A Gaza, France Inter et des «humanitaires» font cause commune contre Israël

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A en croire la radio publique, les soldats israéliens n’auraient de cesse que de tirer sur les agriculteurs palestiniens. Un reportage malveillant qui incite à la haine d’Israël. Une ONG française participe à la mascarade.

Y a-t-il un « ton » anti-israélien sur France Inter ? Si vous vous posez la question, nous vous conseillons d’écouter (et de lire) le dernier reportage à Gaza du correspondant de la radio publique en Israël, Etienne Monin.

Vous aurez un bon aperçu de ce que l’on appelle un reportage biaisé.

Pour résumer le récit du journaliste de France Inter, Gaza ne serait peuplée que de pacifiques agriculteurs contraints de labourer leurs champs sous la menace permanente – et les tirs – de soldats israéliens ouvrant le feu de manière indiscriminée sur des civils palestiniens, sans doute dans le but de les terroriser et de les humilier.

Nous n’exagérons ni ne caricaturons en rien le contenu du reportage dont voici les « meilleurs » extraits.

Dès le sous-titre, le ton est donné :

À Gaza, la frontière avec Israël fait partie des endroits les plus dangereux au monde. Pourtant, des agriculteurs continuent d’y cultiver leurs champs, en prenant de gros risques. Plus les agriculteurs s’approchent de la barrière israélienne, plus le risque augmente.

Puis il y a le témoignage de l’agriculteur Mohamed Abu Dagga :

Dans ce secteur, le métier d’agriculteur est un métier à risque. Cette zone rouge est en dégradé : mortelle à 300m de la frontière, dangereuse jusqu’à 1,5 km. Chacun s’adapte au risque.

Le site de France Inter lui-même met en exergue un autre passage de l’interview de l’agriculteur palestinien.

Ainsi que celui d’un autre agriculteur, Tallat Abou Teir qui « cultive des tomates et du persil » :

Des témoignages orientés et invérifiables 

Il faut souligner le caractère très insidieux du reportage de France Inter.

En fait, aucun des deux agriculteurs interviewés n’a jamais été blessé par des tirs de soldats israéliens.

Ils n’indiquent aucun lieu, ni aucune date à laquelle ils auraient pu être victimes ou témoins d’incidents, ce qui permettrait de procéder à des vérifications.

Ils évoquent juste un « risque » permanent face à des soldats israéliens dont on nous fait bien comprendre – sur le mode de l’insinuation – qu’ils peuvent ouvrir le feu pour un oui ou pour un non, mus sans doute par une brutalité aveugle ou peut-être même par une insondable cruauté, par le plaisir de faire un carton sur un « agriculteur palestinien ».

Pas d’incident impliquant un « agriculteur palestinien » depuis plus d’un an 

L’équipe d’InfoEquitable s’est donnée la peine de vérifier sur le fil de l’Agence France-Presse (AFP), pourtant prompte à reprendre sans sourciller les communiqués du Hamas : cela fait des mois qu’il n’y a pas eu le moindre incident de tir sur la frontière impliquant un « agriculteur palestinien ».

Le seul cas que nous avons trouvé de remonte à plus d’un an, le 3 mars 2018. Il est d’ailleurs basé sur les affirmations du ministère palestinien de la Santé à Gaza, totalement inféodé au Hamas, et n’a jamais été confirmé par une source fiable et indépendante.

Il n’y a guère de moyens de vérifier que Mohammed Abu Jumaa, le Palestinien atteint par les tirs de Tsahal, était ou non agriculteur.

Les Israéliens ont indiqué avoir ouvert le feu sur « un suspect qui s’approchait de la barrière » sans réagir aux tirs de sommation d’usage. Nous avons toutes les bonnes raisons de penser qu’il ne s’approchait pas pour planter des tomates ou surveiller la pousse de son persil.

Contrairement à ce que cherche à faire croire une propagande palestinienne reprise complaisamment par la presse française, les règles en vigueur au sein de Tsahal ne s’apparentent pas à celles du far west. L’ouverture du feu obéit à des règles très strictes, toujours sous le contrôle d’un officier. Les abus – lorsqu’ils il y en a – sont sévèrement sanctionnés. Des soldats et des gradés se sont retrouvés devant la justice israélienne pour avoir ouvert le feu de manière injustifiée. Les cas ont à chaque fois été rapportés par les médias israéliens.

De nombreuses fake-news diffusés par le Hamas

A plusieurs reprises, le Hamas a affirmé que des « agriculteurs palestiniens » avaient été tués par des tirs israéliens avant que ces allégations s’avèrent être des fake-news.

