Traits de caractère…

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Yated Nééman, veille de Chabbath ‘Hayé Sara

Les gros titres de ces derniers jours proviennent des salles d’interrogatoire de la police ou, à l’inverse, des antres de l’Unité d’enquêtes internes. Dans les unités d’investigation de la police se déroulent actuellement des interrogatoires sous avertissement de hauts responsables d’organismes publics puissants, tels que le secrétaire général de la Histadrout. Il s’agit d’une vaste affaire de corruption impliquant également de nombreux « petits poissons » moins imposants, mais jouissant d’un large pouvoir dans certains cercles économiques. Parallèlement, se poursuit l’enquête sur l’ancienne procureure militaire, dans laquelle sont impliquées nombre des personnalités influentes du parquet militaire et civil. Selon des connaisseurs, les ramifications pourraient même atteindre la conseillère juridique du gouvernement, et certains vont jusqu’à évoquer des figures siégeant aux plus hautes instances judiciaires de l’État d’Israël. Comme cela a été révélé par la suite, une enquête de l’Unité d’enquêtes internes – qui est en réalité un bras du parquet – a également été ouverte, avec un léger retard, contre un commissaire central de la police, étroitement lié à ces investigations. Celui-ci a même été « retenu » à cette fin, soupçonné, selon leurs termes, de « violation de confiance ».

Dès le début, il était clair pour toute personne sensée qu’un séisme de cette ampleur, impliquant tant de centres de pouvoir habités par des individus forts et enivrés par leur autorité, allait produire de nombreuses répliques supplémentaires. La chute de personnes ayant occupé une position si élevée – du statut d’accusateur dominant totalement sa victime, avec tout le pouvoir entre ses mains, au statut d’accusé pitoyable dépendant de la miséricorde d’autrui – constitue une épreuve humaine d’une intensité écrasante. Le passage d’anciens alliés qui, hier encore, coopéraient étroitement dans la poursuite d’autrui et qui deviennent aujourd’hui des adversaires acharnés, n’est bénéfique pour aucun des deux camps. Dorénavant, tous les « trucs et astuces » qu’ils employaient jadis contre leurs victimes – y compris les fuites organisées et la laideur judiciaire incarnée par des notions telles que « témoignage d’État » ou « accord de plaider-coupable » – sont dirigés les uns contre les autres. Par-dessus tout plane la réalité que des années de travail commun ont généré un savoir considérable, dont l’exposition pourrait servir d’arme destructrice et de redoutable épée à double tranchant.

L’enquête tentaculaire concernant le secrétaire général de la Histadrout et l’agent d’assurance bien connu s’élargit et entraîne dans son sillage de nombreux autres personnages, qui cette semaine encore entraient et sortaient des salles d’interrogatoire, où les recevaient ceux qui, pour l’instant, demeurent « purs comme la neige ». Nul ne peut savoir quelle sera l’issue de cette enquête. Pourtant, même en l’absence d’inculpations formelles, l’image présentée au public israélien par les médias – avec une jubilation à peine voilée – est celle d’une déchéance morale totale et d’une corruption débridée, s’étendant dans toutes les sphères et nuances des élites dirigeantes d’Israël. Ceci, au beau milieu d’une guerre difficile et au prix de lourdes pertes et deuils. L’« entraide mutuelle », dont se réclament nombre d’orateurs israéliens (y compris parmi les personnes interrogées), est dépeinte dans le style d’un « renvoi d’ascenseur » cynique et consorts.

Les affaires de corruption éclatant au grand jour ont accaparé un temps d’antenne considérable, lequel, selon le modèle profondément enraciné depuis trop longtemps dans les médias israéliens, aurait dû être consacré à pourfendre la Tora et les Yechivoth. Exactement comme le commente Rachi sur le verset : « Après ces événements, le maître des échansons et le maître des panetiers du roi d’Égypte commirent une faute » (Genèse 40,1). Rachi explique : « Après ces événements – comme cette maudite [la femme de Potiphar] avait habitué tout le monde à parler du juste [Yossef], le Saint béni soit-Il leur amena les fautes de ceux-ci afin qu’ils se tournent vers eux et non vers lui… ». L’évolution de ce tableau, qui cette semaine encore s’est élargi et approfondi, conduit à une compréhension allant au-delà de la simple « libération de temps d’antenne » pour éviter une campagne de haine contre les hommes de Tora. Peu à peu, les éléments s’assemblent pour dessiner un portrait fidèle de ceux qui, sans relâche, adressent des sermons de morale prétendue au public fidèle à la Tora.

