« Revenez avec une autre réponse » : les médiateurs furieux de la réponse du Hamas – qui n’a même pas été transmise à Israël

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Secretary Marco Rubio talks with Special Envoy Steve Witkoff, French President Emmanuel Macron and French Foreign Minister Jean-Noël Barrot at the Elysees Palace in Paris, France, April 17, 2025. (Official State Department photo by Freddie Everett)

Israël affirme que le Qatar et l’Égypte ont eux-mêmes transmis au Hamas le message selon lequel sa réponse est « tout simplement insuffisante ». Les médiateurs ont rejeté la réponse – et ne l’ont même pas relayée à Israël : « Revenez avec quelque chose de plus pertinent, nous attendons ». À Jérusalem, on estimait que la réponse contiendrait des réserves. Dans des discussions à huis clos, Ron Dermer a confié : « Aujourd’hui, je suis moins optimiste ».

Ynet – Itamar Eichner, Einav Halabi, Lior Ben Ari

Une source bien informée indique que le Hamas a transmis une réponse à la dernière proposition israélienne de cessez-le-feu, qualifiée pour l’instant de « décevante » et qui « ne satisfait ni les médiateurs qatariens et égyptiens, ni les Américains ». Selon une source diplomatique, le Qatar et l’Égypte ont déclaré que la réponse du Hamas « ne suffit tout simplement pas » – même pas pour les médiateurs eux-mêmes. Au Caire et à Doha, la réponse de l’organisation terroriste a été rejetée sans même être transmise à Israël, avec cette demande : « Revenez avec une réponse plus pertinente, nous attendons. »

Selon cette même source, « le Qatar et l’Égypte exigent du Hamas des améliorations significatives pour permettre la poursuite des négociations. Si leur réponse est fortement améliorée, on pourra avancer. »

La réponse du Hamas, rejetée d’emblée par les médiateurs, montre que l’organisation terroriste joue la montre, et il n’est pas certain qu’elle souhaite vraiment un accord. Selon des médias arabes, le Hamas a déclaré qu’il ne reconnaissait pas les cartes de retrait proposées et exige une réduction importante du périmètre ainsi qu’une augmentation du nombre de prisonniers libérés – y compris des condamnés à perpétuité. Le Hamas rejette donc la proposition des médiateurs concernant les paramètres de l’accord, et demande à les élargir. Il réclame aussi l’expulsion du Fonds humanitaire GHF, l’entrée d’aide uniquement par des organismes de l’ONU, l’ouverture du passage de Rafah, et des garanties renforcées sur la fin de la guerre.

Le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, a déclaré à huis clos qu’il est aujourd’hui moins optimiste qu’hier quant à un accord de libération des otages – mais il estime que la situation reste très dynamique et peut évoluer en quelques heures. Il pensait déjà être au Qatar à ce stade, croyant que les négociations avanceraient plus vite.

Il a également souligné que les médiateurs et l’administration américaine savent qu’Israël n’est pas l’obstacle à l’accord. Selon lui, Israël a accepté les principes proposés par les médiateurs et Washington, tout en veillant à ses intérêts et à la sécurité des habitants du sud du pays et de tous les citoyens. Il a aussi souligné que les relations avec les États-Unis sont les plus profondes jamais connues avec une administration américaine.

Il est important de préciser que le Hamas n’a pas encore officiellement remis sa réponse définitive sur le nouveau plan de retrait et les modalités de libération des prisonniers. Étant donné que les discussions entre le Hamas et les médiateurs se poursuivent, la réponse du Hamas pourrait encore changer.

Plus tôt, à Jérusalem, on s’attendait à une réponse du Hamas de type « oui, mais », mais on pensait aussi qu’après les assouplissements israéliens, les écarts allaient se réduire et les négociations progresseraient.

Une source palestinienne a déclaré à la chaîne saoudienne Al-Hadath que « le Hamas a remis sa réponse finale à la proposition de cessez-le-feu, incluant des remarques sur le mécanisme d’entrée de l’aide, le retrait israélien, et des garanties pour éviter un retour à la guerre ». D’autres sources ont précisé à la chaîne Al-Arabiya que « le Hamas a remis hier sa réponse initiale aux médiateurs, et après discussion, il a été décidé qu’il transmettrait aujourd’hui sa réponse finale ».

Ces informations paraissent alors que Steve Witkoff arrive dans la région ; il doit rencontrer en Europe le ministre Ron Dermer ainsi qu’un représentant du Qatar, afin de tenter de finaliser les détails de l’accord. En Israël, on pense que la question est résoluble, et la venue de Witkoff est considérée comme « l’indicateur le plus important » de progrès dans les négociations.

Ce matin, une source palestinienne impliquée dans les discussions a déclaré à Ynet que « ce n’est pas seulement au Hamas de répondre, Israël aussi doit se prononcer sur une proposition de compromis pour un cessez-le-feu. Les médiateurs ont avancé un accord de compromis. Si Israël accepte, le Hamas acceptera aussi. Le Hamas laisse déjà entendre qu’il est prêt. »

L’estimation à Jérusalem est que les exigences du Hamas concerneront surtout les lignes de retrait israélien – mais que l’écart a été réduit à quelques centaines de mètres. Israël serait prêt à se retirer jusqu’à 1 000 à 1 200 mètres de l’axe Philadelphie, tandis que le Hamas exige 800 mètres. On estime également que le Hamas demandera plus de libérations de condamnés à perpétuité – mais là encore l’écart se réduit, et se situerait entre 100 et 150 prisonniers.

Selon l’ébauche d’accord partiel sur la table, durant une trêve de 60 jours, la moitié des otages vivants et des dépouilles d’otages seraient libérés : dix otages vivants (dont huit dès le premier jour, et deux au cinquantième), ainsi que 18 corps remis en trois vagues. Durant la trêve, des négociations seraient menées pour un arrêt total de la guerre et la libération des otages restants, et le Hamas exige des garanties que la trêve temporaire se poursuivra après les 60 jours, jusqu’à un accord. Il n’est pas encore clair à quoi ressembleraient ces garanties.

Ce matin, et dans le contexte d’un certain progrès, Ynet a interviewé Makavit Maïer, tante de Gali et Ziv Berman, enlevés à Gaza il y a 656 jours. Elle a déclaré : « Les dernières infos que nous avons reçues indiquent que l’équipe de négociation est encore à Doha. Notre peur, c’est qu’elle parte. Tant qu’elle est là et que les choses avancent, il ne nous reste qu’à prier. »

Concernant la composition de la liste des otages libérés, soit seulement la moitié selon l’accord en discussion, elle a dit : « Cette peur ne nous quitte pas, le plan reste inchangé. C’est au-delà de ma compréhension. Nous crions partout : un accord qui laissera certains otages derrière, les abandonnera à leur sort. »
Elle a ajouté : « Pour nous, le fait que Witkoff se rapproche du Moyen-Orient est un signe. Personnellement, en tant que famille, nous échangeons avec lui. Il nous répond immédiatement. Nous sommes en contact permanent avec lui, nous lui rappelons son engagement indéfectible lorsqu’il nous a rencontrés. »

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