Rav Yits’hak Pindrus se retire de son poste à la Knesset. Dans un entretien avec « JDN News », il reconnaît l’échec des représentants publics dans la régularisation du statut des étudiants en Tora et explique sa décision de se retirer. Il dénonce la persécution des étudiants de la Tora et affirme que son parti ne pouvait plus faire partie de ce système.
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Alors qu’il emballe ses affaires dans des cartons et vide son bureau à la Knesset, l’ex-député Yits’hak Pindrus se livre à une conversation douloureuse et poignante sur la situation honteuse et affligeante dans laquelle se trouve l’État d’Israël, au moment où le monde des Yechivoth et les étudiants de la Tora sont persécutés pour avoir préservé la flamme du judaïsme.
« Les temps sont difficiles. L’État d’Israël a déclaré la guerre au monde de la Tora. En pleine guerre multi-fronts, alors que le peuple d’Israël a plus que jamais besoin de mérites, de la protection de la Tora sainte et de ses étudiants, voilà que la gauche et les institutions judiciaires, avec des membres de la coalition de droite, se sont unis pour lancer une campagne de haine contre les étudiants de la Tora. »
Que s’est-il passé cette nuit-là, juste avant l’attaque contre l’Iran ?
Pindrus : « Il y avait des objectifs de recrutement de 10 000 soldats dans les deux années à venir, avec la mise en place de filières spécifiques pour les orthodoxes dans l’armée. C’était un projet qui devait encore être approuvé par les Grands d’Israël. Mais c’en étaient les grandes lignes.
On avait aussi accepté certaines sanctions personnelles et institutionnelles, valables jusqu’à l’adoption de la loi, dont certaines devaient rester même si la loi ne passait pas.
Il n’y avait pas de quotas, ce qui signifie que toute personne souhaitant étudier la Tora pouvait continuer en Yechiva. Là-dessus, on n’a jamais transigé.
Mais à la fin, malheureusement, aucune loi n’a vu le jour. »
Et que s’est-il passé ?
« Youli Edelstein nous a trompés, ou alors il a fait volte-face à la dernière minute.
Cela fait trois mois qu’on nous promet une loi. On nous répète : « Demain », « Dans deux jours »… et au moment décisif, on découvre qu’il n’y a pas de loi.
Pas du tout celle qu’on avait acceptée. »
Pourquoi avez-vous rejoint la coalition à l’origine ?
« Cela fait deux ans et demi que le gouvernement est en place. La raison principale de notre entrée dans la coalition, le tout premier sujet, était la régularisation du statut des étudiants de la Tora.
Cela n’a pas été fait. Nous ne pouvions donc plus faire partie de la coalition. »
Mais vous n’êtes pas allés dans l’opposition. Pourquoi ?
« Parce que ce n’est pas une alternative. Lapid et Gantz ne sont pas de meilleures options.»
En quoi ne sont-ils pas une alternative ? Ils ne vous donneraient pas une bonne loi sur l’exemption militaire ?
« Je ne pense pas. Peut-être qu’ils auraient accepté par le passé.
Mais aujourd’hui, en pleine guerre, ce n’est plus possible.
Donc ce n’est pas une alternative valable. »
Alors à quoi bon démissionner ? Qu’avez-vous gagné ?
« Ce n’est pas une question de gain ou de perte. Cela n’a rien à voir.
On ne peut pas faire partie d’un gouvernement qui persécute les étudiants de la Tora. Peu importe qui est responsable – ce n’est pas la question.
Ce n’est tout simplement pas acceptable. »
Mais concrètement, vous continuez à maintenir ce gouvernement en vie…
« En partie, c’est vrai. Mais depuis le début de l’été, nous n’avons permis le vote d’aucune loi, sauf celles liées à la guerre, considérées comme vitales.
Aucune autre loi de la coalition n’est passée. »
Avez-vous discuté du sujet du service militaire avec les Grands d’Israël ?
« Le dossier était entre les mains des députés Maklev et Asher avec Ariel Attias.
Mais il est évident que les Grands d’Israël sont bouleversés par cette situation.
Un étudiant ne peut plus simplement s’asseoir et étudier en paix.
Ce n’est pas acceptable. »
Comment expliquer cet accord sur le recrutement de 10 000 orthodoxes ?
« Je n’ai pas négocié directement avec Edelstein. Mais il s’agissait d’un mécanisme d’adaptation, avec une évaluation progressive.
Même aujourd’hui, environ 2 900 se sont engagés cette année.
Il existe différents cadres, ce n’est pas nouveau. »
« Mais revenons à l’essentiel : notre mission est de protéger les étudiants de la Tora.
C’était clair depuis l’époque du rav Shakh, et même avant.
Il y a certes d’autres sujets importants, mais notre priorité est la Tora.
Il faut une loi sans quotas : que quiconque veut étudier puisse le faire librement. »
Que s’est-il passé avec le projet de loi d’Edelstein ?
« Les directives des Grands d’Israël n’ont pas été reflétées dans le document présenté par Edelstein.
Par exemple : ils veulent des empreintes digitales de chaque étudiant de Yechiva – ou une séparation entre les objectifs de recrutement et les filières orthodoxes.
Tout cela ne figurait pas dans la proposition de loi. »
Peut-on dire que ces deux ans et demi ont été un échec ?
« On peut dire que sur le sujet central, celui pour lequel nous sommes entrés dans cette coalition, oui, nous avons échoué. »
Et maintenant que vous êtes sortis du gouvernement, l’armée ne va-t-elle pas arrêter les étudiants déserteurs ?
« Même quand on était dedans, cela pouvait arriver.
C’est justement pour cela qu’on est sortis.
Le gouvernement est incapable de faire face à la Cour suprême et à la conseillère juridique.
Dans une telle réalité, on ne peut plus rester dans ce gouvernement. »
Et maintenant ? Si demain matin la police militaire arrête 10 étudiants ?
Pindrus rit : « Alors on quitte la coalition…
Mais ça, on l’a déjà fait.
On est dans une impasse.
On n’a plus d’options. »