Des enfants juifs esclaves de l’Égypte biblique dans une fosse commune ?

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Ill : Le site de l’Amarna d’Egypte, pris des falaises du désert au nord de la ville (Crédit : Mary Shepperson / Autorisation du projet Amarna)

AMANDA BORSCHEL-DAN – The Times of Israël

Ces nouvelles découvertes à Amarna, la capitale d’un roi exubérant « monothéiste », indiquent l’existence d’une main-d’œuvre juvénile remplaçable. Pourrait-il y avoir une connexion avec les Hébreux ?

Bien que les archives archéologiques ne consolident pas le récit biblique de l’Exode d’Égypte, à la lumière des récentes découvertes, on pourrait nous pardonner de nous poser la question pour savoir si ces fils hébreux qui n’ont pas été jetés dans le Nil n’étaient pas plutôt considérés comme des esclaves. Des découvertes, déterrées lors des fouilles de la capitale égyptienne d’Amarna, ont mis en évidence la manière dont étaient traités les anciens esclaves – quelles qu’aient été leurs origines – et leurs enfants.

La ville, située dans une baie isolée du désert à quelque 10 kilomètres du Nil, était le siège du Pharaon « monothéiste » égyptien, Akhenaton. Appelé « l’hérétique » par son propre peuple, Akhenaton a régné seulement 17 ans jusqu’à sa mort en 1332 avant l’ère actuelle. La découverte des lieux de sépultures d’ouvriers – construites et désertées sur une période de 15 ans – nous permet d’entrevoir ce qu’était le règne bref et les mœurs de l’époque.

L’archéologue Mary Shepperson, qui a précédemment participé à des fouilles avec le projet d’Amarna, a annoncé à The Guardian cette semaine la découverte de « simples tombes dans le désert d’Egyptiens ordinaires qui vivaient et travaillaient dans la ville d’Akhenaton et qui ne sont jamais partis ».

« Ils dépeignent le tableau de la pauvreté, du travail acharné, de la mauvaise alimentation, de la mauvaise santé, des blessures fréquentes et d’une mort relativement précoce », a-t-elle écrit en décrivant deux lieux majeurs d’enterrements d’ouvriers : le cimetière des tombes du Sud, rempli des restes d’homme et de femme de tous les âges, et le cimetière des tombes du Nord, qui a révélé quelques surprises.

« Alors que nous commencions à extraire les premiers squelettes du sol, il apparaît clair que les enterrements étaient encore plus simples que dans le cimetière des Tombeaux Sud, avec presque aucun mobilier funéraire prévu pour les morts et avec seulement un tissu rugueux utilisé pour envelopper les corps », a précisé Shepperson lorsqu’elle a décrit l’excavation, qui a débuté en 2015.

« À mesure que la saison a progressé, une tendance encore plus étrange a commencé à émerger pour les excavateurs. La quasi-totalité des squelettes que nous avons exhumés étaient encore en formation. Il y avait des enfants, des adolescents et des jeunes adultes, mais nous ne trouvions pas vraiment de nourrissons ou d’adultes plus âgés… C’était certainement inhabituel et un peu glauque », a-t-elle poursuivi.

L’analyse initiale a conclu que les restes étaient de jeunes personnes âgées de 7 à 25 ans, dont la majorité avait moins 15 ans lorsqu’ils sont décédés. En outre, a écrit Shepperson, la majorité des jeunes de 15 à 25 ans avaient été victimes d’une blessure traumatique et 16 % des moins de 15 ans avaient des fractures vertébrales et d’autres blessures associées habituellement à de lourdes charges de travail.

« De manière générale, c’était un lieu de sépulture pour les adolescents », a-t-elle déclaré.

Le traumatisme physique, la prolifération des enterrements multiples dans une seule tombe et le manque de mobiliers funéraires enterrés avec eux indiquent tous que les enfants avaient un statut peu élevé ou étaient des esclaves. Qui étaient-ils ? Cette question, cependant, reste un mystère.

« Le travail de type corvée, obligatoire et non rémunéré, a été fréquemment utilisé dans l’Égypte ancienne sur des projets majeurs », a écrit Shepperson, ouvrant la possibilité qu’ils soient égyptiens ou descendants d’esclaves non égyptiens.

« Une autre suggestion est que le cimetière des tombes du Nord peut représenter une population capturée ou déportée amenée à Amarna pour travailler. Ceci est parfaitement possible et pourrait expliquer l’absence de contact familial et le mépris apparent pour la vie jeune », a-t-elle écrit. « Nous espérons que les analyses ADN des os pourraient clarifier les origines géographiques des squelettes du Cimetière des Tombes du Nord ».

Quand il s’agit de savoir s’ils auraient pu être les enfants d’anciens esclaves hébreux, les universitaires ont généralement peu de doute, la réponse est non.

[…] Une grande partie de la correspondance existante entre l’Égypte et ses vassaux cananéens a été trouvée sous la forme de tablettes cunéiformes à Amarna. À partir de 1887, les pilleurs des tombeaux égyptiens ont commencé à creuser et à vendre les tablettes, qui ont été écrits principalement dans le langage diplomatique de l’époque, l’Akkadian.

Mentionné dans les tablettes, il y a un peuple appelé « Apiru » ou « Habiru ». Selon Pfeiffer et d’autres savants, le terme, bien qu’il ressemble au mot « hébreu » était plus un descripteur de classe sociale pour des groupes sans loi, Les sans terre qui vivent en dehors des villes et qui tentent de les piller.

En jetant un seau d’eau froide sur toute connexion possible entre le mot habiru et hébreu, l’ancien professeur de la linguistique sémitique de l’université de Tel Aviv, Anson Rainey, a déclaré : « la pléthore de tentatives de rapporter [le mot] apiru (Habiru) aux Ibri juifs ne sont que des douces illusions ».

Sans tenir compte du consensus académique, The Times of Israël a demandé au projet Amarna son point de vue sur la question de savoir si la fosse commune contenant les dépouilles des adolescents pouvait en fait être le dernier lieu de repos des enfants esclaves hébreux.

Le directeur du projet Amarna et le président de l’Amarna Trust, l’archéologue anglais et l’égyptologue, le professeur Barry Kemp, a répondu rapidement par courrier électronique.

« Je regrette mais je ne considère pas le récit de l’Ancien Testament comme une archive historique, et donc considère qu’il n’y a pas de lien entre Amarna et les ‘esclaves hébreux’ », a-t-il écrit.

« L’étude actuelle des os par des moyens conventionnels souligne une population hétérogène avec des liens vers différents groupes extérieurs, ce à quoi l’on pourrait s’attendre d’une capitale qui a attiré des personnes de nombreuses régions à une époque d’échanges internationaux très actifs », a ajouté Kemp.

Cependant, il a peut-être donné un petit espoir à cette journaliste, en concluant : « La mention de l’analyse ADN est un pointeur d’espoir sur ce qui pourrait être possible un jour, lorsque des installations appropriées pourront être utilisées au Caire ».

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