Frères musulmans, Iran, les impasses de Narcisse président

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[Lire la Première partie (1/2)]

Les hommes du Renseignement à la peine quand l’exécutif est sourd

Les Services secrets sont… d’abord au service du pouvoir politique, comme les autres services régaliens ; même si la théorie démocratique indique qu’ils sont par principe au service de l’Intérêt général. Ils peuvent prendre tous les risques, envoyer tous les avertissements les plus importants aux gouvernements qui les subventionnent : si ceux-ci refusent jusqu’à l’hypothèse que des ennemis existent et œuvrent en silence pour les destituer, ils ne prendront pas en compte les informations qui leur remontent.

Prenons deux exemples : les années précédant la collaboration de la France avec Hitler et les années 2000-2019. D’étranges similitudes se dessinent lorsqu’on compare deux ouvrages ayant trait à ces deux périodes de notre histoire. Et ce qui est, en outre parlant, c’est que, sous couvert de l’anonymat les Services secrets en butte à leur contournement par l’exécutif, s’expriment et marquent leur frustration et leur dégoût de ceux qui les dirigent…pour peu que certains veuillent les entendre, en tous cas pour s’en désolidariser définitivement devant le jugement de l’Histoire.

Ces deux ouvrages qui se veulent des livres-témoignages, sont une nouvelle fois des appels désespérés au réveil et à la Résistance démocratiques des sociétés civiles en proie à la collusion de pouvoirs politiques indignes et, pour tout dire, finissant par verser dans la collaboration avec les tenants du totalitarisme.

 – Le premier livre, signé Philip John Stead, auteur de bons romans policiers et d’une histoire de la police française a été directement écrit en français, l’auteur étant parfaitement bilingue. Il s’intitule : Le 2ᵉ Bureau sous l’Occupation (1966, Ed. Fayard, coll. La guerre secrète). C’est une étude rétroactive passionnante sur le double jeu des espions du 2ᵉ Bureau, le service de Renseignement français chargé de l’espionnage de l’armée allemande entre les deux guerres, et après la signature de l’Armistice avec l’Allemagne de Hitler. Étant lié au Ministère de la Guerre, le 2ᵉ Bureau, poursuivit en France et à la barbe des Nazis et des Collaborationnistes, leur travail de sape des forces de l’Axe, en passant de manière détournée des informations utiles aux Alliés. Je ne peux ici m’étendre sur les procédés et les ruses qui permirent ce prodige mais les noms figurant au Tableau d’Honneur du Service de Renseignements entre 1940 et 1944 et ceux du Tableau d’Honneur des Services du Contre-espionnage et de la Sécurité Militaire 1940-1944 tous morts ou disparus, qui figurent à la fin de l’ouvrage, ainsi que les remerciements à la veuve du héros de la Résistance, Pierre Brossolette, Mme Gilberte Pierre-Brossolette, ainsi qu’à d’autres éminents Résistants, notamment le colonel Paillole et le général Rivet, qui occupèrent des fonctions de direction dans les Services du Renseignement durant la guerre – tout comme l’accord donné par Mme la Générale Gauché, veuve de l’ancien chef du Deuxième Bureau (1935-1940) pour que l’auteur cite les Mémoires de son mari, témoignent du sérieux de l’enquête de l’auteur.

– Le deuxième ouvrage est celui d’Alex Jordanov, susmentionné.

Des parallèles troublants se dessinent entre les deux enquêtes : synthétisons-les puis nous illustrerons chaque item :

  • Dans les deux cas le diagnostic est impitoyable : une confrontation avec l’ennemi est inévitable, même si on ne sait pas exactement quand ni quel en sera l’événement déclencheur ;
  • Il y a une faiblesse des moyens financiers, mais aussi en hommes capables, alloués au Renseignement en France ;
  • Les Services secrets sont infiltrés d’ennemis de la nation ;
  • La Justice est laxiste à l’égard des ennemis de la nation ;
  • Il n’y a pas de coopération entre la police et l’armée ;
  • Last but not least : il y a une surdité du pouvoir politique à la gravité de la situation qui est dépeinte avec faits objectifs à l’appui, par le Renseignement.
  1. Le diagnostic