Il apparaît que nombre de ces personnalités occupant des fonctions publiques centrales se révèlent être de petits individus pitoyables, cherchant leur propre intérêt aux dépens du public, sans la moindre honte. Inutile de passer en revue un par un le cortège des personnes interrogées, ni de disséquer leurs sarcasmes ou leurs actions contre la religion de leurs ancêtres ; il suffit d’évoquer la responsable de l’envoi des mandats d’arrêt contre les étudiants de Yechiva, ou celui qui menaçait de paralyser l’économie si était adopté ce qu’il qualifiait de « loi sur l’évitement du service », pour affirmer clairement que, au-delà de leur acharnement contre les étudiants de Tora, il faut également juger leurs paroles et toutes les formes d’humiliation qu’ils nous infligent selon la règle du méprisant et du méprisé. Dès lors, il devient difficile de s’émerveiller devant des exhortations morales prétendues, venant de personnes prêtes à trahir leurs pairs, hommes de mensonges et de pots-de-vin. Mieux vaudrait que ces amateurs de bakchichs commencent par se reprendre mutuellement.

Au fil de ces semaines, alors que nous suivons les récits de nos ancêtres au sein des peuples environnants, l’Écriture nous enseigne la véritable nature de ceux auxquels Avraham, Yits’hak et Ya’akov avaient affaire. Ceux-ci se considéraient toujours comme détenteurs d’une supériorité morale leur conférant le droit de faire la leçon à nos patriarches. Ainsi les bergers de Lot, accusés de paître leur troupeau dans les champs d’autrui, sermonnaient les bergers d’Avraham en invoquant la promesse divine de la terre – prétendant ne pas agir par cupidité, mais par foi et piété feinte. Plus tard, les filles de Lot pensèrent, après la destruction de Sodome, qu’un nouveau déluge avait ravagé le monde et qu’elles étaient les seules justes choisies pour survivre – alors qu’elles savaient pertinemment que c’est grâce au mérite d’Avraham qu’elles avaient été épargnées. Agar, servante de Sara, soupçonnait également notre matriarche, que son intérieur ne correspondait pas à son extérieur, la jugeant à tort dépourvue de droiture.

Nous avons vu aussi Avimélekh aller jusqu’à reprocher à Avraham : « Tu m’as fait une chose qui ne se fait pas ! », alors qu’il savait parfaitement la véracité des propos d’Avraham sur la crainte de D’ absente dans cet endroit. Et il n’avait aucune véritable réponse à lui offrir, comme le commente Rachi (Genèse 20,10) : « Un voyageur qui arrive dans une ville : on l’interroge sur sa nourriture et sa boisson, ou bien sur sa femme ? ». Par la suite, Avimélekh alla même jusqu’à exiger de Yits’hak un serment garantissant qu’il ne le tromperait pas, « ni lui, ni son fils, ni son petit-fils », comme s’il soupçonnait, D’ préserve, la pureté d’intention du patriarche. Et il renouvela son attitude lors de l’affaire des puits que ses serviteurs avaient bouchés. Quant à Lavan l’Araméen, voleur notoire, après avoir dupé Ya’akov, il osa encore lui prêcher : « Il n’est point d’usage chez nous de donner la cadette avant l’aînée ». Plus tard, lorsque Ya’akov s’échappa, ayant entendu les projets peu rassurants de ses fils, Lavan le poursuivit et l’accusa d’avoir fui sa domination en trompant son esprit.

Ce ne sont là que quelques exemples parmi de nombreux autres, illustrant la prétention morale de ceux qui, de manière hypocrite, se plaçaient au-dessus de nos ancêtres, piliers du monde. C’est ce que l’on découvre dans les récits décrivant l’édification du peuple d’Israël par les patriarches, au sein d’un monde étranger et, surtout, profondément hypocrite. À la lumière de ce qui se déroule autour de nous dans ce monde de mensonges, nous n’avons donc aucune raison d’abandonner, à D’ ne plaise, notre engagement et nos efforts dans l’étude de la Tora. Elle seule constitue la véritable garantie d’une moralité authentique, magnifiant la stature de l’homme créé à l’image de D’.

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