La Ste-Barbe, un héritage chrétien «palestinisé» par l’AFP

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Les réjouissances en l’honneur de cette martyre du 3e siècle vénérée par les chrétiens orthodoxes sont l’occasion de maquiller la fête pour en faire un « héritage palestinien », en occultant soigneusement l’oppression subie par les chrétiens dans les territoires sous administration palestinienne.

A une semaine du réveillon de Noël, l’Agence France-Presse (AFP) est allé visiter le village d’Aboud pour parler d’une autre tradition chrétienne, la Ste Barbara, une fête célébrée autour de délicieuses sucreries par les chrétiens locaux en mémoire d’une martyre du 3e siècle qui est réputée avoir péri en refusant d’abjurer sa foi.

En réalité, la Ste-Barbe est célébrée par les chrétiens orthodoxes à travers tous les pays du Levant. Le dessert qui titille les papilles des lecteurs est consommé de la Turquie à la Jordanie en passant par le Liban et la Syrie. Mais le texte n’en dit mot et insiste sur la spécificité palestinienne de la fête et de ses coutumes.

Car « pour le père Emmanuel Awwad, qui officie auprès de l’église orthodoxe grecque d’Aboud, en Cisjordanie occupée, des détails de ce récit suggère que la scène finale a eu lieu dans le village palestinien. D’autres la situent à Baalbeck, dans l’actuel Liban. »

Une théorie plutôt originale, puisque la plupart des sources estiment que Ste-Barbe vécut à Nicomédie (aujourd’hui Izmit), en Bythinie, dans le nord de l’actuelle Turquie à une centaine de kilomètres de Byzance (Istanbul)… Certes, certaines sources parlent plutôt de Baalbek (à l’époque Heliopolis Phoenicia). D’autres évoquent la Toscane ou l’Egypte… Et c’est sans compter sur l’Eglise catholique qui, quant à elle, doute que Barbara ait existé. On aimerait donc beaucoup savoir à quels « détails du récit » le père Awwad fait référence pour faire de la sainte une locale de son village mais il est vrai qu’il n’est pas rare que des personnages vénérés par les religions le soient en différents lieux qui s’en disputent l’héritage.

Toutefois on quitte le folklore lorsque le père Awwad donne à la cérémonie, durant laquelle « les Palestiniens allument des bougies dans le caveau sombre pour honorer la mémoire de Ste-Barbara », une connotation politique qui paraît bien éloignée de la signification du martyre de Barbara : « Une façon de «réaffirmer leurs liens avec cette terre», assure le père Awwad. ». Message immédiatement suivi du paragraphe standard de l’AFP sur la présence des « colonies israéliennes implantées dans les Territoires palestiniens et considérées comme illégales par le droit international ».

Coexistence

A en croire l’AFP, qui tient à préciser que les « colons israéliens » – qui n’ont pourtant pas grand-chose à voir avec ce reportage – « coexistent parfois avec difficultés avec plus de 2,7 millions de Palestiniens », les chrétiens des territoires palestiniens vivraient entourés de l’amour de leurs frères musulmans.

On devine qui joue dès lors le rôle du vilain : « En 2002, pendant l’Intifada palestinienne, les forces israéliennes ont fait sauter le tombeau de la sainte arguant qu’il était «utilisé pour préparer des opérations commandos», raconte Hanna Khoury, à la tête du conseil municipal d’Aboud. » Quand on connaît la propension des terroristes palestiniens à se protéger derrière des civils ou dans des lieux sensibles…

Pour illustrer l’admirable coexistence dans laquelle vivraient les Palestiniens (auxquels les chrétiens grecs-orthodoxes dont l’origine n’est pas arabe sont assimilés sans détail), l’AFP fait appel à un spécialiste, Hamzah al-Aqrabawi, « chercheur sur l’héritage culturel palestinien ». Pour lui, « le dessert de ste Barbara n’est pas réservé qu’aux chrétiens. Les musulmans aussi s’en régalent après avoir observé six jours de jeûne ou à d’autres occasions. »

Et d’ajouter :

Les festivités de ste Barbara «sont un rituel populaire que les paysans palestiniens maintiennent depuis environ 2.000 ans».

Curieuse quand même, cette antique tradition « palestinienne », quand on sait que Ste-Barbe serait morte en l’an 308, soit il y a 1700 ans – et que les premiers musulmans ne sont arrivés qu’au 7e siècle dans la région.