Avant la signature de l’Armistice, le 10 mai 1940, le Général Gauché dînait avec Sir Winston Churchill le 26 août 1939, à Paris. Dans ses Mémoires, Churchill écrit que son invité lui présenta « tous les chiffres concernant les armées françaises et allemandes, en présentant la qualité de chaque division. Le résultat m’impressionna si fort que, pour la première fois, je lui dis : – C’est vous qui êtes les maîtres… » Le 1ᵉʳ septembre à l’aube, les Allemands envahissaient la Pologne. Ce n’était pas une surprise car le Deuxième Bureau avait signalé que 64 divisions étaient massées à la frontière polonaise (Goering, plus tard, révéla qu’il y en avait 70 ; l’espionnage français ne s’était pas trompé de beaucoup…). Cette campagne fut un modèle désormais classique de guerre-éclair et, à la mi-septembre, les Allemands étaient déjà en mesure de commencer à diriger leurs forces d’invasion vers l’Ouest. » (P.J. Stead, ouv. cité, p. 30). Dès les années 30, le 2ᵉ Bureau était capable de fournir à l’État des chiffres alarmants sur les industries de réarmement rapide de l’Allemagne en complète rupture avec les clauses du Traité de Versailles. Il était déjà clair que l’Allemagne se préparait à la guerre. Ces informations ont été archivées et témoignent clairement de la qualité du travail des hommes du Deuxième Bureau.

Par exemple la Reichswehr ne pouvait excéder 100.000 hommes, mais elle avait été structurée en armée de métier, soumise à un entraînement féroce. Elle était animée d’un esprit particulièrement belliqueux. Quant aux dépenses de l’armée allemande, elles montèrent, après les années 30, à 40 % du budget total. La destruction des vieux chars, des vieux canons et des vieux avions profita à l’armée allemande qui se modernisa, tandis que l’armée française restait loin en arrière. Tout cela fut documenté mois après mois par les espions du 2ᵉ Bureau et transmis à l’État de la IIIème République.

On comprend que notre Renseignement actuel ne puisse pas délivrer au grand public un tel détail d’informations couvertes par le Secret d’État. Mais les informateurs d’Alex Jordanov le disent : « La confrontation avec ‘’l’islam’’ est inévitable. » A. Jordanov, ouv. cité, p. 36. N.B. C’est Jordanov qui met l’islam entre guillemets, pour répliquer la façon de s’exprimer de son informateur.

On y apprend aussi que « La guerre est un business, tout se vend ». Les Syriens affamés par quatre ans de conflit proposent tout ce qu’ils ont à leur disposition pour une poignée de dollars et au plus offrant. (…) Notre hôte (…) nous parle d’un collègue qui imprime et revend des vrais-faux passeports syriens. Des milliers de passeports vierges auraient été dérobés au gouvernorat de l’État syrien à Deir ez-Zor ou à Homs. On ne sait jamais trop avec les Syriens. Ils ne disent jamais tout et jamais tout de suite. Pour nous, poursuit Jordanov, filmer une séquence « imprimerie » pour illustrer le tsunami de migrants qui déferle sur l’Europe, c’est du pain bénit. L’imprimeur habite à quelques ruelles de là. (…)

– J’ai imprimé le passeport retrouvé à Paris, près du stade. Mais je ne savais pas. Je l’ai appris en regardant les informations sur internet après les attentats, et je me suis souvenu du mec. Je ne suis pas sûr, mais je crois que j’ai mis son vrai nom, il n’était pas venu ici. Je pense qu’il était irakien.

– Mais tu as imprimé combien de passeports ?

– Des centaines, tous pour les migrants.

– Les Syriens n’ont pas de passeports ?

– J’en sais rien. Je ne pose pas de questions. Soit ils les ont perdus avec la guerre, soit ils veulent cacher leur vraie identité.

– C’est-à-dire ?

– Les types d’Islamic State, d’Al-Nosra, ils me donnent la photo et le nom. C’est un business, moi aussi je dois payer les passeports. C’est une chaîne. C’est pas moi qui les ai. Moi j’imprime, c’est tout. Souvent « les clients » ne viennent pas eux-mêmes, d’autres viennent à leur place avec l’argent et la photo. (…)

Il est vrai que quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, en février 2015, l’État islamique avait prévenu les Occidentaux par un communiqué peu commenté. Ils allaient « envahir l’Europe » pendant l’été avec 500.000 migrants venus de Lybie et de Syrie. Parmi les vagues successives de réfugiés, ils allaient dissimuler leurs « soldats de l’Apocalypse », une sorte de cheval de Troie gigantesque au cœur de l’empire des infidèles et des mouratadeen (renégats). Ou sont passés les hommes qu’ils ont envoyés en Occident ? Combien sont-ils aujourd’hui ? Les Services ont du pain sur la planche. (…) Avec Nick nous nous sommes demandé pourquoi les services occidentaux n’avaient pas voulu s’intéresser à cette liste de faux passeports cachés dans le disque dur de cet imprimeur de fortune. Des identités qu’ils peuvent retrouver en Europe. L’homme estime à la louche avoir imprimé entre 600 et 800 passeports à lui tout seul. « Certains des types qui viennent me voir changent de nom, veulent une nouvelle identité par la même occasion. Selon lui ils seraient trois ou quatre imprimeurs dans le nord de la Syrie ayant ainsi récupéré des appareils de fabrication officiels. (…) la guerre touchant à sa fin, curieusement, peu de rédacteurs en chef ont voulu investir dans ce type d’information. Pas plus, apparemment, que les Services français dont les ressortissants dans la région d’Alep se comptent pourtant par centaines. L’État islamique est militairement vaincu, l’intérêt médiatique s’est orienté vers les « revenants » et les versions mobiles de Daesh, sa version « d’après ».