Le 14 janvier 2013, les services de santé à Gaza avaient accusé l’armée israélienne d’avoir abattu Mustafa Abu Jarad, un agriculteur palestinien. L’armée israélienne avait formellement démenti toute responsabilité, ce qui avait été signalé dans cette dépêche de l’agence Reuters (l’AFP, elle, avait trainé les pieds et diffusé très tardivement ce démenti). Après enquête, les accusations palestiniennes s’étaient avérées fausses.

Cette thématique des paysans de Gaza attaqués par Tsahal alors qu’ils se livrent pacifiquement à leurs travaux des champs est l’un des grands classiques de la désinformation palestinienne. Certains de ces cas ont été détaillés dans ce rapport sur les « faux morts de Gaza » publié par InfoEquitable.

France Inter ne ne donne pas le point de vue des Israéliens

C’est presque devenu une règle dans les reportages de France Inter consacrés au conflit israélo-palestinien : formuler des accusations contre l’armée israélienne sans interroger le porte-parole de Tsahal afin de lui permettre de répondre à ces accusations.

La cause est entendue. Israël est condamné par avance.

Sans doute la rédaction de France Inter considère qu’il s’agit là d’un « reportage objectif » et que les règles du débat contradictoire (et de neutralité du service public) ne s’appliquent pas dès lors qu’il s’agit de l’Etat juif.

Sur France Inter, pas de reportage sur les agriculteurs israéliens 

La radio de service public n’a pas dit un mot non plus sur l’envoi constant de cerfs-volants et ballons incendiaires depuis Gaza.

Depuis plus d’un an, des centaines d’hectares de cultures et de massifs forestiers ont été détruit en Israël.

Le Jerusalem Post a publié le 14 juillet dernier un bilan des destructions entraînées par les derniers incendies.

Rien que depuis le mois d’avril dernier, 138 départs de feu dus aux engins incendiaires palestiniens ont été répertoriés dans le sud d’Israël le long de la frontière avec Gaza.

Plus de 70 hectares ont été réduits en fumée.

Photo : Moshe Baruchi, KKL-JNF

Cette info du JPost n’a pas eu le moindre écho sur l’antenne de France Inter. Nous avons cherché dans les archives de la radio, nous n’avons pas trouvé.

L’ONG « Première Urgence » appelée en renfort pour accabler Israël

En revanche, le reporter de France Inter a interviewé Lou Perrin, responsable des activités de « Première Urgence Internationale », une association qui développe des programmes humanitaires dans la bande de Gaza.

« Depuis les années 2000, le gouvernement israélien a durci les restrictions d’accès aux terres près de la ligne de démarcation avec Israël au motif de raisons sécuritaires », explique la jeune humanitaire sans plus de précisions.

Quelles sont ces « raisons sécuritaires » ? L’auditeur de France Inter n’en saura guère plus. Pas le moindre rappel sur les attentats-suicides de la seconde Intifada, sur la prise du pouvoir par le Hamas (classée sur la liste des organisations terroristes par l’Union européenne), sur les tirs de roquettes par centaines sur les villes et kibboutz israéliens de la région, sur les percements de tunnels destinés à commettre des attentats en Israël, sur les violences permanentes le long de la frontière qui sépare Israël de Gaza… Sans oublier les incendies à répétition rappelés plus haut.

La responsible de l’ONG humanitaire rejette en bloc toutes la responsabilité de la situation en affirmant que la zone tampon destinée à protéger les civils israéliens est « illégale au regard du droit international et des droits de l’homme ».

« Première Urgence Internationale » fait campagne contre Israël

Voulant en savoir un peu plus sur l’ONG de Mme Lou Perrin, nous sommes allés consulter le site de Première Urgence Internationale.

L’association mène toutes sortes d’actions humanitaires à travers le monde, notamment dans les territoires palestiniens.

Loin de la neutralité qui accompagne généralement les activités des organisations humanitaires, la présentation des programmes de Première Urgence Internationale s’accompagne d’un réquisitoire anti-israélien sans appel.

En 2014, l’opération “Bordure Protectrice” menée durant tout l’été dans la bande de Gaza a contraint 475 000 personnes à se déplacer et a généré des dégâts matériels conséquents. Les conséquences de cette guerre ainsi que le blocus économique impactent encore grandement les moyens d’existence de la population gazaouie.