Il y a 2000 ans, les paysans qui vivaient à Aboud n’étaient sûrement pas palestiniens. En témoigne le livre « Palestine under the Moslems, a description of Syria and the Holy Land from A.D. 650 to 1500 – translated from the work of Arab geographers », publié en 1890 par un Anglais, Guy Le Strange, sur la base de témoignages plus anciens de géographes arabes.

On y lit que ‘Âbûd était « Une petite ville dans la province de Filastin, près de Jérusalem. Le nom est hébreu, et a été arabisé ».

Tout indique qu’Aboud fut un village juif. Cela, le chercheur Hamzah al-Aqrabawi ne le dévoilera pas.

Et ce n’est pas étonnant. Car les lecteurs de l’AFP sont sans doute à mille lieues d’imaginer les arrière-pensées du spécialiste de « l’héritage culturel palestinien ».

Sur sa page Twitter, ce dessin du dessinateur brésilien Carlos Latuff, connu pour son « antisionisme » et ses œuvres aux motifs antisémites, montre un amour, disons, intéressé pour les chrétiens.

Les chrétiens et leurs traditions semblent bien n’être que des pions utiles pour chasser – ou, en attendant d’y parvenir, dénigrer dans les médias occidentaux – les vilains j… euh… sionistes, qui n’ont rien à voir bien sûr avec ceux qui habitaient Aboud il y a 2000 ans. 

On trouve aussi, chez l’expert interrogé par l’AFP, ce post à la gloire d’un auteur d’attentatAbdul-Rahman Bani Fadel, originaire comme Hamzah al-Aqrabawi du village d’Aqraba près de Naplouse et tué par la police israélienne après avoir poignardé à mort un Israélien dans la vieille-ville de Jérusalem.

Les lecteurs de l’AFP doivent-ils faire confiance à un l’expertise de ce « chercheur » dont nul ne sait d’ailleurs auprès de quelle prestigieuse université il officie, mais dont le métier consiste à… raconter des histoires ? Sur sa page Facebook, Hamzah al-Aqrabawi (qui contribue au site anti-israélien Quds News Network) ne se présente pas comme un chercheur mais comme un « professional storyteller »…

D’autres nouvelles du village d’Aboud, que vous ne lirez pas à l’AFP

Quant au père Awwad, il aurait sûrement eu beaucoup à raconter à l’AFP sur le sort des chrétiens de son village, au-delà du folklore. Peut-être n’en est-il pas tout à fait libre ?

Car en mai dernier, une autre église de ce même village d’Aboud a été vandalisée.

L’Eglise de D’ vandalisée à Aboud, en mai 2019 (photos lingua.org, site sur les chrétiens de Terre sainte)

Cet incident contre un lieu de culte chrétien n’était pas isolé, dans les territoires sous administration palestinienne où les chrétiens font régulièrement face à des actes hostiles de la part d’habitants musulmans.

Les évêques s’étaient alors plaints auprès de l’autorité palestinienne.

Comme le rapportait le Jerusalem Post : « Certains chrétiens, cependant, ont exprimé leur inquiétude face à l’action insuffisante des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne pour protéger les sites chrétiens de Cisjordanie. « Nous pensons que nous sommes délibérément ciblés parce que nous sommes chrétiens », a dit une femme chrétienne au Jerusalem Post ».

Des questions graves dont on ne trouve nulle trace à l’AFP, qui fait du mythe d’une Palestine accueillante envers sa minorité chrétienne une information mais n’a pas jugé utile de consacrer la moindre ligne à des agressions anti-chrétiennes qui, d’année en année, font partie des facteurs qui poussent les chrétiens de cette région à émigrer.

En plus de donner la parole à un expert plus que douteux en « culture palestinienne », l’AFP vante donc la belle vie des chrétiens d’Aboud, présentés comme opprimés par les Israéliens, mais fait silence sur les problèmes qu’ils rencontrent dans le même village avec certains Palestiniens.

Quand la propagande est enrobée de sucre et diffusée par une agence de presse respectée, la pilule passe en douceur auprès des lecteurs occidentaux qui peuvent tomber sous le charme de ces belles histoires sans avoir le temps de vérifier les faits… 

Source infoequitable.org

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