Quel sera le prix à payer pour la libération d’Idan Alexander ?

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Pour le Dr Ya’akov Halabi, spécialiste des relations américano-moyen-orientales, le Qatar aurait accepté de faire pression sur le Hamas pour qu’il libère Alexander, en contrepartie d’un engagement de Trump en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza. Le message est clair : Doha ne joue plus un rôle neutre, mais devient un interlocuteur direct entre le mouvement islamiste palestinien et le président américain.

Une opportunité politique pour Trump
Cette manœuvre diplomatique s’inscrit dans une logique électorale évidente. Affaibli par des revers sur plusieurs dossiers internationaux — comme sa tentative avortée d’acheter le Groenland ou de renforcer l’union nord-américaine — Trump cherche une victoire symbolique et rapide. Obtenir la libération d’un otage et favoriser une sortie de crise à Gaza lui permettrait de se présenter comme un artisan de la paix, renforçant ainsi sa stature internationale.

Halabi estime que Trump pourrait se laisser séduire par cette proposition. D’autant que le Qatar, en plus de sa proximité avec le Hamas, propose une feuille de route qui inclut non seulement la fin des hostilités, mais aussi le retrait israélien de Gaza et la formation d’un nouveau gouvernement local sans participation du Hamas. Ce dernier point serait destiné à rassurer Washington, sans heurter directement Tel Aviv.

Un affront aux ambitions israéliennes
Ce scénario heurte de front les intérêts du gouvernement israélien, en particulier ceux du Premier ministre Benyamin Netanyahou. Pour Halabi, le maintien de la guerre est une stratégie délibérée du chef de gouvernement, qui y voit un levier pour consolider sa coalition. La perspective d’une médiation qatarie soutenue par les États-Unis — avec en toile de fond une paix négociée — représente un contre-pied majeur à la politique israélienne actuelle, axée sur la confrontation.

De plus, le rôle actif du Qatar remet en question les efforts israéliens visant à isoler le Hamas sur la scène diplomatique. Jadis perçu comme un médiateur impartial, le Qatar apparaît désormais comme un défenseur indirect des positions du Hamas auprès des Occidentaux, ce qui renforce ses liens stratégiques avec les États-Unis.

Le front syrien en toile de fond
Parallèlement, une autre dynamique émerge sur le plan régional : l’Arabie saoudite s’efforce d’ouvrir un canal diplomatique entre la Syrie d’Al-Charia et l’administration Trump. Cette initiative, mal vue par Netanyahou, vise à légitimer un gouvernement syrien en reconstruction, jusque-là présenté comme une émanation d’organisations extrémistes. Tel Aviv avait jusqu’alors misé sur la marginalisation de ce pouvoir en dénonçant son traitement des minorités, notamment les Druzes.

Mais selon Halabi, la stratégie israélienne semble vaciller, car plusieurs pays du Golfe, dont les Émirats arabes unis, affichent désormais une volonté de tourner la page et d’établir des relations plus pragmatiques avec Damas. Ils souhaitent voir les États-Unis suivre le mouvement, malgré les réticences israéliennes.

Une recomposition régionale en cours
Ainsi, le voyage de Trump pourrait marquer un tournant majeur dans la diplomatie régionale. Le Qatar, en agissant comme intermédiaire actif entre le Hamas et Washington, cherche à s’imposer comme un acteur incontournable des pourparlers. Parallèlement, Riyad joue la carte syrienne pour apaiser une région en tension permanente.

Reste à voir si Donald Trump, en quête d’un succès politique éclatant, acceptera les conditions posées par le Qatar. Une chose est sûre : la libération d’Idan Alexander ne se sera pas sans contrepartie. Elle s’inscrit dans un jeu complexe d’intérêts croisés où chaque geste diplomatique est calibré pour servir une stratégie de plus grande envergure.

Jforum.fr

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