Alexandre Jordanov, pp. 106 à 110.

  1. La faiblesse des moyens.

Les fonctions du 2ᵉ Bureau étaient, pour l’essentiel, la « protection des secrets et du moral national contre les Services adverses. Les efforts accomplis dans ce sens ont été étudiés par leur principal responsable, le général Guy Schlesser (cf. Bulletin de l’Amicale des anciens membres des Services de Sécurité militaire et des réseaux T.R[1]., numéro 9.) » P.J. Stead, p.23.

Face à une mission de cette ampleur, vitale, qui plus est, pour la sécurité nationale, on se serait attendu à un effort financier et humain significatif de la part du gouvernement français. Le général Rivet, à l’époque chef de la Section allemande des Services de Renseignements français, écrit à ce sujet que « l’Allemagne hitlérienne s’était dotée du plus redoutable système de surveillance et de répression qu’on n’eût jamais connu. Il était présent à tous les niveaux de l’État et jusque dans la vie même des citoyens. De son côté, l’État-major allemand, familiarisé depuis vingt ans avec le travail clandestin, avait introduit dans l’armée ses habitudes et ses méthodes, où le souci du secret était poussé jusqu’à l’extrême. Nous voulons dire par là, notamment, que la mise au point de la transmission des ordres s’effectuait selon des règles strictes qui, au moment de la campagne de Pologne, empêchaient déjà l’adversaire de mettre la main sur des documents d’État-major (…). Rappelons que les grandes décisions d’Hitler n’étaient communiquées qu’à ses proches collaborateurs et seulement lorsque les préparatifs qu’il avait ordonnés, sans préciser prématurément leur objectif, lui semblaient réalisés.

(…) Entre les deux guerres, le contre-espionnage français semble avoir été assez peu efficace jusqu’à la veille des hostilités. La France est, traditionnellement, un pays de tourisme et elle a longtemps compté de nombreux résidents étrangers. Il est curieux de noter que le 1ᵉʳ juillet 1937 il y avait 16987 Allemands à Paris et moins de 500 Français à Berlin, la plupart des seconds attachés à l’ambassade et au consulat. On devine immédiatement l’impossibilité de surveiller efficacement de si nombreux « touristes », même si, bien entendu, la plupart étaient tout à fait inoffensifs. » (Ibid., p. 22 – 23).

« Après la victoire allemande (…), le Cinquième Bureau acquit une importance capitale et l’utilité du Deuxième Bureau se trouva extrêmement diminuée. » (ibid. p.41). Ce Cinquième Bureau, étudié dans le chapitre 3 du livre, était dirigé par le lieutenant-colonel Louis Rivet. Il contrôlait les services secrets des armées, le contre-espionnage et les Services techniques (radio, photographie, code). Il était disséminé dans les régions de garnison aide aussi à Alger. Les contacts avec l’Intelligence Service britannique étaient réguliers. Toutefois, la défaite de la France entraîna la dispersion officielle mais pas officieuse du personnel du Cinquième Bureau : « Pour les membres réguliers du service, il n’était pas question de faire autre chose que de rester à leur poste. En fait, en juin 40, le Cinquième Bureau tout entier décida de poursuivre la guerre. Groupés le long de la Garonne, les Services spéciaux commencèrent à se réorganiser, en vue d’une nouvelle phase de combat. L’ordre du colonel Rivet était catégorique : « La lutte continue, quoi qu’il arrive. » Cet ordre ne devait jamais être rapporté.

