Le rabbi de Kalov : découvrir la émouna enfouie en chacun de nous

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Paracha Chemoth

Découvrir la émouna enfouie en chacun de nous

« Et le peuple y eut foi ; ils comprirent que l’Éternel S’était souvenu des enfants d’Israël » (Chemoth 4,31).

En période d’épidémie, face aux difficultés des plus grandes autorités médicales et des chefs d’États à enrayer l’épidémie, les Juifs réalisent qu’on peut s’appuyer uniquement sur notre Père céleste. Nous constatons que des milliers de Juifs prennent de bonnes résolutions et se renforcent dans la pratique des Mitsvoth.

Même des Juifs éloignés de la pratique religieuse, qui vivent généralement avec le sentiment qu’ils sont maîtres des événements, lorsqu’ils sont frappés par un malheur, comme une maladie grave, leur émouna enfouie dans leur cœur s’éveille, et ils s’adressent alors à D’.

Un jour, alors que rabbi Sim’ha Bonim de Peshis’ha séjournait en Allemagne, des résidents locaux, éloignés de la pratique religieuse, se retrouvèrent à sa table du Chabbath et le rabbi énonça des Divré Tora en leur présence. Son fils, rabbi Avraham Moché, l’interrogea ensuite : « Pourquoi parler de Tora devant de tels hérétiques ? » Rabbi Bounam lui répliqua : « Ces Juifs ne peuvent être qualifiés d’hérétiques, car s’ils subissent des épreuves ou se trouvent dans une situation de danger, ils s’écrieront alors vers Hachem, loué soit-Il, afin qu’Il les délivre de leur malheur. Seul le vil Pharaon était un véritable hérétique : D’ le frappa de diverses calamités étranges et surnaturelles, et malgré tout, il s’écria : « Quel est cet Éternel Dont je dois écouter la parole ? » (Chemoth 5,2). »

Il existe de nombreuses histoires de Juifs qui se repentirent et se tournèrent vers Hachem en période de malheur. Par exemple, dans ce récit survenu en Allemagne avant la Shoah : un Juif mécréant était réputé pour son hérésie dont il aimait se vanter. Un jour, il contracta une maladie grave, et on le conduisit au grand hôpital de la ville de Königsberg. Les médecins affirmèrent qu’une opération était indispensable pour sauver sa vie. Privé de choix, il accepta l’intervention. Au moment où il s’allongea sur la table d’opération, le malade cria d’une voix forte : « En Ta main je confie mon esprit, Tu me délivres, Éternel, D’ de vérité. » (Tehilim 31,6). Lorsque cet incident fut diffusé en Allemagne, cela causa un grand émoi : tout le monde découvrit que chaque Juif est au fond croyant.

La émouna est ancrée dans le cœur de tous les Juifs, qui sont des « croyants, fils de croyants » : ils ont reçu en héritage la foi d’Avraham Avinou, le plus fidèle croyant. Lorsque certains Juifs prétendent renier leur foi, ce n’est en réalité qu’une manœuvre du Yétser Hara’ qui s’efforce de les troubler en instillant en eux des pensées hérétiques pour les inciter à transgresser des Mitsvoth du Créateur.

Le rav et auteur du Yessod Ha’avoda de Slonim cite dans une lettre un enseignement de son rav, rabbi Noa’h de Le’hovitch, qui avait déclaré : « Un Juif doit croire qu’il est croyant, seulement des nuages recouvrent cette croyance. » Il écrit de ce fait qu’il est souhaitable, pour chaque Juif, de réciter chaque jour les 13 Principes de la foi qui commencent par les termes : Ani Maamin (je crois), même s’il n’est pas persuadé d’y croire parfaitement, car au fond de son cœur, il est croyant.

Nous voyons dans la Guemara (Kidouchin 50a) que si un homme est obligé, selon la Tora, à divorcer de son épouse et refuse de le faire, la loi stipule qu’on l’y contraint jusqu’à ce qu’il dise : « Je suis d’accord. » Le Rambam explique (Hilkhoth Guérouchin, deuxième partie, 5) que c’est considéré comme un Guèt (acte de divorce) donné avec consentement, et donc conforme, car nous savons qu’au fond de son cœur, il veut faire la volonté du Créateur.

C’est le sens des propos de nos Sages (‘Erouvin 19a) : « Même les transgresseurs juifs ont beaucoup de Mitsvoth à leur actif, à l’instar des grenades (dotées de nombreuses graines) » : au fond d’eux, ils sont pleins de bonne volonté pour accomplir les Mitsvoth, et il leur suffit de briser l’écorce épaisse qui recouvre la volonté, tout comme il faut briser la peau de la grenade afin de découvrir les graines bonnes à la consommation.

De ce fait, D’ envoie parfois des situations dangereuses dont l’homme n’arrive pas à se protéger seul, pour lui rappeler qu’il dépend de la bonté du Créateur, et pour lui faire découvrir la émouna enfouie dans son cœur.

Nos Sages (Pessa’him 56a) affirment que le roi ‘Hizkiyahou dissimula un livre de remèdes médicaux destinés à soigner toutes les maladies. Rachi explique ce geste ainsi : du fait de l’existence de ces remèdes extraordinaires à toutes les maladies, les gens perdaient leur humilité lorsqu’ils étaient atteints par des maladies.

D’après nos Maîtres, nous voyons à chaque génération que par le mérite des prières du peuple juif, les chercheurs trouvent un remède à des maladies jusque-là incurables. Or, immédiatement après, on constate l’arrivée d’une nouvelle maladie incurable. En effet, D’ exprime la volonté de faire exister de telles maladies afin que l’homme retienne qu’il n’est pas maître de tout et ressente le besoin d’adresser des prières au Créateur et d’être attentif à ses actions.

Ainsi, dans la Guemara (Sanhédrin 97b), nous voyons que lorsque le peuple d’Israël faute et ne se repent pas, D’ leur envoie un dirigeant qui prononce de sévères décrets, comme Haman, afin qu’ensuite, le peuple fasse Techouva et revienne dans le droit chemin.

Nous avons également observé ce phénomène en Égypte où les enfants d’Israël étaient influencés par leurs voisins égyptiens, plongés dans l’immoralité et l’hérésie. Ensuite, D’ leur envoya Pharaon qui les asservit. En conséquence, ils s’écrièrent vers Hachem, et ainsi, découvrirent la émouna présente chez chaque Juif et méritèrent ensuite la Guéoula.

Voici en substance l’explication de ces versets : « Et le peuple y eut foi » : la foi de tout le peuple juif fut dévoilée, même chez ceux que l’on nomme « le petit peuple » et grâce à cela, ils eurent droit à l’annonce de la Gueoula : « ils comprirent que l’Éternel S’était souvenu des enfants d’Israël. »

Le Juif doit retenir ce principe à chaque fois qu’il vit des événements effrayants : il convient de renforcer la émouna, d’évoquer souvent le sujet de la foi et d’aider également des Juifs éloignés à découvrir leur émouna. Par ce mérite, on aura droit à une délivrance personnelle, et on accélère la venue de la Guéoula pour le monde entier.

Chabbath Chalom !

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