Toutes les options contre Israël sont sur la table

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Sous l’impulsion de Londres et de Paris, la scène diplomatique européenne a durci le ton vis‑à‑vis d’Israël. Mardi, les ministres des Affaires étrangères David Lammy (Royaume‑Uni) et Jean‑Noël Barrot (France) ont successivement exigé un redressement immédiat de la situation humanitaire dans la bande de Gaza et menacé de « mesures » si aucune amélioration n’était constatée. Le message, relayé par une déclaration commune de vingt‑huit pays, marque l’une des mises en garde les plus fermes adressées à Tel‑Aviv depuis le début du conflit.

Une déclaration à vingt‑huit voix
Lundi déjà, le Royaume‑Uni, la France, l’Australie, le Canada et la quasi‑totalité des États membres de l’Union européenne avaient signé un texte dénonçant la réduction drastique des voies d’acheminement de l’aide. Le document qualifie la politique israélienne de « dangereuse », accusée d’alimenter l’instabilité et de « priver la population de Gaza de sa dignité humaine ». Il rejette également les plans évoqués à Jérusalem pour déplacer la population vers une « ville humanitaire », y voyant une violation du droit international.

Londres : « Nous envisagerons de nouvelles mesures »

Fort de ce front multilatéral, David Lammy a détaillé les griefs britanniques. Selon lui, Israël est passé « de quatre‑cents points de distribution d’aide à seulement quatre » et de « sept‑cents à huit‑cents camions quotidiens à moins de quarante ». Résultat : « L’ampleur des massacres est si grande parce qu’Israël refuse d’appliquer les recommandations que nous lui avons transmises », accuse‑t‑il, avant de prévenir : « Si nous ne voyons pas la guerre et les souffrances s’acheminer vers leur fin, nous envisagerons de nouvelles mesures ». Londres n’a pas précisé la nature de ces sanctions potentielles, mais le terme suggère des options économiques ou diplomatiques supplémentaires.

Paris : priorité à la liberté de la presse
De son côté, Jean‑Noël Barrot a centré son intervention sur l’accès des journalistes. Soutenant la demande de l’agence AFP, qui craint pour la vie de ses correspondants dans l’enclave, il exige qu’Israël « autorise la presse internationale libre à se rendre dans la bande de Gaza ». Sans quoi, prévient‑il, « il n’existe plus aucune justification à l’opération en cours, conçue pour aggraver une situation déjà catastrophique ». Le chef de la diplomatie française dénonce également le risque de nouveaux déplacements massifs de civils, que Paris « condamne avec la plus grande fermeté ».

Bruxelles : « Toutes les options sur la table »
À Bruxelles, la tonalité s’aligne. La ministre estonienne Kaja Kallas, qui assure l’intérim au Service européen pour l’action extérieure, a déclaré que « le meurtre de civils cherchant de l’aide est injustifiable ». Après un échange téléphonique avec son homologue israélien Gideon Sa’ar, elle affirme que « toutes les options » seront envisagées si Tsahal ne garantit pas la sécurité des points de distribution.

Des pressions plus que symboliques ?
Reste à voir quel levier concret ces capitales sont prêtes à actionner. L’embargo sur les armes, la suspension d’accords de coopération ou des restrictions commerciales figurent parmi les scénarios évoqués par des diplomates européens, mais aucune décision n’est actée. Jusqu’ici, l’Union européenne a privilégié l’aide humanitaire directe plutôt que les sanctions sectorielles ; l’annonce d’un possible virage fait donc office de signal d’alarme pour Israël, déjà sous le feu des critiques onusiennes.

Le dilemme israélien
À Jérusalem, les responsables de la coordination gouvernementale pour les Territoires soutiennent que la réduction des points d’entrée découle de menaces sécuritaires. Selon eux, des groupes armés détournent l’aide et transforment certaines zones de distribution en cibles. Les autorités estiment aussi que la présence de journalistes étrangers exigerait des garanties supplémentaires, difficilement compatibles avec l’intensité des combats.

Conclusion intermédiaire
Qu’il s’agisse d’un simple coup de semonce ou des prémices d’une pression tangible, la France et le Royaume‑Uni viennent de déplacer le curseur. En liant explicitement la poursuite des opérations israéliennes à des conséquences diplomatiques, Londres et Paris espèrent forcer une réouverture des couloirs humanitaires et un accès médiatique. À court terme, la balle est dans le camp d’Israël ; à moyen terme, le risque d’un isolement accru ne peut être exclu si aucun changement n’intervient.

Jforum.fr

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