Le courage et le patriotisme, pourtant n’ont jamais suffi à assurer l’existence effective d’un service qui a besoin d’un commandement, de matériel et d’argent. Lorsqu’il s’agit en outre d’un Service Secret et qu’un ennemi victorieux est aux aguets, ces choses ne sont pas faciles à obtenir. Or le gouvernement français venait de signer un armistice aux termes duquel il s’engageait à cesser toute action de ce genre et à supprimer le Cinquième Bureau. (…). Les Allemands consentirent à l’existence du Deuxième Bureau : ayant trouvé normal qu’il y eût une armée dans la zone libre, il était normal qu’ils approuvassent l’existence des départements traditionnels d’un État-major en temps de paix. Cela signifiait que les hommes du général Gauché pourraient rester à leur poste. (…) Gauché (…) allait confier le Deuxième Bureau au lieutenant-colonel Baril, un esprit rigoureux de sa sorte. Baril dirigea le Deuxième Bureau jusqu’au jour où ses imprudents pronostics touchant la défaite allemande lui coûteraient sa place et le feraient envoyer en Afrique du Nord, où il allait se retrouver parmi ceux qui préparaient le terrain pour le débarquement de novembre 1942. Tant qu’il était à Vichy, Baril fut considéré comme un homme sur qui ceux qui résistaient aux Allemands pouvaient compter. » (Ibid., p. 45).

On voit donc que les Services secrets furent des chevilles ouvrières du maintien du moral de la France occupée, nonobstant la faiblesse des moyens matériels qui leur étaient alloués. Cette mission est absolument capitale pour une nation qui veut récupérer sa souveraineté, et rien, ni l’oppression ni la collaboration de l’Exécutif, ne peut en venir à bout si le sentiment du bon droit existe. La leçon est à retenir.

Aujourd’hui c’est aussi le peu d’attention portée par le Pouvoir en place à son Renseignement qui frappe

Visionnaire, Patrick Calvar était assis tout en haut de la pyramide des services avant son remplacement par Laurent Nunez en 2017 (brièvement) puis par Nicolas Lerner. Il a une vue globale du monde du Renseignement et de ce qui nous attend. Moins pessimiste sur l’état de nos forces de sécurité intérieure, sa vision n’est toutefois pas très éloignée des hommes sur le terrain, avec une mise en garde :

« Les jeunes des services vivent très mal qu’on puisse laisser des familles imaginer que leurs proches sont morts à cause d’incompétents. Il faut s’interroger sur la capacité de résilience de la société. Et si vous créez un climat d’anxiété et de peur dans les Services, c’est très dangereux ; on peut être tenté par la fuite en avant ou l’abdication. (…) »

« Vous verrez aussi que l’évolution en cours posera demain de nombreux problèmes démocratiques tant s’élargira le fossé, déjà grand, entre les élites politiques et les élites scientifiques. On ne comprend pas la vitesse à laquelle va le progrès. Nous aurons, un jour ou l’autre, un bras de fer avec les opérateurs et pas seulement les opérateurs américains – le principal réseau utilisé par les terroristes, Telegram, est russe. »

« Voilà trente-neuf ans que j’exerce ce métier : je pense que l’Europe est en très grand danger, on ne perçoit pas la montée de la colère et on ne voit pas venir l’affrontement entre communautés qui risque d’être brutal. »

( Alexandre Jordanov, pp. 73 – 76).

  1. Les services français infiltrés.

P.J. Stead : « Le problème était encore compliqué par le fait que le gouvernement français et l’opinion publique refusaient de prendre l’espionnage au sérieux. C’est ainsi, par exemple, que les ambassades et les consulats français employaient des étrangers, fût-ce pour le travail de bureau, alors que le personnel des ambassades et des consulats allemands était allemand à cent pour cent. Les dossiers de l’Armée française étaient rangés dans des classeurs dont tout le monde avait les clés. Un abonnement à une revue militaire française suffisait à un agent étranger pour se procurer des renseignements que les renseignements français n’avaient obtenu qu’au prix d’efforts et de risques énormes. En Allemagne, l’Annuaire de l’Armée était un document secret ; en France, on le trouvait dans toutes les bonnes librairies. (…) »

« Sait-on (écrit le général Schlesser) que la main d’œuvre étrangère employée dans nos travaux de fortification ou dans nos usines atteignait et dans certains de nos départements (la Meurthe et Moselle notamment) dépassait la proportion de 45 % ? Sait-on que, de l’autre côté du Rhin, un Allemand à 100 %, un pur aryen allemand dont toute la proche famille vivait en Allemagne mais dont de proches parents avaient émigré, n’était pas autorisé à remplir les mêmes emplois ? » (p.23 – 24)

En ce qui concerne le livre d’A. Jordanov il est bien difficile de lui faire dire ce qu’il ne dit pas : d’une part le Renseignement français est tributaire des services de très nombreux espions originaires d’Afrique du Nord et pour cause : pour infiltrer des mosquées radicales il faut parler arabe et savoir faire la prière car on est scruté de près dès l’entrée. Il faut connaître les codes linguistiques et culturels des Arabo-musulmans sur le bout des doigts. Il ne reste plus qu’à se fier à ces espions possédant une double culture, ou surtout avoir suffisamment de psychologie pour sonder leur motivation réelle à s’engager dans les Services secrets de la France.

