Un mouvement de clubs de combat inspiré par une idéologie néonazie connaît une expansion alarmante à travers le monde. Appelé Active Club (AC), ce réseau international se présente comme un collectif de « jeunes nationalistes » européens partageant des activités physiques, mais ses objectifs cachent une idéologie suprémaciste blanche. Selon un nouveau rapport du Global Project Against Hate and Extremism (GPAHE), ces groupes ont vu leur nombre croître de 25 % en deux ans, atteignant aujourd’hui 187 chapitres répartis dans 27 pays.
Une idéologie radicale et transnationale
Initialement fondé par deux figures de l’extrême droite radicale — l’Américain Robert Rundo et le Russe Denis Kapustin — le mouvement Active Club s’inspire du Rise Above Movement, groupe militant adepte du combat de rue. À l’image de son prédécesseur, AC mise sur la formation physique à travers les arts martiaux mixtes (MMA), tout en véhiculant une rhétorique violente contre les minorités ethniques et religieuses.
Les membres de ces clubs sont entraînés à devenir des « surhommes » selon la terminologie utilisée par le mouvement. Leur esthétique visuelle repose sur des symboles repris du néonazisme historique, notamment la croix celtique blanche sur fond noir. Ils se considèrent comme des défenseurs de la « race blanche » et comme des combattants face à un système perçu comme corrompu et hostile.
Des clubs dans plus de 25 pays
Active Club est désormais implanté sur tous les continents : en Europe (Allemagne, Suède, Suisse, France), en Amérique du Sud (Colombie, Chili), en Amérique du Nord (États-Unis, Canada), mais aussi en Australie. Des cellules locales comme Active Club Helvetia en Suisse ou Active Club Bogotá en Colombie mènent déjà des actions concrètes, telles que des événements sportifs ou la diffusion de propagande raciste.
Au Canada, un nouveau groupe nommé Second Sons Canada a été lancé en mars 2025. Celui-ci impose à ses recrues des épreuves physiques et prône une vision identitaire, basée sur la théorie du « Grand Remplacement ». Ce discours prétend que les populations d’origine européenne seraient volontairement évincées de leurs positions sociales et professionnelles, au profit d’étrangers.
Malgré une structure souple, chaque chapitre fonctionne de manière autonome tout en restant en lien avec d’autres via des canaux cryptés comme Telegram. Le GPAHE a mis en évidence un style graphique et une communication homogènes entre les groupes, renforçant leur sentiment d’appartenance à une cause commune. Certains groupes américains ont même organisé des visites auprès de communautés d’extrême droite en Afrique du Sud, notamment à Orania, un village exclusivement blanc.
Le recrutement en ligne est particulièrement ciblé. TikTok est devenu une plateforme majeure pour approcher les jeunes, où des liens vers des formulaires d’adhésion sont parfois directement intégrés dans les profils. Le GPAHE cite aussi le rôle de certains outils d’intelligence artificielle dans la promotion indirecte de ces clubs : le moteur de recherche Bing aurait mis en avant le site d’AC en réponse à des requêtes comme « comment rejoindre un club actif ? ».
Les propos de Wendy Via, cofondatrice du GPAHE, soulignent la gravité de la situation : « Leur niveau d’organisation, de recrutement numérique et leur propension à la violence sont particulièrement préoccupants. » Sa collègue Heidi Beirich insiste sur l’importance d’une réponse rapide, appelant les plateformes numériques à agir fermement pour déconnecter ces groupes.
L’affaire du fils adolescent du ministre suédois des Migrations, récemment identifié comme membre actif d’un chapitre local, a jeté une lumière crue sur l’impact de ces clubs dans la sphère publique. D’autres groupes comme le Pacific Northwest Youth Club ou le New England Youth Club aux États-Unis s’inspirent ouvertement de figures et slogans issus du néonazisme.
Face à cette montée de l’extrémisme organisé, les experts du GPAHE appellent à une vigilance accrue des autorités, mais aussi des familles, des établissements éducatifs et des acteurs du numérique. Le défi est de taille : empêcher que ces idéologies violentes et excluantes ne s’enracinent durablement dans une jeunesse vulnérable à la manipulation.