Est-ce que mon voisin me « plaie » ?

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Love heart between two house wood model for stay at home for healthy community together concept.

Réflexion sur la paracha de la semaine par le rav Mordekhai Bismuth

« Le Cohen ordonnera, ils retireront les pierres dans lesquelles est l’affection, ils les jetteront vers le dehors de la ville, vers un lieu impur » (Vayikra 14,40).

Dans les parachiyoth Tazria-Metsora’, la Tora nous parle d’un homme qui découvre qu’il a une plaie de lèpre sur une des parties de son corps, ses vêtements ou sur les murs de sa maison. Il doit alors appeler le Cohen pour qu’il vienne vérifier : est-ce que c’est bien la lèpre/tsara’ath ou non ? Un processus de vérification commence et à plusieurs reprises le Cohen le visitera et l’examinera pour définir la nature de cette affection. S’il s’avère qu’il s’agit de tsara’ath, « Le Cohen ordonnera, et ils retireront les pierres dans lesquelles est l’affection, ils les jetteront vers le dehors de la ville, vers un lieu impur ». En d’autres termes, les murs de sa maison doivent être détruits.

La Michna dans Negaïm (12;6) fait remarquer que la mention du pluriel (ils retireront), faisant référence aux pierres du mur de l’affecté, mais aussi celles du voisin. Si un mur était mitoyen à deux voisins, l’un Tsaddik, l’autre mauvais, et que la plaie atteigne le mur commun, on détruira ce mur, selon le dicton : « Malheur au méchant et malheur à son voisin » (rav ‘Ovadia de Barténora) Mais pourquoi le voisin devrait-il aussi détruire son mur ?

La Guemara (Arakhin 16a) nous enseigne : « Chemouël bar Na’hmani a dit au nom de rabbi Yo’hanan, que les plaies de Tsara’ath proviennent de sept choses, le lachon hara’, le meurtre, les faux serments, la débauche, l’orgueil, le vol et l’avarice. »

À la fin du traité Souka (56 b), la Guemara rapporte une Tossefta qu’au temps des Grecs et du Cohen gadol Matatia fils de Yo’hanan, qu’une certain Myriam, fille de Bilga renia sa religion et épousa un officier grec (Bilga était le nom d’un michmar, et « fille de Bilga » signifie que la famille de cette femme appartenait au michmar Bilga. Un Michmar est littéralement une garde, 24 familles se partageaient à tour de rôle le service au Beth-Hamikdach).

Quand les grecs envahirent le Beth-Hamikdach, elle s’approcha de l’autel, en le martelant avec sa chaussure, proféra des paroles injurieuses : « Lokos, lokos ! » (Loup, loup! en grec)  jusqu’à quand vas-tu encore engloutir l’argent d’Israël, des animaux qu’on apporte sur toi, alors que tu ne les aides pas en période de détresse ! Et la Tossefta poursuit et explique que lorsque les Sages ont eu connaissance de ce fait après la victoire des ‘Hachmonaïm, ils ont pris trois mesures de sanction contre tout le michmar de Bilga. La Guemara applique à leur sujet le dicton traditionnel : « Malheur au méchant,et malheur à son voisin ».

Et la Guemara demande : « Est-ce parce que la fille d’un michmar qui a agi ainsi alors son père doit-être pénalisé ? » Et la Guemara répond « oui », comme le montre le dicton populaire : « Ce qu’un enfant dit, c’est soit de son père, soit de sa mère qu’il l’a entendu ». De même cette Miriam, si elle n’avait pas entendu son père mépriser les sacrifices, elle n’aurait pas parlé ainsi. Aussi, parce que son père était chef de michmar, on a puni tous les membres du groupe ? « Oui », car « Malheur au méchant et malheur à son voisin ».