Mais bien des signes d’inquiétude demeurent concernant des personnalités centrales comme Hakim El Karoui, un proche de Macron désigné par lui pour organiser l’ « Islam de France » et qui est à l’origine de l’idée de confier celui-ci aux… Frères musulmans ! Cf l’article de l’Observatoire de l’islamisation, du 28 janvier 2019.

La police et l’armée ne sont pas en reste : la République ne s’occupe en principe pas de la religion de ses citoyens et l’on sait que Mohammed Merah fut aussi un tueur de musulmans. Le problème est qu’à partir de l’entrée en masse des musulmans dans les services régaliens de l’État (cf. le blog d’Antonin Campana, Guerre civile en France : une analyse des forces en présence, 20 août 2019), comment fera-t-on pour éviter qu’une minorité fanatique n’intime aux autres, par intimidation et chantage au terrorisme, l’obligation de se rallier à une version dure de l’islam ? Le totalitarisme est toujours venu au pouvoir par l’activisme laissé à lui-même d’une minorité décidée à en découdre avec une majorité suiviste.

  1. Une Justice laxiste

P.J. Stead : « La justice militaire, elle aussi, était notoirement indulgente dans les affaires concernant la sécurité. Les traîtres traduits devant les conseils de guerre se voyaient frappés de sentences légères pour des crimes qui, en Allemagne, eussent entraîné la peine de mort. Le général Schlesser fut désavoué par les autorités lorsqu’il protesta contre la peine ridicule infligée à un sous-officier français qui avait vendu à un consul italien les plans de sa batterie. Jusqu’en juin 1938, date à laquelle l’espionnage au profit d’une puissance étrangère devint un crime capital, il entraînait au maximum une peine de prison – cinq ans jusqu’en 1934, vingt ans jusqu’en 1938. » (p.24)

Alexandre Jordanov :

« À noter que Bernard Squarcini avait insisté et fait état de la vulnérabilité du Bataclan dès 2010, à la suite d’un attentat dans le centre historique du Caire faisant 25 blessés et une victime française âgée de 17 ans. Les autorités égyptiennes arrêtent une Française d’origine albanaise et Farouk Ben Abbes, un Belge, proche de Fabien Clain (la « voix » de l’État islamique). Ils seront relâchés faute d’éléments fournis par les services égyptiens, qui retrouvent aussi sur eux un projet d’attentat sur le Bataclan et malgré la mise en garde du patron de la DCRI[6]estimant qu’ils représentaient une dangerosité extrêmement élevée. Aujourd’hui Ben Abbes est libre et réside à Toulouse sous contrôle judiciaire. » (A. Jordanov. p. 76).

  1. Pas de coopération Armée – Police.

P.J. Stead :

« Une partie du mal venait du fait qu’en temps de paix le Contre-espionnage était, d’après la loi, du ressort du Ministère de l’Intérieur. Entre 1930 et 1935, le Service officiel de Contre-espionnage était constitué par 130 commissaires spéciaux de la Sûreté nationale attachés aux Préfets et habituellement chargés de s’occuper d’affaires politiques, comme il était assez naturel au cours de ces années où l’État avait à faire face au danger fasciste et au danger communiste. Chacun de ces commissaires avait son propre secteur, ce qui signifie qu’un problème d’intérêt national était traité presque exclusivement au niveau régional. La coopération entre la police et l’Armée était négligeable (…) En 1936 et 1937, la Section allemande [des Services spéciaux de l’Armée, en charge du Contre-espionnage] établit une première liste complète de suspects et rédigea le premier rapport sérieux sur l’activité et les projets du Service d’espionnage allemand en France. En 1938, elle demanda – et se vit refuser – l’arrestation d’hommes qui, après l’armistice, allaient devenir les principaux ‘’collaborateurs’’ des Allemands, notamment Déat et de Brinon. » (P. 24 – 25).

« La police. Source de renseignements et bras armé du gouvernement pour tout ce qui touche à l’ordre public, la police joue un rôle clé lors des prémisses d’une insurrection ; elle est donc la première des organisations loyalistes que les insurgés s’emploient à infiltrer et à neutraliser.

L’efficacité des forces de police dépend de leurs effectifs, de la compétence des individus, de leur loyauté au gouvernement, et par-dessus tout de la qualité de leurs relations avec les autres administrations, en particulier avec la justice. Si des insurgés identifiés et arrêtés par la police peuvent bénéficier de complicité à l’intérieur du système judiciaire pour leur permettre d’être relâchés, la police est impuissante. Bien que très difficile, une prompte adaptation du système judiciaire aux circonstances exceptionnelles de l’insurrection est une nécessité.

