Crime et châtiment

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La chronique de Michèle MAZEL  – Temps et contretemps

          «En donnant l’ordre de tuer Ghassem Soleimani, Donald Trump choisit l’escalade face à l’Iran» : c’est ainsi que Le Monde commente ce matin la frappe ciblée qui a mis fin à la carrière du chef des Forces Al Quds,  les Gardiens de la Révolution iranienne. Pour le Figaro : En décidant de tuer le haut responsable militaire iranien Qassem Soleimani, le président américain «a jeté un bâton de dynamite dans une poudrière», a réagi très justement l’ancien vice-président Joe Biden, «La mort de Soleimani constitue en effet un tremblement de terre aux conséquences gravissimes dans un Moyen-Orient où il était devenu l’un des hommes les plus puissants».

             Le Figaro n’explique pas que cette puissance, il l’a devait au fait qu’il était chargé des activités subversives de l’Iran depuis le Liban à la Syrie, au Yémen et en Irak. Non.  La cause est entendue : une nouvelle fois l’Amérique de Donald Trump est montrée du doigt et le président accusé d’être un fauteur de guerre.  Peu de voix s’élèvent pour souligner que ce n’est pourtant pas lui qui a commencé et qu’il avait fait preuve d’une étonnante – certains diront coupable – retenue face aux provocations grandissantes des Ayatollah dont Soleimani était le maître d’œuvre.

            On se souvient qu’en juin 2019 un drone américain avait été abattu alors qu’il était en mission de reconnaissance hors de l’espace aérien iranien. Trump avait envisagé des représailles, n’y renonçant, disait-il alors, que parce que ces représailles auraient fait des victimes civiles en Iran. Enhardis, les Iraniens avaient lancé le 14 septembre une attaque dévastatrice sur les installations pétrolifères de l’Arabie Saoudite, grande alliée des États-Unis. Bien que les Houthis du Yémen en aient revendiqué la responsabilité, Washington, qui dispose de bases aériennes et militaires à proximité, sans parler de satellites espions, a immédiatement accusé Téhéran.  Pourtant là encore, il n’y a pas eu de réaction.

            On sait que durant l’été 2019 les Iraniens se sont livrés à une série de provocations contre des tankers en Mer rouge, en arraisonnant certains sans justification.  C’est en vain que les États-Unis ont demandé à leurs alliés européens de prendre part à une mission de sécurisation de la navigation civile dans le Golfe. Les commentateurs s’accordaient alors tous pour dire qu’à l’approche de l’échéance 2020 le président américain voulait à tout prix éviter une escalade militaire et les pertes en vies humaines qui entraveraient sa campagne.

            Les Iraniens, convaincus d’avoir les mains libres, ont alors décidé de cibler les installations américaines en Irak par l’intermédiaire des milices chiites qu’ils ont créées, financées et qu’ils dirigent.  L’armée américaine grinçait des dents ; le Pentagone s’impatientait mais Donald Trump ne voulait toujours pas réagir. Jusqu’au jour où une attaque sur un camp américain a fait un mort. Un civil américain.

            Cette fois le président a dit qu’il allait faire quelque chose.  Seulement à Téhéran on ne l’a pas cru. Et c’est Soleimani lui-même qui a donné l’ordre de donner l’assaut à l’ambassade américaine ; Soleimani dont les hommes apparaissaient clairement parmi la foule des manifestants. Soleimani encore qui a pris l’avion pour Bagdad afin de coordonner la suite des événements. «L’arrogance précède la ruine et  l’altier la chute» nous dit la Bible [*]. L’Amérique se devait de réagir pour stopper cette escalade qu’on l’accuse aujourd’hui de provoquer. Une vérité d’évidence que les médias bien-pensants se gardent de voir.

[*]   Proverbes 16-18

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