Quand le mal s’invite, que fais-tu ?

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Notre paracha aborde de nombreux sujets, parmi lesquels on retrouve celui de la femme Sota et celui du Nazir. Deux thèmes qui se suivent, mais qui semblent à première vue totalement indépendants l’un de l’autre.

Notre illustration : rabbi David Hacohen, de Jérusalem – nazir

Rappelons que la femme sota est une femme mariée qui s’est isolée avec un homme, enfreignant ainsi les recommandations de son mari. Si elle nie avoir commis un adultère lors de cet isolement, elle sera amenée au Beth Hamikdach où on lui fera boire une potion d’eau spéciale qui déterminera son innocence ou sa culpabilité. Au cours de cette cérémonie, elle subira une humiliation publique.

Quant au Nazir, il s’agit d’une personne qui a fait un vœu de nézirouth, c’est-à-dire qu’il lui est interdit de boire du vin, de manger du raisin, de se rendre impur au contact d’un mort, et de se couper les cheveux.

La Guemara (Nazir 2b) demande : « Pourquoi la section de la Tora concernant les lois du Nazir a-t-elle été juxtaposée à celle concernant les lois de la Sota ? » Elle répond : « Pour te dire que quiconque voit une Sota dans son humiliation devra se priver de vin. »

Le « Darkeï Moussar » rapporte au nom du Saba de Kelm qui explique : Quel rapport ? Pourquoi devrait-il se priver de vin ? Il n’a rien fait, il a juste été témoin ! Nos Sages nous enseignent que ce n’est pas un hasard si l’on voit ou est témoin d’une scène. Cette vision n’est pas une coïncidence, mais un message divin. Il faut l’interpréter et agir en conséquence.

Dans le cas de la femme sota, celui qui assiste à cette triste scène doit se dire que c’est le vin qui a provoqué un relâchement de sa moralité. Il doit donc s’imposer une barrière pour se préserver, ne jamais arriver à une telle situation et ne pas tomber.

Chacun de nous doit prendre conscience, lorsqu’il assiste à certaines scènes, du message que D. lui adresse. Il aura à cœur de prendre des mesures pour éviter de chuter lui aussi. Ce comportement concerne tout un chacun, du plus simple au plus grand des rabbins.

En effet, cela ressemble à une mauvaise graine semée dans notre champ : si on ne réagit pas à temps, elle envahira peu à peu tout le terrain.

On raconte qu’un jeune homme est venu voir le Steipeler pour lui parler d’un problème qui le préoccupait. Il raconta au rav qu’il n’arrivait plus à étudier depuis qu’il avait appris qu’un vol avait été commis à la Yechiva. Il n’arrivait pas à comprendre comment des garçons qui étudient la Tora pouvaient voler.

À peine avait-il fini de parler que le rav se leva subitement, se mit à arpenter la pièce, le visage contrarié, et demanda au jeune homme de sortir immédiatement. Une fois son visiteur parti, le rav ne cessa de tourner dans la pièce.

Inquiète, la rabanit lui demanda ce qui se passait, et le rav lui expliqua ce qu’il avait entendu. Elle ne comprenait pas sa réaction, alors il lui dit que si une telle histoire était arrivée à ses oreilles, cela signifiait qu’il avait un rapport avec cette histoire.

Par réaction, le rav s’enferma un mois entier pour étudier les lois concernant le vol, afin de ne pas trébucher lui aussi dans cette faute.

Si le Steipeler a réagi aussi fortement à une simple nouvelle de vol, que dire de nous aujourd’hui, bombardés en permanence par un flot incessant d’informations, souvent négatives, via les réseaux sociaux, les notifications sur smartphone, les médias en continu ?

Nous vivons dans une époque où les mauvaises nouvelles nous parviennent sans filtre ni répit. C’est comme si nous étions branchés à une perfusion constante de mauvais exemples, de violence, de malhonnêteté, qui s’infiltrent partout, sans que nous ayons vraiment le contrôle. Cette surabondance d’informations toxiques agit sur notre esprit, notre moral, et peut insidieusement affaiblir nos valeurs et nos barrières intérieures.

C’est là tout le danger : nous sommes exposés sans défense, sans pause, sans limite claire. La facilité d’accès à ces contenus et leur omniprésence rendent difficile la prise de recul nécessaire pour se protéger et ne pas être contaminé.

Alors, comment s’en sortir ?

Le message de la Sota nous éclaire : il faut poser des limites nettes, se fixer des barrières personnelles pour ne pas sombrer. Cela peut être de limiter son temps passé sur les réseaux, choisir avec soin les sources d’information, s’accorder des pauses régulières pour se ressourcer loin de ce flot toxique.

Mais surtout, il s’agit d’être actif et vigilant, comme le Steipeler, qui, au lieu de se laisser envahir par la tristesse ou la colère, a pris une décision concrète : étudier, renforcer sa connaissance et sa conscience pour ne pas tomber.

Au final, face à ce flot incessant de mauvaises nouvelles et d’influences néfastes, la véritable protection, la seule qui ne faillit jamais, c’est l’étude de la Tora. Elle est notre bouclier, notre ancre, et surtout, l’élixir de vie qui purifie, élève et fortifie notre âme.

Plus que jamais, il nous revient d’y puiser force et sagesse, de nous y attacher sans relâche, pour ne pas être emportés par le courant. Car c’est dans cette relation vivante et sincère avec la Torah que nous trouverons la paix, la clarté et la résistance nécessaires pour affronter les défis d’aujourd’hui.

Ne nous contentons pas de la voir ou d’en entendre parler, vivons-la pleinement, jour après jour, comme notre meilleur rempart et notre source inépuisable de bénédictions. 

Chabbath Chalom !

Mordekhaï Bismut

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