ALEH, à Bené Brak, accueille 300 enfants et jeunes adultes gravement handicapés : il a été ravagé et le personnel fait son maximum pour rouvrir au plus vite
Lundi matin à l’aube, un missile iranien s’est abattu sur une école religieuse pour filles à Bené Brak tout en causant d’importants dégâts au centre de rééducation voisin – ALEH, un lieu unique pour près de 300 enfants et jeunes adultes souffrant de handicaps intellectuels et physiques.
Par miracle, aucun patient ou membre du personnel n’était présent lorsque le missile s’est écrasé. Mais les destructions occasionnées ont fait plus que réduire les bâtiments à l’état de ruines – elles désorganisent les soins quotidiens des Israéliens parmi les plus vulnérables.
Le missile qui s’est écrasé là faisait partie d’une salve nocturne contre le centre et le nord d’Israël, qui a tué huit personnes : une à Bené Brak, quatre à Petah Tikva et trois à Haïfa.
Fondée en 1982 par le rav Yehouda Mamorstein, ALEH est aujourd’hui à la tête d’un réseau national qui prend en charge près de 1 000 patients. Son établissement de Bené Brak disposait d’une gamme d’équipements spécialisés : une base de données numérique pour les repas, les médicaments et l’état émotionnel de chaque enfant ; des installations sensorielles apaisantes comme des écrans lumineux LED et des systèmes de sonorisation ; et même une thérapie par lit d’eau pour simuler la natation pour les enfants incapables d’aller dans l’eau.
Comme l’explique Yechiel Yoskovich, responsable des opérations de nettoyage, de sécurité et de sûreté, la véritable force d’ALEH réside dans son personnel.
« Un enfant comme celui-ci mérite ce qu’il y a de mieux… Quand un enfant sait qu’il est aimé, cela se voit dans ses yeux, même s’il ne peut pas parler ou bouger », explique-t-il.
Aujourd’hui, avec un centre inutilisable, ces enfants n’ont plus de refuge.
Les dégâts sont considérables : le plafond de verre destiné à baigner le bâtiment de lumière naturelle a explosé et git au sol, en mille éclats. Des conduites éventrées ont inondé des parties entières du bâtiment. L’électricité est coupée, sauf à l’entrée principale. Et presque tout l’équipement médical du centre – qui faisait autrefois partie intégrante des soins quotidiens – a été détruit.
Selon les premières estimations, les dégâts s’élèvent entre 18 et 30 millions de shekels, sans doute plus à mesure que l’ampleur de ces dégâts sera connue.
Selon Yoskovich, cela aurait pu être bien pire. Quelques jours avant les tirs de missiles, le personnel avait envisagé de transférer les patients d’un autre établissement vers le site de Bené Brak en raison de la présence de nombreux abris anti-aériens. Le projet n’a pas vu le jour – ce qui a probablement sauvé des vies, car l’installation était vide au moment de l’impact.
Les patients n’ont pas d’autre choix que de rester dans leur famille, dont beaucoup n’ont pas les ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins. ALEH a mobilisé ses bénévoles pour malgré tout leur fournir des services essentiels – alimentation, bain et physiothérapie.
« Je suis de tout cœur avec les familles… Que feront-elles demain ? Où iront-elles ? questionne Mamorstein.
L’idée du centre a germé en lui il y a de cela des décennies, à une époque où, en Israël, les enfants handicapés étaient souvent cachés, placés en institution ou envoyés à l’étranger.
Une pièce détruite de l’établissement d’ALEH à Bené Brak, autrefois utilisée pour s’occuper de nourrissons ayant des besoins spéciaux, à la suite d’une attaque de missiles meurtrière en provenance d’Iran, le 17 juin 2025. (Crédit : Stav Levaton/Times of Israel)
« Les gens essayaient de cacher les personnes handicapées – elles ne voulaient pas en parler », se souvient-il. « Cette question m’a ému. C’est ce qui m’a décidé à m’occuper du sujet. »
Sous la direction de Mamorstein, ALEH s’est développé non seulement en termes de portée, mais aussi de plaidoyer.
Rav Mamorstein rappelle qu’il y a de cela environ 20 ans, il a contribué à l’adoption d’une loi reconnaissant les enfants ayant des besoins spéciaux dès la naissance, ce qui permet désormais aux familles d’obtenir des aides publiques dès le premier jour. Il continue d’agir pour faire adopter des lois qui protègent et améliorent la vie des handicapés en Israël.
« Ces enfants sont aussi des personnes. Ils ont des droits… Il ne s’agit pas seulement de patients, il s’agit aussi de familles », souligne-t-il.
Même si ALEH a gagné en importance – notamment avec un très grand campus à Ramle, pour les patients âgés – elle doit recommencer à zéro et en pleine guerre.
Au milieu des décombres, la détermination de Mamorstein est intacte. Il se tourne maintenant vers la communauté juive pour obtenir de l’aide.
« Mon espoir maintenant est que le peuple juif, que ce soit en Israël ou dans la diaspora, nous aide à nous renforcer », conclut-il. « C’est un incident monumental derrière lequel le peuple juif devrait s’unir. Ça ne m’intéresse pas de savoir pour qui ils votent… La vraie question est : comment aider ces enfants ? »