Ici encore, on peut reprendre l’exemple de l’Algérie. En 1954, le total des effectifs de police du pays ne dépassait pas 50000, à peine plus que la police de la ville de Paris. Lors des premiers signes de l’insurrection, la police d’Algérie lança des signaux qui ne furent pas entendus. Un an après le début des événements, l’Assemblée nationale française donna enfin au gouvernement les ‘’pouvoirs spéciaux’’ nécessaires. Entre-temps, la police, particulièrement ses membres musulmans, avait été engloutie dans le chaos. » David Galula[7], Contre-insurrection, théorie et pratique, traduction de l’américain et présentation par Philippe de Maintenon, Ed. Économisa, 2008, p. 49-50. 6.

Les agents secrets qui se sont confiés à A. Jordanov soulignent à de multiples reprises les lourdeurs administratives qui les bloquent dans leur travail et notamment l’absence de coopération armée – police :

« Visiblement la question de la passivité inexplicable des militaires le 13 novembre devant le Bataclan déchaîne immédiatement les passions chez les hommes du renseignement. Les militaires de l’opération Sentinelle présents ce soir-là vont refuser de prêter leur aide et à défaut leurs armes et leurs trousses d’urgence médicales aux policiers de la BAC (Brigade anticriminalité) arrivés les premiers sur les lieux ».

Personne à ce jour ne sait avec certitude qui leur a donné cet ordre. Un sujet explosif pour les hommes de la DGSI. Le ton monte et notre conversation devient d’un coup désordonnée et part dans tous les sens :

– Je suis désolé, moi je lui dis : « Je vous réquisitionne votre arme. Tu ne veux pas y aller ? Tu me donnes ton arme ! »

– Moi je le braque, je lui pique son calibre.

– Le taulier de la BAC qui y est allé malgré le refus des militaires, il a fait le job, lui. C’est un Corse. Si j’ai bien compris, on a pensé à lui pour reprendre la PP (Police politique). Il mérite, ce serait le nouveau flic « le mieux informé de France ».

Lors de son audition devant des parlementaires choqués par les propos étonnants du général Bruno Le Ray (gouverneur militaire de Paris) sommé de s’expliquer sur le refus d’assistance des militaires, ce dernier va se couvrir de ridicule et indirectement couvrir de ridicule les militaires français :

« Il est impensable de mettre des soldats en danger dans l’espoir hypothétique de sauver d’autres personnes, […] ils n’ont pas vocation à se jeter dans la gueule du loup s’ils ne sont pas assurés de disposer de chances raisonnables d’accomplir leur mission. »

– Il n’y a aucune explication à donner, des gens se font tuer à l’intérieur, il y a des morts dedans, dehors sur le trottoir…

– À quoi ça sert d’être beau dans ton uniforme de Golgoth si tu n’y vas pas ? Si tu n’y vas pas là, tu vas nulle part ! C’est pas la peine de faire « moi Régiment machin-para, à Bamako, tralala… » T’es là pourquoi !? Sécuriser le périmètre !? Faire des selfies avec les touristes ?

– Le gouverneur militaire Le Ray…il a fait carrière derrière son bureau, il ne sert à rien. » (P. 73 – 74).

  1. Un pouvoir politique sourd.

Concernant l’exécutif de la France dans les années 30, les citations précédentes montrent assez le peu d’attention qu’il portait aux informations lui remontant de ses Services secrets.

Alexandre Jordanov n’a pu avoir les informations qu’il a obtenues qu’en acceptant de ne pas tout dévoiler de ce qu’il savait : « Nous avons choisi de supprimer certains chapitres déjà « en boite », comme sur le nucléaire iranien ou la vie privée d’un ancien président. Des affaires en cours ou trop identifiables. » (p.11 – 12) Énorme ! Il en dit trop ou pas assez, non ?

Il poursuit : « Des conversations [avec les agents secrets] en complet décalage avec le spectacle de l’information proposé par les médias. Un spectacle de surface auquel nous assistons, passifs. Un spectacle qui évite de faire naître en nous la moindre question, cachant l’immobilité mentale à laquelle l’opinion publique est conditionnée. (…) On a des antennes dans le pays. On connaît les moyens des uns et des autres. Si Ghlam avait réussi à tuer quelques dizaines de Français dans une Église à Villejuif cet été, c’était la fin. On ne contrôle plus rien à ce stade. » (…)

« Depuis le 11 septembre 2001, quelques 400 Français et presque 2000 citoyens européens sont morts victimes du terrorisme. Tout le long de sa campagne présidentielle, le président Macron a traîné les pieds pour se positionner face au terrorisme islamiste. Un an après son élection, il a rendu hommage au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame avant de demander la clémence pour un lieutenant-colonel d’un autre genre : Alexandre Benalla. L’un s’est sacrifié pour sauver une femme face à la haine terroriste, l’autre, proche du président et aux multiples privilèges bafoue son contrôle judiciaire et signe des contrats juteux avec des hommes de Poutine.