En Cisjordanie, la population souffre toujours des restrictions de mouvement, de la colonisation israélienne, des démolitions ainsi que des violences des colons. En Cisjordanie, Première Urgence Internationale poursuit ses activités auprès des victimes des attaques de colons

Dans cet article publié en juin dernier, consacré là aussi aux agriculteurs palestiniens de Gaza, Première Urgence Internationaledécrit le cas de Ahmad qui « met sa vie en danger chaque jour » sous la menace des « tirs israéliens ».

Au mois de mai, Première Urgence Internationale a diffusé cette vidéo d’une mère palestinienne.

Peut-être est-ce la réalité, direz-vous ? Après tout il peut arriver que les Palestiniens soient confrontés à la violence de certains Israéliens ?

Certes, tout est envisageable.

Mais force est de constater que Première Urgence Internationale fait preuve d’une sacrée hémiplégie intellectuelle en ignorant les violences palestiniennes auxquels les populations civiles israéliennes sont quotidiennement confrontées.

Une étonnante mansuétude à l’égard de la Syrie de Bachar el-Assad

En outre, chez Première Urgence Internationale, toutes les pays ne sont pas logées à la même enseigne.

Prenez par exemple les pages consacrées au actions de l’ONG en Syrie.

Là, tout de suite changement de ton : photos pleines de vie, visages d’enfants souriants sur fond d’un drapeau syrien

Ne comptez pas sur l’ONG pour accabler le régime de Damas accaparé par l’urgence de reconstruire le pays.

Sur son site, l’association humanitaire n’évoque que par euphémismes l’effroyable guerre civile qui a ravagé la Syrie et les responsabilités écrasantes des belligérants au premier rang desquels la dictature de Bachar el-Assad.

Tout au plus, Première Urgence Internationale indique-t-elle que « le pays est en proie à une crise interne » et se félicite d’avoir « obtenu l’autorisation de fournir une aide humanitaire aux Syriens victimes du conflit en partenariat avec le Croissant Rouge local ».

« Un certain nombre de déplacés internes prennent le chemin du retour. Malheureusement les cicatrices de la crise marquent profondément leurs quartiers. Première Urgence Internationale met en oeuvre une stratégie intégrée, basée sur les besoins de ces populations, de façon à faciliter leur réintégration », indique avec pudeur l’organisation humanitaire.

France Inter et Première Urgence Internationale alliés dans la désinformation anti-israélienne

On le voit, l’intervention d’une responsable de Première Urgence Internationale dans le reportage déséquilibré de France Inter n’a rien de fortuit.

En arrière plan de ses activités humanitaires, l’ONG française semble bien caler ses prises de positions sur un agenda politique moyen-oriental anti-israélien.

Sur ce point, le journaliste de France Inter Etienne Monin et la porte-parole de Première Urgence Internationale, Lou Perrin, semblent bien partager les mêmes vues.

Un membre du CSA présent au conseil d’administration de l’ONG

Considérant que le reportage de France Inter était manifestement déséquilibré et contrevenait à la directive du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) sur le traitement de l’information en zone de conflits, InfoEquitable a adressé une protestation à ce dernier.

Plus d’une semaine après notre envoi et alors que nous publions cet article, le CSA ne nous a toujours pas répondu.

Avions-nous seulement une chance d’être entendus ?

Sans tomber dans un complotisme exagéré, qu’il nous soit quand-même permis de relever l’existence de quelques passerelles entre Première Urgence Internationale et le gendarme de l’audiovisuel.

On remarque en effet sur la liste des membres du conseil d’administration de l’ONG humanitaire le nom d’Hervé Godechot, un ancien journaliste de France Télévisions nommé début 2019 au CSA.

Hervé Godechot est aujourd’hui l’un des neuf « sages » du CSA et – à ce titre – il est appelé a siéger lors des réunions de la commission plénière habilitée à se prononcer sur d’éventuels dérapages commis par des médias audiovisuels.

Joint par InfoEquitable, Hervé Godechot nous confirme son appartenance au conseil d’administration de Première Urgence Internationale dont il se dit « fier » et dont il nous précise qu’elle est « tout à fait compatible avec son statut de conseiller au CSA ».

Dont acte. Nous n’avons jamais évoqué un quelconque conflit d’intérêt en ce qui le concerne.

Pour le reste, Hervé Godechot ne formule aucun avis, ni sur le caractère déséquilibré du reportage de France Inter, ni sur la propagande anti-israélienne diffusée sur le site de Première Urgence Internationale.

Ce qui, à notre sens, confirme ce qui vient d’être exposé.

Les protestations d’InfoEquitable sur le caractère biaisé du reportage de France Inter ont sans doute autant de chances d’êtres entendues qu’un lointain écho perdu dans les sables d’un désert d’orient.

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