La sefirath ha’Omer

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L’un des éléments majeurs en matière de Halakha de ce mois-ci est évidemment la sefirath ha’Omer, mitswa rendue traditionnellement par « supputation du ‘Omer ».

C’est finalement une mitswa simple : elle consiste à faire, chaque soir, le jour qui commence, le décompte commençant à partir du second jour de Pessa’h, quand était apportée au Temple l’offrande du ‘Omer (une certaine mesure d’orge), et jusqu’à la veille de la fête de Chavou’oth. Au bout d’une semaine, on ajoute également la mention de la 1ère semaine, puis des suivantes.
On dit une berakha avant d’effectuer cette mitswa. Et c’est là la difficulté : avant cela, il faut éviter de dire à autrui quelle est le compte du jour, car, si on le fait, la mitswa est considérée comme déjà accomplie, et on ne peut plus dire la berakha ce jour-là.

C’est pire quand on oublie un jour : alors on perd totalement la berakha, car on ne peut la dire que quand on effectue la mitswa tous les jours. Si on se rappelle le matin qu’on a oublié la veille au soir d’effectuer le décompte du jour, on peut encore le dire sans berakha puis on peut reprendre le soir suivant avec berakha. Sinon, dans tous les cas de figure, on continuera à effectuer la mitswa, tout en demandant à un voisin de la synagogue de nous rendre quitte de la berakha (malgré la légère gêne que cela peut provoquer…).
Il faut effectuer la mitswa à la nuit tombée, et c’est l’un des éléments qui finissent par rendre son accomplissement délicat à l’étranger : la plupart du temps, durant l’été, les communautés prient ‘arvith avant la nuit tombée, car celle-ci arrive très tard, vers les 10 – 11 heures du soir. C’est une conduite tout à fait licite, puisqu’elle est déjà citée dans la Guemara. Toutefois, il faut absolument savoir qu’on n’est pas quitte de l’obligation de la récitation du Qiriath Chema’ à cette heure-là, et qu’il faut absolument la redire une fois la nuit tombée. Durant le ‘Omer, certaines communautés font attention à organiser un minian la nuit tombée, afin de dire aussi la sefirath ha’Omer en son temps, et ne pas risquer de l’oublier. Mais même celles-ci sont amenées à prier le vendredi soir avant la nuit, car il est difficilement concevable de se conduire autrement du fait des obligations familiales : il faut alors faire bien attention à redire le Qiriath Chema’ et la sefirath ha’Omer une fois la nuit tombée.
On dit la sefira à la fin de l’office dans tous les cas.
On est quitte de la mitswa même si on l’a dite dans une autre langue que l’hébreu ! C’est pour cela qu’il faut éviter de dire (pendant le zeman de la sefira) à une personne qui nous questionne, le soir arrivé, quant au jour exact, même en français. On indiquera, en général, la date de la veille, en disant : « Hier, nous étions le… ».

En revanche, il faut comprendre ce que l’on dit : les gens qui ne savent pas l’hébreu devront faire attention à le dire aussi spécifiquement dans une langue qu’ils savent.
Les femmes, même achkenazes, n’ont pas l’habitude d’effectuer cette mitswa : en effet, toute obligation qui dépend du temps ne leur est pas imposée, dont celle-ci en particulier. L’habitude achkenaze est que les femmes qui effectuent l’une de ces mitswoth peuvent dire la bénédiction, mais ce n’est évidemment pas obligatoire. La sefirath ha’Omer a ceci de spécial qu’il est très facile de l’oublier, ce qui fait que même les femmes achkenazes ne tentent pas de s’y tenir – mais elles peuvent le faire, et la faire avec bénédiction.
C’est donc une mitswa facile, mais parvenir à l’effectuer 49 jours d’affilée, sans oubli, n’est pas chose évidente. Du reste, en Alsace, l’habitude était, à Chavou’oth, de n’offrir un certain gâteau au fromage qu’à ceux qui étaient parvenus à dire la sefira du début jusqu’à la fin – ou au moins de faire croire qu’il n’était réservé qu’à ces heureux gagnants…

Cette période est par ailleurs une période de deuil, puisque c’est alors que les disciples de rabbi ‘Aqiva sont morts – par la suite, en particulier au Moyen-Age, de nombreux pogromes ont eu lieu durant cette période. On n’y effectuera pas de mariages, ni toute manifestation de joie. On ne se coupera ni la barbe ni les cheveux. Ecouter de la musique est à éviter. On n’achètera pas d’habits neufs pour les mettre de suite, pour ne pas devoir dire la bénédiction de chéhé’hianou, car on ne peut pas remercier l’Eternel pour nous avoir amenés à une telle période, qui n’est certes pas positive de notre point de vue.

Deux dates font exception : Pessa’h chéni, et Lag ba’Omer.

Pessa’h chéni (qui est aussi la date de la Hiloula de rabbi Méïr, mais ce n’est pas la raison pour laquelle ce jour est plus joyeux) : il s’agit de la « session de rattrapage » à laquelle il était possible d’apporter au Temple le qorban Pessa’h, pour les personnes qui n’étaient pas pures le 14 nissan, ou qui étaient trop loin de Jérusalem pour pouvoir arriver à temps et effectuer le sacrifice avec l’ensemble du peuple juif.
Même si de nos jours, on ne peut plus apporter de sacrifices à Pessa’h chéni, malgré cela, cette date reste spécifique dans la période du ‘Omer et on n’y dira pas les supplications quotidiennes. Certains consomment de la matsa.

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Lag ba’Omer est également un jour de joie : la tradition veut qu’en ce jour, les disciples de rabbi ‘Aqiba aient cessé de mourir.
S’ajoute à cela que c’est le jour de hilloula de rabbi Chim’on bar Yokhaï, qui avait demandé personnellement à ce que l’on fasse de son jour de ptira (décès), un jour de réjouissances… On explique d’ailleurs qu’au jour-même de son décès, rabbi Chim’on a eu droit à ses plus grands dévoilements en matière de Qabbala.

En tout état de cause, il est permis d’effectuer des mariages en ce jour, et en effet, l’habitude en Erets Israël est de se rendre sur la tombe de rabbi Chim’on bar Yokhaï à Méron (près d’un million de visiteurs…), où la joie est grande.
Les enfants ont l’habitude d’allumer de grands feux en son honneur.

Après Lag ba’Omer, la suite des habitudes relatives au deuil dépend des habitudes : les sefarades cessent en effet tout entretien de la chevelure et de la barbe à partir de Pessa’h, et jusqu’au lendemain de Lag ba’Omer, le 34e jour du ‘Omer. Les achkenazes, dans les temps passés, cessaient le lendemain de Pessa’h pour recommencer avec Roch ‘Hodech Iyar, soit tous les jours durant lesquels on dit les supplications.

D’après le Ari zal, c’est durant toute la période qu’il faut prendre le deuil, et il ne permet pas les soins pilaires à Lag ba’Omer.

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