Un message pour le moins brouillé, envoyé aux militaires et au monde du renseignement… « Il donne le ton », m’ont fait remarquer les hommes de Levallois. (…)

Mais le président repousse toujours à plus tard son grand discours sur la laïcité. Un sujet sensible, une frilosité qui se répercute et dégringole comme des dominos au sein des administrations françaises. Un sujet incendiaire qui a amené une douzaine de généraux droitistes au sommet de la hiérarchie militaire à piétiner leur obligation de réserve et à accuser le président de « trahison à l’égard de la nation » dénonçant la signature par la France du pacte mondial des migrations, dit « de Marrakech ». « Vous ne pouvez pas décider seul d’effacer nos repères civilisationnels et nous priver de notre patrie charnelle. (…) Votre élection ne constitue pas un blanc-seing », lui ont-ils asséné dans une lettre ouverte en janvier 2019. » (pp. 11 à 14).

Un tel rappel à l’ordre en infraction avec toutes les règles de la loyauté des militaires à l’égard de la puissance publique explicitement accusée de « trahison » ! … Décidément nous ne vivons plus sous un régime politique « normal ».

Cette situation touche aujourd’hui ses limites : un président comme Emmanuel Macron, tout cultivé et intelligent qu’il soit, ressemble étrangement au portrait de Narcisse qui ne veut rien savoir de l’Autre et n’aime que soi et ses propres phantasmes. Le boomerang du réel lui revient parfois sous forme de Gilets jaunes jetés à la figure : alors il prend peur et se met en mode « copy » en palabrant des heures durant pour couvrir leurs voix. Face aux Frères musulmans, il réagit en mimant leurs procédés : renier la laïcité, s’ouvrir au multiculturalisme racailles incluses, bref danser avec les loups, comme ne songeant qu’à sa propre sécurité et non plus à celle des citoyens de la nation qu’il est censé diriger. Aujourd’hui, l’Iran et ses centrales nucléaires menacent non seulement Israël mais la paix du monde (lire sur France info du 26 août 2019 l’article intitulé Sommet du G7 : à quoi joue la France dans le dossier du nucléaire iranien ?) et Macron reçoit Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères au G7, avec le sentiment d’être béni des dieux pour le rôle inestimable de Médiateur providentiel entre Hassan Rohani, le président iranien et le reste de la planète qui lui apparaît comme lui étant ainsi dévolu, tandis que les journalistes de BFM se pâment devant sa « diplomatie créative » du niveau de celle d’un de Gaulle ! Chapeau l’artiste… ou pas : quand on s’intéresse à ce que veut cette théocratie rétrograde qui mène ses sujets à la schlague, viole tous les droits de l’Homme, prône un antisémitisme exterminateur, on voit que Macron est l’Enfumeur numéro un, allié des enfumeurs enturbannés et de leurs sbires.

Quant à le comparer à de Gaulle, il y en a qui ont perdu tout sens de la mesure : de Gaulle qui avait immédiatement vu clair en Pétain et l’avait dénoncé pour le collabo et le facho qu’il était ! Ils ont étudié l’histoire entre deux shoots de cannabis les journaleux de BFM ou quoi ???!!!

L’idée qu’une colonne vertébrale propre lui permettrait d’évincer une cinquième colonne infiltrée en métastases par tout le corps social et politique ne lui vient même pas à l’esprit à notre Pire-cédant ! Au contraire ! Il appelle cela du fascisme !

La société civile de retour

Il reste aux simples citoyens que nous sommes à nous dire sérieusement que nous ne pouvons plus compter sur le pouvoir politique mais seulement sur nous-mêmes et le système D (D. ?!) pour nous en sortir…

Et du reste cela est tout à fait conforme à la théorie de la contre-insurrection de David Galula et au travail de fourmi des services secrets sur le terrain : pour combattre avec efficacité des terroristes intimement mêlés à la population civile, il faut contre-infiltrer cette population civile et la persuader par des arguments tangibles que c’est en coopérant avec le Renseignement et les forces saines de la nation qu’elle vivra et fera vivre ses enfants en sécurité et non en collaborant avec l’ennemi intérieur. Or il y a beau temps que nos politiques ont, par la suppression de la carte scolaire (merci Ségolène Royal !) et l’abandon des « quartiers », favorisé la création de ghettos de la délinquance, de la drogue et de la radicalisation islamiste. Pain béni pour les Frères ! Et la conclusion ubuesque de tout ça : les Frères à la tête de l’AMIF autrement dit en charge de la paix sociale !

