Un homme de 32 ans doit comparaître ce lundi devant le tribunal judiciaire de Thonon-les-Bains après avoir reconnu être l’auteur de graffitis « Free Palestine » inscrits sur plusieurs voitures à Châtel, station de Haute-Savoie. Ces inscriptions ont visé en particulier des véhicules appartenant à des familles juives en vacances dans la région, provoquant une vive émotion locale et nationale.
Dans la nuit de mardi à mercredi, huit véhicules ont été tagués dans cette commune touristique des Alpes. Quatre d’entre eux appartenaient à des membres de la communauté Loubavitch, résidents britanniques venus séjourner à Châtel pour les vacances. Les quatre autres, selon le parquet, « présentaient des ressemblances avec des véhicules utilisés par cette communauté ».
Le procureur de la République de Thonon-les-Bains, Xavier Goux-Thiercelin, a confirmé dimanche dans un communiqué l’ouverture d’une enquête pour « dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en raison de la prétendue race, de l’ethnie, de la nation ou de la religion de la victime ».
Une enquête rapidement menée
L’affaire a été confiée à la brigade de recherches de la compagnie de gendarmerie de Thonon-les-Bains, épaulée par l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine. Les investigations ont rapidement permis d’identifier un suspect, repéré grâce à l’utilisation de son véhicule présent à proximité des lieux au moment des faits.
Placé en garde à vue, l’homme, un saisonnier âgé de 32 ans, a d’abord nié toute implication avant de se rétracter et de reconnaître les graffitis. Selon le procureur, il a expliqué avoir voulu « faire entendre sa voix et passer un message sur la Palestine » en s’en prenant à des voitures qu’il pensait appartenir à des « Juifs israéliens ». Il a également déclaré « regretter les faits ».
Antécédents judiciaires
Le suspect n’est pas inconnu des services de justice. Il avait déjà été condamné pour vol en 2018 et impliqué dans deux infractions routières en 2022 et 2023. Déféré dimanche devant le tribunal, il a été placé sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention. Sa comparution est prévue en procédure de comparution immédiate lundi à 14 heures pour « dégradation du bien d’autrui commise en raison de l’appartenance, réelle ou supposée, de la victime à une nation ou à une religion ».
Réactions et condamnations
Ces tags ont suscité de vives réactions. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) Auvergne-Rhône-Alpes a dénoncé des actes « ignobles » commis « dans une station de vacances où séjournent régulièrement des familles juives venues du monde entier ».
Depuis plusieurs décennies, Châtel et d’autres stations alpines accueillent chaque été de nombreuses familles de la communauté juive orthodoxe. Ces séjours, souvent organisés dans un cadre collectif, font partie d’une tradition estivale bien ancrée. L’affaire vient ainsi toucher une population particulièrement identifiable et qui constitue une cible récurrente d’actes antisémites.
Entre expression politique et acte discriminatoire
Si le prévenu a présenté ses excuses et affirmé avoir agi pour exprimer une opinion politique, la justice considère que la nature discriminatoire des faits est manifeste. Les graffitis ont été apposés spécifiquement sur des véhicules appartenant à des membres d’une communauté religieuse ou semblant en être proches, ce qui justifie la qualification aggravée retenue par le parquet.
L’affaire illustre une fois de plus les tensions qui peuvent surgir en France autour du conflit israélo-palestinien, et les dérives vers des actes visant des personnes identifiées par leur religion réelle ou supposée. Le tribunal de Thonon-les-Bains devra se prononcer sur le degré de responsabilité de l’auteur et sur la peine à appliquer à ce nouvel épisode d’antisémitisme dans l’espace public.
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