Le rabbi de Kalov sur Kippour : la Techouva, penser à soi et aux autres

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Yom Kippour 5782 : La Techouva, penser à soi et aux autres

On relate que lorsque rabbi Israël de Salanter vivait à Paris, il pleurait sans relâche, tant sa peine était grande devant la situation spirituelle du judaïsme local, au point que sa vision en fut affectée. Il consulta un ophtalmologue juif orthodoxe qui lui expliqua que pour guérir ses yeux, il devait absolument cesser de pleurer, du fait que les larmes altéraient sa vision. Rabbi Salanter rétorqua au médecin : « Je suis étonné, vous êtes vous-même un Juif orthodoxe, comment pouvez-vous me demander de m’abstenir de pleurer alors que je vois tant de mes frères juifs qui se sont tellement éloignés de notre Père céleste ?! »

Cette détresse se retrouve chez tous ceux qui ont servi D’ dans les générations passées. Par amour pour Hachem, ils prirent la peine de rapprocher des Juifs à D’, car lorsque des Juifs se détachent de leur Créateur, la sainte Chekhina pleure sur ses fils, et de ce fait, toute personne qui aime D’ verse des larmes et a de la peine à l’image de la Chekhina, et déploie des efforts pour rapprocher ses frères juifs.

Le Rambam, dans le Séfer Hamitsvoth, explique que l’effort déployé pour aider des Juifs à revenir vers Hachem, est inclus dans la Mitsva d’aimer Hachem.

Lorsque vous aimez sincèrement quelqu’un, vous voulez partager vos sentiments et votre enthousiasme avec les autres. L’amour de Hachem fonctionne de la même manière. Si vous aimez Hachem, vous aimez Ses enfants. Vous engager envers Hachem signifie que vous voulez partager cet engouement avec d’autres. Vous voulez inspirer et aider ceux qui se sont perdus à retourner vers Hachem.

A ce sujet, l’homme doit déployer le maximum d’efforts lorsqu’il se repent sur ses fautes, comme l’indique Rabbénou Yona dans son Chaaré Techouva. L’un des principes essentiels du repentir est d’aider d’autres transgresseurs à se repentir de cette même faute, comme il est dit (Ye’hezkel 18,30) : «Repens-toi, et incite les autres à se repentir de tous leurs péchés »: le prophète demande au peuple d’Israël que dans le même temps qu’ils se repentent de leurs fautes, ils doivent également inciter les autres au repentir.

Le Ba’al Techouva doit prouver qu’il est désormais un fils fidèle de son Père céleste et à ce titre, il s’évertue à abolir toute la peine de Hachem ressentie face aux Juifs perdus. En revanche, s’il ne fait aucun effort pour faire revenir des Juifs, il indique ainsi que la gloire de Hachem ne lui tient pas à cœur, mais qu’il pense exclusivement à son bien-être et son repentir n’est pas parfait.

Nous trouvons cette idée chez nos Sages (Yalkout Chim’oni) à propos d’Aharon Hacohen : lorsqu’il voulut se repentir sur la faute du veau d’or, il se rendit dans tous les campements des enfants d’Israël et enseigna la Torah et la Tefila à toute personne qui ne savait pas étudier la Tora ni prier.

Lorsque le roi David se repentit alors qu’il avait entraîné une profanation du Nom de Hachem, il avait prié pour être pardonné et associé à sa Tefila cette requête : «Je voudrais enseigner Tes voies aux pécheurs, afin que les coupables reviennent à Toi» (Tehilim 51,15).

Un repentir complet tel que celui-ci est considéré comme un repentir par amour, à propos duquel il est dit que les fautes délibérées se transforment en mérites.

Les ouvrages sacrés expliquent ce principe par le biais d’une parabole : dans une certaine ville, les résidents décidèrent de s’abstenir de payer des taxes qu’ils devaient verser au Trésor royal, et ils agirent de cette façon pendant une longue période, et de ce fait, une dette exorbitante s’était accumulée. Lorsque le ministre des finances du royaume décela un problème dans les finances en raison de l’absence de paiement de cette ville, il décida d’y envoyer le ministre des armées, accompagné d’un peloton de soldats, pour réclamer les paiements de force, et punir tous les récalcitrants, le cas échéant. Lorsque la rumeur se répandit dans la ville de l’arrivée des soldats du roi venus prélever leurs taxes, un homme indigent fit le calcul et comprit qu’il n’était pas en mesure de payer sa dette. Il se dit qu’en vérité, il incombait à tous résidents de sa ville de payer des taxes au bon roi qui prenait en charge la gestion du pays et gouvernait toute la population avec bonté et compassion. Il décida qu’au minimum, il ferait tout son possible pour pousser les autres à payer leurs dettes au roi, et il entreprit de parler à toutes les personnes de son entourage du grand mérite et de l’obligation de payer les taxes au roi. A l’arrivée du ministre des armées dans la ville, sa besogne ne fut pas difficile, car les résidents s’empressèrent de lui apporter leurs dettes. Mais lorsque le ministre passa en revue la liste des dettes de tous les résidents, il remarqua que l’un d’eux n’avait payé qu’une partie de sa dette. Lorsqu’il se renseigna sur l’identité de l’homme, on lui relata qu’il incitait les résidents de la ville à s’empresser de payer leurs dettes au bon souverain, alors que lui-même était pauvre et n’avait pas les moyens de la rembourser. Lorsqu’on en fit part au roi, celui-ci envoya une lettre à l’indigent, où il lui écrivit que ses actes prouvaient qu’il était fidèle au roi, et à ce titre, il renonçait à sa dette.

La royauté divine fonctionne sur le même modèle. Lorsqu’un homme veut faire Techouva sur sa transgression contre D’, Roi des rois, s’il s’engage à tenter d’inciter ses prochains à faire Techouva, toutes ses fautes lui seront pardonnées.

Nous pouvons comprendre, à la lumière de ceci, l’usage de lire à Min’ha de Kippour, la Paracha du prophète Yona. En effet, Yona fut tourmenté lorsqu’il ne fut pas en mesure de se rendre auprès des habitants de Ninive pour qu’ils se repentent. Le Midrach (Yalkout Chim’oni Yona) explique que l’on apprend du récit de Yona que toute personne qui a la possibilité de faire faire Techouva à des Juifs, mais s’en abstient, vit dans la souffrance. Il est essentiel de s’en souvenir le jour de Yom Kippour, afin de nous engager à aider les autres à se renforcer dans le service divin, et par ce mérite, nous aurons droit au pardon et à être scellés dans le Livre de la vie.

Chabbath Chalom !

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