A la lueur de la sefira…

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La période du ‘Omer est particulière à plus d’un titre.

Hormis la mitsva de compter les jours qui conduisent les Juifs à Chavouoth, le rendez-vous annuel avec le don de la Tora, la sefirath ha’Omer invite par exemple chacun de nous à l’introspection. Cependant, ce retour sur soi n’est pas tout à fait de même nature que la techouva nécessaire et attendue au cours des 40 jours qui séparent le 1er Eloul de Yom Kippour.

A la différence de celle-ci, en effet, le ‘Omer n’interroge pas notre passé, mais bien notre futur. Il ne parle pas de pardon, ni de reprendre ce qui a été fait avant de relancer son existence, dans les Souccoth, sous les ailes de la Chekhina.

La Sefira n’est qu’un seul et même mouvement de construction

Non. La Sefira n’est qu’un seul et même mouvement de construction. Elle va uniquement de l’avant, ajoutant, jour après jour, à ce qui vient d’être semé au fond de notre personnalité.

Pour cette raison, nous ne comptons pas les jours qu’il nous reste pour atteindre le 6 Sivan (Chavou’oth), mais tels qu’ils s’accumulent – pour produire l’être juif que nous serons lorsque nous nous retrouverons, tous, au pied du Mont Sinaï : « Aujourd’hui, jour 1 du ‘Omer », « Aujourd’hui, 2 jours du ‘Omer. » etc. ; jusque : « Aujourd’hui, 49 jours du ‘Omer, qui font sept semaines du ‘Omer » (ou « jusqu’au ‘Omer », d’après une autre version).

Cette idée est fondamentale : elle met en évidence en quoi la période du ‘Omer n’est pas neutre puisqu’au contraire, c’est le temps lui-même qui est, ici, compté, chaque jour qui passe lui ayant donné sa couleur, sa direction…

Le temps a une fin. Il va de Pessa’h à Chavou’oth.

Ce temps, dont le peuple juif a déjà reçu la responsabilité la nuit de Roch ’Hodech Nissan – comme il est dit : « Ha’Hodech hazé lakhem Roch ’hodachim, richon hou lakhem le’Hodché haChana » (Chemoth/Exode 12,1) – il doit désormais le mettre en œuvre, lui donner un sens, l’inscrire dans son projet véritable, conforme à ses valeurs initiales. Il doit en faire son histoire, l’histoire du temps juif…

Pendant les 49 jours de la sefirath ha’Omer, Hachem nous place ainsi devant nous-mêmes pour construire celui que nous voulons être. C’est pourquoi, ils sont l’expression du din, de la rigueur, du choix, de l’autodétermination (…), en un mot : de la limite. De fait, le temps a une fin. Il va de Pessa’h à Chavou’oth (comme l’enseigne rabbi Yo’hanan ben Nouri dans le Traité Edouyoth, 2,10), depuis le moment de notre naissance, la sortie d’Egypte, jusqu’à la seule liberté qui vaille vraiment la peine d’être vécue : la Tora.

Y. I. RUCK

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