» Israël a refusé de tuer Khomeini pour ne pas avoir ‘le monde entier contre nous’ « 

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(FILES) In this file photo taken on September 26, 1980, the late founder of the Islamic Revolution Ayatollah Ruhollah Khomeini salutes his followers in the Iranian capital Tehnan. - Khomeini was an austere and charismatic cleric who became an icon of the 20th century for standing against the West and bringing down Iran's monarchy, but also for his revolutionary ideas about Islam’s role in politics. The black-turbaned Shiite scholar spent more than 14 years in exile before returning to his homeland at the age of 76, two weeks after mounting protests forced the shah to flee into his own exile. (Photo by Stig NILSSON / AFP)

Israël a eu raison de ne pas éliminer Khomeini, a affirmé un ancien agent du Mossad à Sputnik, estimant que dans ce cas-là, le monde n’aurait jamais réalisé l’ampleur du problème que présente «le régime de l’ayatollah».

Comme chaque année, cet ancien agent du Mossad et chef de l’agence israélienne de renseignement en Iran va observer les festivités qui se dérouleront à Téhéran pour marquer la fin du règne du chah et l’instauration de la République islamique en février 1979.

Pourtant, dans une interview accordée à Sputnik, Eliezer Tsafrir s’est souvenu de temps meilleurs où les Israéliens étaient les bienvenus en Iran et où Téhéran « ne menaçait pas d’effacer Israël de la face de la Terre ».

La nostalgie du passé

Bien que l’Iran se soit opposé au plan de partage de 1947 de l’Onu qui divisait la Palestine entre Juifs et Arabes, il a été le deuxième pays à majorité musulmane, après la Turquie, à reconnaître le nouvel État en 1948.

Israël accordait de l’importance à ses liens avec le pays musulman, surtout à la lumière de l’animosité manifestée par ses voisins arabes. L’Iran, de son côté, craignait le panarabisme croissant sous la direction du dirigeant égyptien de l’époque, Gamal Abdel Nasser, et, dans ce contexte, considérait Israël non seulement comme une porte d’accès à Washington et son soutien financier, mais aussi comme un allié naturel. Les deux pays maintenaient également des relations économiques stables. L’Iran vendait à Israël du pétrole, ce à quoi de nombreux pays voisins étaient réticents, tandis que Tel Aviv était devenu l’un des principaux exportateurs pour Téhéran, lui fournissant des biens et services israéliens, notamment la formation par les services de sécurité israéliens d’hommes pour la police secrète du chah, le SAVAK.

«L’Iran était le deuxième allié le plus important d’Israël dans le monde. Au cours de la dernière année du pouvoir du chah, quelque 1.300 Israéliens travaillaient en Iran», a rappelé Eliezer Tsafrir.

Il a précisé qu’il s’agissait essentiellement d’hommes d’affaires, d’agronomes et d’ingénieurs.

«Ils se sont tous trompés»

Mais cela ne pouvait pas durer longtemps.

«C’était écrit. Nous savions que les jours du chah étaient comptés. Nous ne savions pas quand tout serait terminé», a-t-il souligné.

En 1978, les troubles se poursuivant, le New York Times avait estimé que le régime du monarque iranien avait 15 ans devant lui. Le Mossad et même les services secrets du chah avaient donné les mêmes chiffres. Ils se sont tous trompés.

Les rassemblements sont devenus un mouvement de masse en novembre 1978. Lors d’un meeting à Téhéran, des milliers de manifestants ont fait irruption dans les bureaux du transporteur national d’Israël, El Al.

«Ils ont incendié le bâtiment. Les membres du personnel ont dû s’échapper par les toits pour éviter de tomber entre les mains de la foule en colère […]. Les autorités ont eu besoin de cinq heures pour leur venir en aide et disperser la foule. Nous avons alors compris qu’il était temps de prendre les choses en main», a expliqué l’ancien espion.

Eliezer Tsafrir a appelé Tel Aviv et a informé ses supérieurs de ce qui s’était passé. Israël a dépêché trois avions pour ramener tous ses citoyens. L’ancien chef de services à Téhéran devait assurer la sécurité de l’opération.

À ce moment, Israël avait déjà réalisé que ses relations avec l’Iran avaient atteint un point de non-retour. Il n’était pas le seul. Le chah le savait aussi et comprenait dans quel sens dérivait son pays.

«En décembre, j’ai été contacté par un haut fonctionnaire qui m’a transmis une demande personnelle du chah. Celui-ci voulait savoir si le Mossad serait disposé à assassiner l’ayatollah Khomeini à Paris. J’en ai immédiatement informé Tel Aviv, mais j’ai reçu en réponse un « non » réticent», a-t-il poursuivi.

«Israël n’est pas le policier du monde, m’a-t-on dit», a encore noté Eliezer Tsafrir.

«Un jour, ce sera fini»

En revenant sur la situation aujourd’hui, l’ex-agent du Mossad dit n’avoir aucun regret.

«Si nous l’avions éliminé à l’époque, le monde entier se serait élevé contre nous et la communauté internationale n’aurait jamais réalisé l’ampleur de la catastrophe dont nous l’aurions sauvée. Maintenant elle le comprend», a lancé Eliezer Tsafrir.

Tel Aviv et les États-Unis accusent l’Iran d’avoir développé une bombe nucléaire qui, selon eux, pourrait être utilisée contre les civils en Israël et dans d’autres pays. Des allégations que Téhéran dément.

«Un jour, ce sera fini», a affirmé Eliezer Tsafrir.

L’Iran a vu ces dernières années plusieurs manifestations importantes contre la direction actuelle du pays. L’un des plus grands rassemblements remonte à 2009, après la victoire de Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle.

«80% de la population sont des jeunes qui en ont assez des restrictions imposées par ce régime. Ils veulent porter des jeans et mettre du rouge à lèvres, se débarrasser de la ségrégation dans les lieux publics et, surtout, retrouver leurs droits.»

Des centaines de milliers de personnes qui estimaient que les élections avaient été truquées sont descendues dans les rues pour exiger la destitution du Président Ahmadinejad. Ces protestations avaient fait au moins 20 morts et des blessés, tandis que de nombreuses personnes avaient été interpellées.

Source fr.sputniknews.com

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