora nous enseigne une sagesse essentielle. Là où l’on pourrait croire que la sainteté impose un retrait du monde matériel, elle révèle au contraire une voie d’élévation. La matière, loin d’être un obstacle, devient un support du sacré. Il ne s’agit pas de fuir le monde, mais de le sanctifier.

Que cette lecture vous accompagne et vous inspire dans la préparation intérieure vers Chavou’oth.

Chabbat ChalomAkiva Zyzek – Illustration : Yeshiva Beth Yossef

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