Entre Poniewezh et le Ghana : Eli Dan, le rockeur noir de Bené Brak

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Le chanteur et créateur Eli Dan sort son troisième album. Derrière les singles, l’histoire particulièrement fascinante du premier ‘harédi noir de Bené Brak

Né en Israël d’une mère juive et d’un père originaire du Ghana, alors jeune étudiant en Israël, Eli Dan est élevé par sa mère. Juste après sa naissance, son père retourne en effet au pays, laissant une maman seule qui fait alors techouva et intègre le monde ‘harédi de Bené Brak.

Noir comme l’ébène, Eli devenu grand est confronté au monde des Yechivoth et à la difficulté de se faire accepter te qu’il est : le seul Africain de Bené Brak. Mais Eli ne se laisse pas démonter, il se fraie un chemin qui le conduit jusqu’à la célèbre Yechiva de Poniewezh, qui, probablement pour la première fois de son histoire, reçoit sur ses bancs un Juif à la peau noire. Ce sont toutes ses expériences, en particulier les relations qu’ils renouent avec son père lui proposant de venir habiter au Ghana, qui forment le terrain sur lequel ce disque fabuleux a vu le jour.

L’histoire de Dan pourrait facilement être le prétexte d’un énorme roman. Et depuis que son disque est sorti, les médias ont longuement interrogé Eli Dan sur son histoire personnelle comme s’il avait écrit un livre – alors qu’il n’a fait qu’inventer quelques chansons.

Mais dès que le disque se met à tourner, on comprend pourquoi : le tubes s’écoutent comme si on feuilletait les pages d’un roman sensationnel. L’album qui porte le titre de « Nikra’ ben ha’olamoth » (déchiré entre deux mondes) exprime les sentiments de Dan à travers des chansons qui ne vous laissent pas indemne. C’est un vrai disque de rock avec quelques petites touches de musique électronique dans lequel la voix chaude de Dan laisse échapper les échos d’une vie où le cœur est roi.

Eli Dan a quasiment produit seul toutes les chansons de son album, les textes et les musiques. Exprimant ses doutes et ses protestations, son disque est aussi un hymne au courage et fourmille de petits conseils pour la vie.

En écoutant ce premier album, les paroles de la plupart des chansons vous habitent très vite comme s’il s’agissait d’un refrain déjà connu. Des airs qui vous parlent, et ce, malgré l’écriture relativement simpliste d’Eli Dan, ou plutôt grâce à cette écriture qui va droit au cœur.

Un album qui, comme d’autres, s’inscrit dans ce qu’on pourrait appeler la nouvelle vague de la musique juive au sein du monde ’harédi. Dans le passé, certains chanteurs ’harédi s’évertuer à chanter quelques mots sous la forme d’une mélodie le plus souvent trop simpliste. Mais aujourd’hui, nouveaux artistes ‘harédi, comme c’est le cas d’Eli Dan, se sont émancipés. Après avoir grandi sur les musiques de Mordekhaï Ben David ou d’Avraham Fried, ils ont su produire de vrais textes et mettre en avant leur personnalité ainsi que les messages qu’ils cherchent à faire passer. Quant au style musical, le rock n’est pas seulement une déclaration de principe : les artistes sont aujourd’hui de vrais créateurs qui ont fait leur propre expérience de la musique et qui savant la transmettre avec une grande maturité.

Un très bel album à voir et à entendre : http://www.kikar.co.il/video.php?vid=202884-294556

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