Le témoignage de Segev Kalfon, libéré de la captivité du Hamas, est bouleversant.
« Quand nous sommes arrivés à Gaza, ils nous ont jetés dans un bâtiment, je pense que c’était une mosquée, je me souviens des sons, de l’écho.
Quelqu’un m’a collé un couteau au cou et m’a demandé comment je m’appelais. J’ai dit « Segev ». Il a appuyé plus fort. Il a demandé encore, « comment tu t’appelles ? ».
J’ai répété, « Segev ».Chaque fois qu’ils demandaient mon nom et que je répondais, je recevais des coups.
Et je ne voyais qu’un écran blanc. Quelqu’un m’a forcé la tête contre le sol en disant : ‘Maintenant tu vas dormir’.
Après une heure et demie ou deux, ils m’ont reposé la question, ‘comment tu t’appelles ?’, et j’ai compris d’après leurs conversations qu’ils avaient compris le nom ‘Steve’.
Je savais que si je les corrigeais, je me ferais battre à nouveau. Alors je n’ai pas corrigé et j’ai compris que j’étais probablement un prisonnier.
J’ai reçu les coups les plus forts, le jour de l’enlèvement, lors de la party Nova.
Ils m’ont attaché fortement les mains, couvert les yeux et couché sur la route.
Ils m’ont frappé avec la crosse de l’arme, donné des coups aux genoux, au ventre, à la tête, de tous les côtés. Après quelques minutes, tu ne sens plus les coups, tu ne sens plus rien. Juste le silence, une minute avant que la vie ne s’arrête.
Après avoir été détenu dans des appartements cachés sous de lourds bombardements, pendant 11 mois, j’ai été transféré dans un tunnel avec Ohad Ben Ami, Elkana Bohbot, Yosef Haim Ohana, Maxim Harkin et Bar Kuperstein.
Pendant de longs mois, j’étais aussi seul.
J’ai décidé de ne pas me filmer pour une vidéo du Hamas, et j’ai refusé de regarder la caméra et de dire des mots dictés.
J’ai joué le rôle d’un mauvais acteur, parce que je pensais à mes parents, à ma famille. Je ne voulais pas dire que le tunnel s’était effondré sur moi, que je souffrais et que j’avais faim, que j’étais en danger de mort.
Même si, le danger de mort était quelque chose qui t’accompagnait là-bas chaque jour, chaque matin, chaque instant.
Chaque minute que tu vis est un miracle.
À 50 mètres de moi, ils ont fait exploser une mosquée. Je me souviens d’un jour où les bombardements étaient si proches et si forts que nous avons déjà fait nos adieux – moi, Maxim et Yossef. Nous nous sommes dit : ‘Si quelque chose nous arrive, sachez que je vous aime, que vous êtes mes frères.’ Après ce jour, ils nous ont descendus dans un autre tunnel.
C’est indescriptible, finalement tu acceptes que ta vie est toujours en danger. Rien n’est sûr, aucune certitude. Et en plus, tu es sans nourriture, sans communication, et ils font tout pour que tu ailles mal.
La survie dans le tunnel ressemble à une réalité qui dépasse toute imagination, les souvenirs ne laissent pas de répit. « Tu dors sur un sol irrégulier, sur un matelas aussi fin qu’une feuille.
Tu dois mettre des choses pour que ce soit droit. Je me suis fait un oreiller avec des morceaux de matelas.
L’eau que nous recevions, je la filtrai avec une gaze pour qu’elle soit à peu près potable.
Avec une seringue, je donnais à chacun du fromage, à parts égales. Même le papier toilette, quand il y en avait, je le partageais en carrés.
Une bouteille d’eau, c’est comme de l’or.
Aujourd’hui, tu sais, que rien n’est pris pour acquis. »