Tous les matins, nous récitons dans les bénédictions du matin de nous délivrer du mauvais voisin et des mauvaises fréquentations. C’est le terme « mauvais/ra’ » qui est utilisé et non « impie/racha’ ». Même si le voisin n’est pas forcément un impie, son influence dans la vie de tous les jours est dangereuse. Comme il est enseigné dans les Pirké Avoth (1;7), il est dit « Nitaï d’Arbel disait : « Éloigne-toi d’un mauvais voisin, ne t’associe pas à un impie …»
Cet enseignement est difficile à comprendre : s’il est interdit à une personne d’habiter près d’un mauvais voisin, n’est-il pas évident, a fortiori, qu’elle ne doit pas s’associer à lui ?!
Il aurait fallu, à première vue, mentionner ces deux points dans l’ordre inverse : « Ne t’associe pas à l’impie et éloigne-toi d’un mauvais voisin ». L’auteur de cette Michna semble nous enseigner ici que si l’homme ne s’éloigne pas d’un mauvais voisin, il finira par s’en rapprocher. Il sera influencé par ses mauvaises actions et, bien qu’il soit au départ tsadik, il deviendra avec le temps lui aussi impie.

Le rav Nissim Yaguen zatsal écrit : « Que David Hamélekh, débute le livre de Tehilim par : « Heureux l’homme qui ne suit point les conseils des méchants, qui ne se tient pas dans la voie des pécheurs, et ne prend point place dans la société des railleurs. David Hamélekh ne dit pas : « Heureux l’homme qui étudie la Tora sans arrêt », ou « Heureux l’homme qui applique toutes les mitsvoth »… Car il sait que toute la Tora et toutes les Mitsvoth ne pourront pas protéger l’homme s’il se joint à un mauvais entourage. Par conséquent, au début des Tehilim, il met l’homme en garde au sujet de ce grave danger.

La Guemara Ta’anit 24a rapporte un fait exceptionnel au sujet de rabbi Yossi de Youkrat assidu et plongé dans l’étude de la Tora, il ne perdait jamais une minute de son temps. Pour assurer sa subsistance et celle de ses proches, il louait son âne et pour ne pas interrompre son étude, il plaça un panier sur l’âne avec le prix de la location par jour en fonction de la distance parcourue. Lorsque le locataire plaçait la somme correspondant au trajet dans le panier, l’âne démarrait, mais si elle était manquante ou excessive, il ne bougeait pas. En fin de la journée, l’âne regagnait seul la maison de rabbi Yossi. Un jour, bien que la somme mise fut exacte, l’âne resta immobile sans vouloir repartir.
Le locataire surpris en cherchait la raison et découvrit bientôt qu’il avait oublié une paire de sandales sur le dos de l’âne. Ce n’est qu’après les avoir été ôtées de là, qu’il repartit chez son maître. Comment un âne peut en arriver à se comporter ainsi ? Est-il surdoué ?
C’est tout simplement parce que son maître rabbi Yossi était si scrupuleux dans les domaines monétaires, que ce comportement eut une influence sur tout son entourage jusqu’à son âne !

Rappelons que la génération du déluge était tellement corrompue que les hommes avaient réussi à influencer et endommager même les animaux et la nature, et si cela ne vous parle pas écoutez l’histoire suivante : rav Zamir Cohen rapporte un documentaire de la National Géographique qui explique qu’à San Francisco une espèce d’oiseaux était en voie de disparition. Après recherches, les analystes expliquèrent que les oiseaux étaient devenus homosexuels, comme une bonne partie de la ville ! Ce qui avait emmené à sa disparition.
À l’inverse ici, un homme pur, scrupuleux dans ses actions et cherchant à tout prix à ne pas causer de dommage à autrui, influence et sanctifie son entourage.

On comprend pourquoi la Tora ordonne au Cohen de détruire le mur mitoyen de celui qui avait contracté la tsrara’ath.

Efforçons-nous de faire attention à notre entourage et celui de nos enfants, que ce soit au travail, à l’école ou même la famille. Un entourage qui peut être physique ou matériel. Même un petit écran de 5 cm sur 10 pourrait avoir autant voire plus de conséquences néfastes qu’une personne peu fréquentable. Ouvrons les yeux, et restons attentifs.

Chabat Chalom!

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Rav Mordekhai Bismuth

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