Oui, notre société est bien un grand corps malade à la renverse… Aura-t-il encore un sursaut de vie…avant la fin ?

La réponse dépend de nous tous, de chacun à son poste qu’il soit professionnel ou personnel : comme en 39-45, si faibles soient-elles, les marges d’initiative existent toujours. Le pouvoir politique, en démocratie, ne l’oublions jamais, n’est que le représentant du peuple souverain. C’est à nous d’instaurer une pensée créative au quotidien pour désamorcer le Mal qui progresse.

Quelques exemples :

  • Quid du programme de l’UNESCO qui a reçu la bénédiction du Conseil de l’Europe : « Principes directeurs à l’attention des éducateurs pour combattre l’intolérance et la discrimination à l’encontre des musulmans : aborder l’islamophobie à travers l’éducation. » cf. unesco.org? Écrivons à nos députés pour contrer cette perversion du langage et de la pensée.
  • Quid de l’achat du dictionnaire Larousse qui assimile critique de l’islam donc islamophobie et racisme frappant les musulmans, à l’image des mollahs iraniens et des islamistes sunnites ? Boycottons le Larousse !
  • Quid de la tolérance du prosélytisme décolonial et du racisme antiblancs dans nos universités ? Écrivons aux présidents des universités de nos académies pour exprimer notre désaccord.
  • Quid des filles voilées dans la formation des Maîtres contrairement à l’avis de la Direction des Affaires Juridiques (fr « ESPE : les stagiaires astreints à la neutralité ». Note de la Direction des Affaires Juridiques du 22/01/2015- la DAJ tente, sans être bien relayée par les Ministres de l’Enseignement supérieur, de poser des limites à l’hypocrisie des étudiantes en IUFM et aujourd’hui ESPE qui arborent leur voile durant la formation au mépris de la neutralité et de la défense de la laïcité qui devraient être leurs priorités) ? Envoyons cet avis aux directeurs de l’Espe[8] de notre académie pour lui demander de le respecter.
  • Quid du courage de représenter au théâtre Mahomet ou le fanatisme de Voltaire ? Demandons aux maires de nos communes et aux compagnies de théâtre de monter cette pièce en sécurisant policièrement les représentations ! Cessons de considérer tout cela comme une façon de « chatouiller la fatwa » selon l’expression hideuse d’Olivier Roy, directeur de recherches au CNRS – excusez du peu ! – et qui semble avoir donné le signal d’une honteuse reddition de la France avec armes et bagages en 2006 par ces mots, face à la subversion culturelle de l’islam politique dans notre pays ;

D’autres exemples de cette résistance civile sont à chercher et à mettre en œuvre pour chacun(e) de nous. Soyons des citoyens – et pas seulement des voisins – vigilants !

Que feront les cadres des Frères promus à l’AMIF face au simple exercice de nos droits les plus élémentaires chez nous ? Que diront les madrés Tariq Oubrou et Dalil Boubakeur à leurs ouailles ? Comment le président Macron sécurisera-t-il ces manifestations de nos valeurs et de notre culture ? C’est bien là, oui, que tous les masques enfin, tomberont. Société civile, ton avenir est entre tes mains.

« Certains Européens ne se réveilleront pas avant que les missiles iraniens ne leur tombent dessus. Mais alors il sera trop tard, bien sûr » a déclaré Binyamin Netanyahu à l’attention de l’Union européenne suite aux déclarations de Frederica Maria Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, qui a affirmé que les actions de l’Iran ne constituaient pas des violations significatives de l’accord. (Actualité juive – Numéro 1533 – jeudi 25 juillet 2019.)

Ainsi va l’Europe…NL♦

Nadia LammMABATIM.INFO

[1] T.R. pour « Entreprise Générale de Travaux Ruraux » était le nom de couverture pour les Services secrets en 39-45.
[2] DGSI : Direction Générale de la Sécurité Intérieure
[3] SDAT : de Sous-Direction Anti-Terroriste
[4] PJ sigle de Police Judiciaire
[5] RT : Renseignement Territorial
[6] DCRI Direction Centrale du Renseignement Intérieur. Remplacé en 2008 par la DGSI.
[7] David Galula (1919 – 1968) Français d’origine et Juif, entre à l’école Saint Cyr à la veille de la Seconde Guerre mondiale. À la fois acteur militaire, notamment en Algérie et en Extrême – Orient – et brillant théoricien de la guerre révolutionnaire et de la manière de contre-carrer celle-ci, il théorise une stratégie de la contre-insurrection qui le hisse au rang de principal stratège français du XXᵉ siècle aux yeux de la communauté militaire américaine.

[8] ESPE : École Supérieure du Professorat et de l’Éducation. Remplace les IUFM en 2013

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