Le rabbi de Kalov, par. Beréchith : la résilience juive

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Paracha Béréchith  : La résilience juive

« Au commencement, D’ créa le ciel et la terre » (Beréchit 1,1).

L’illustre Maguid de Mézéritch demanda un jour à rabbi Zoucha d’Anipoli de méditer des enseignements sur le service du Créateur à partir de trois principes appris du bébé, et sept autres du voleur.

Voici les trois principes que l’on apprend d’un tout jeune enfant : 1) Il est toujours joyeux ; 2) Il n’est jamais oisif ; 3) Il pleure pour exprimer ce qu’il veut.

Les sept principes du voleur sont les suivants : 1) Il travaille de nuit ; 2) S’il n’a pas réussi sa mission un soir, il recommence le soir suivant ; 3) Il voue un amour à ses semblables ; 4) Il se dévoue corps et âme pour une chose facile ; 5) Il n’est pas importuné par le fait de revendre sa marchandise moins chère ; 6) Il subit des coups et toutes sortes de souffrances, mais persiste dans sa voie malgré tout ; 7) Son « métier » lui plaît et il ne le changerait pour rien au monde.

À partir de ces propos profonds du Maguid de Mézéritch, nous pouvons déduire plusieurs moyens de servir D’. L’une de ces leçons indispensables est le second enseignement du voleur : s’il n’a pas réussi sa mission le premier soir, il retente sa chance le lendemain soir, un principe fondamental pour le peuple d’Israël. Ils sont conscients qu’ils ne doivent pas baisser les bras lorsqu’occasionnellement, ils ne parviennent pas à servir D’ correctement. Chaque homme vit avec des hauts et des bas, et il convient de se renforcer à chaque occasion.

Un jour, un Juif se présenta chez rabbi Avraham de Slonim et lui raconta, le cœur brisé, que malgré ses efforts dans le service divin, il ne réussirait pas et avait le sentiment d’être enfoncé dans la boue : lorsqu’il sortait une jambe, la seconde s’enfonçait. Son rav lui répondit : « En effet, tu es enfoncé dans la boue, mais sache une chose : si tu fléchis, que D’ préserve, tu resteras à tout jamais enfoncé dans la boue. Mais si tu continues à avancer, chaque pas t’éloigne de cette boue. »

Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev explique dans cette optique le verset des Tehilim (103,5) : « Fait se renouveler ta jeunesse comme celle de l’aigle » : les plumes de l’aigle tombent de temps en temps, mais se remettent rapidement à pousser. L’homme apprend de là que même s’il traverse une passe difficile, et qu’il a le sentiment d’être dépourvu de plumes pour s’élever dans le service du Créateur, il ne se découragera pas, mais aura l’intime conviction qu’il a la faculté de s’élever et se hisser de plus en plus haut.

Cette prise de conscience est particulièrement indispensable lors des années d’enfance, traversées par des turbulences de la vie, comme l’affirme rabbi Zoucha d’Anipoli : c’est pourquoi les jeunes années de l’homme sont surnommées « l’hiver », comme le décrit Yov (29,4) : « Tel que j’étais aux jours de mon hiver » : les jeunes gens doivent savoir que la période de l’adolescence ressemble à la période automnale et hivernale, entre Tichri et Nissan, où les jours de pluie, de neige et de froid, alternent avec les jours de chaleur. De la même façon, on a parfois des accès d’enthousiasme et de chaleur, et des accès inverses, mais il ne faut pas se décourager les jours de froid.

Il faut se renforcer tout particulièrement lorsqu’on échoue à accomplir une Mitsva pour laquelle on s’était engagé à se renforcer. En effet, certains pensent par erreur que du fait de la transgression de leur vœu, transgresser à nouveau cette même faute n’a pas d’incidence. Mais à chaque fois, il s’agit d’une nouvelle faute, et le roi Chelomo nous a déjà averti à cet égard (Kohélet 7,17) : « Ne sois pas trop méchant» ; nos Sages (Chabbath 31b) l’expliquent par une parabole : si un homme a mangé de l’ail et qu’il dégage une mauvaise haleine, il ne devra pas en consommer davantage, du fait que l’odeur de l’ail s’accentuera encore plus. C’est le même principe à notre sujet : pour chaque faute, l’homme s’enfonce encore davantage dans l’impureté, et en période de chute, il faut immédiatement se ressaisir pour éviter de continuer à chuter et à s’enfoncer dans la boue.

Lorsque l’homme suit cette voie et ne baisse pas les bras au moment de la chute, il lui est garanti qu’au final, il pourra totalement maîtriser son penchant et accomplir les Mitsvoth constamment, car l’essentiel de la difficulté réside dans le début.

La faculté de se renforcer et de ne pas se décourager est propre au peuple d’Israël, qui est naturellement doté d’une grande audace, absente chez les autres peuples. Ainsi, la Guemara (Bétsa 25b) relève que le peuple d’Israël est le plus audacieux des peuples, qui ne connaît pas le désespoir et en dépit de ses nombreuses épreuves, n’est pas accablé et continue à faire la volonté de son Créateur. C’est l’une des raisons pour lesquelles D’ choisit le peuple d’Israël, afin de leur attribuer ce rôle fondamental d’étudier la Tora et de pratiquer Ses commandements.

Rachi commente les termes du verset : « Au commencement (Beréchith), D’ créa le ciel et la terre », en se focalisant sur le terme de « Beréchit» : le monde a été créé pour la Tora définie ainsi : « Au début de son action » (Réchit Darko) (Michlé 8,22) et pour le peuple d’Israël, nommé (Yirmiyahou 2,3) : « Les prémices de sa récolte. » Pourquoi se réfère-t-on au peuple d’Israël comme à « sa récolte » ?

En effet, la récolte pousse à partir d’une graine qui a déjà pourri dans la terre ; de même, les enfants d’Israël ont l’usage de ne pas se décourager à la suite de leurs chutes, ils se relèvent dans toutes les situations et réussissent à étudier et à pratiquer la Torah. Tout Juif qui exploite dans cet esprit cette audace et cette obstination sacrée, proprement juives, mérite de mener à bien le but divin de la création.

Chabbath Chalom !

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