Leçons d’anti-démocratie

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Au commencement étaient le verbe… et le substantif

Du temps où l’Occident représentait un idéal de liberté et où l’Amérique était le Pérou de tous les véritables damnés de la terre, les mots avaient le même sens dans la bouche des locuteurs que dans les dictionnaires de chaque idiome. C’était pratique.

Ainsi, le vocable « démocratie » signifiait la même chose pour tous ceux qui l’employaient : un système politique, forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple (Larousse). Tous ceux qui parlaient de démocratie comprenaient donc la même chose, qu’ils en apprécient tout ou partie, voire rien du tout.

Aujourd’hui, « démocratie » est un synonyme de « bien », quelle que soit la réalité qu’il recouvre. Cela s’est fait petit à petit, sous l’influence, souvent subliminale, des spécialistes du KGB qui, les premiers, ont nommé « démocraties » des systèmes qui relevaient objectivement de la tyrannie, c’est-à-dire d’un pouvoir absolu exercé par un tyran, individu ou parti (Larousse).

Les adjectifs fortifient les vices et diminuent les vertus

La technique était simple et efficace : d’abord utiliser l’adjectif, par exemple dans les « républiques démocratiques », puis généraliser l’usage de l’adjectif au substantif. Ainsi, après la chute du Mur de Berlin, la RDA (république démocratique allemande) a été absorbée par sa contrepartie fédérale pour constituer, à deux, l’Allemagne tout court. Il faut cependant rappeler aux moins de vingt ans que le Mur n’avait pas été érigé pour empêcher les citoyens d’Allemagne fédérale de fuir vers la partie démocratique, mais bien l’inverse.

Aujourd’hui demeurent la République démocratique du Congo, la République démocratique de Chine (qui n’est pas Taïwan) et la République démocratique de Corée (qui n’est pas la dynamique et industrielle Corée du sud). Que des « démocraties » où le peuple n’a pas la parole.

L’étymologie est SGDG (sans garantie du gouvernement)

Si république et démocratie ont une étymologie voisine, l’une provenant du latin (res publica : le bien public/la chose publique) et l’autre du grec (Démos, le peuple et kratia, gouverner), elles n’ont pas le même sens. C’est pourquoi, aussi leurs antonymes sont très différents : république s’oppose plutôt à monarchie et démocratie à tyrannie. Ainsi la Grande-Bretagne possède une monarchie constitutionnelle. C’est une démocratie, où la reine règne, mais où celui qui gouverne est élu par le peuple. Dans la République islamique d’Iran, tyrannie théocratique, le peuple élit un président qui ne gouverne pas. Cette mission est confiée au Guide suprême. Par qui ? C’est opaque. Officiellement par Allah. À vérifier par ceux qui ne craignent pas la prison, la torture et la mort (dans cet ordre-là).

L’inconscient est structuré comme un langage. Déstructurons le langage !

Les novlangueurs contemporains ont entendu Lacan, aussi se sont-ils acharnés, depuis des décennies, à transformer le sens des mots, en fonction de la personne qui les prononce. D’où les républiques démocratiques. D’où les Black Lives Matter (les vies noires comptent, sous-entendu, « aussi ») qui traduisent, dans les faits, que SEULES comptent les vies noires.

D’où le « democracy’s day », le jour de la démocratie, célébrant, le 20 janvier 2021 à Washington, le triomphe de la « cancel culture », copié-collé d’une technique mise au point par Staline vers 1934.

Quand le petit père des peuples a lancé les grandes purges, il n’envisageait certainement pas un succès de l’ampleur qu’elles ont connu : 750 000 « ennemis du peuple » exécutés, un million d’autres tués à petit feu au goulag, les uns et les autres disparus de toutes les archives officielles.

L’inconscient structure toutes les langues

C’est pourquoi nous considérons les Democrats comme des adeptes de la démocratie, même quand ils se conduisent de façon dictatoriale. En direct de Washington, dès la prestation de serment de Joe Biden, ces « démocrates » ont demandé que les sénateurs Ted Cruz et Josh Hawley soient expulsés du Sénat. Le motif ? Ils avaient émis des doutes sur les votes des collèges électoraux des États dans lesquels des preuves de fraude électorale avaient été apportées.

Flashback : en novembre 2016, des élus Democrats, de Nancy Pelosi à Hillary Clinton, ont estimé illégitime le résultat des urnes en faveur de Trump. Ils ont tout fait pour le refuser, s’opposant à la certification des bulletins de vote du collège électoral. Cette mesure n’ayant pas changé le résultat, ils ont organisé une manifestation dans la galerie des visiteurs du Capitole, qui a conduit à l’arrestation de plusieurs protestataires. Ce rappel vous évoque-t-il une situation de 2021 ?

Normal : c’est la même, mais les acteurs ont changé de camp. Les médias américains sont aussi massivement Democrats que les médias français se revendiquent de gauche ou d’extrême-gauche : 74 % lors du dernier sondage effectué chez ces professionnels de l’information (en 2012 Pure Medias).

Du fait de ce tropisme, aucun média américain n’a accusé Mesdames Pelosi et Clinton d’inciter à l’insurrection, ni en 2016, ni au cours de toutes les manifestations de BLM, bien que, entre les unes et les autres, 700 policiers aient été blessés et que les dégâts dans les magasins vandalisés et les bâtiments officiels assiégés et incendiés, aient été chiffrés à 2 milliards de dollars.

Double mesure pour le même poids

Le 6 janvier 2021, les manifestants pro-Trump du Capitole ont été accusés d’insurrection. Pourquoi un changement de cap aussi radical pour une initiative semblable à celle de 2016 ?

Ce qui a changé entre les deux mandatures était inédit, jusqu’à l’élection de Biden. C’est l’alliance des GAFA et des médias avec le parti dirigeant et leur envie conjointe de « cancel » (effacer) les partisans de Trump, d’éliminer le parti républicain par des purges staliniennes.

Ces épurations ont commencé par la fermeture des comptes Facebook et Twitter de Donald Trump, alors qu’il était encore président, et par la censure de tous ceux qui évoquaient la corruption des Biden père et fils.

Le plus croustillant dans ce qui a été tu, était le lien entre Hunter Biden (le fils) et la société Burisma,

« Grand producteur privé de gaz, l’Ukrainienne Burisma est enregistrée à Chypre, paradis fiscal, un cas fréquent dans l’espace post-soviétique. Le groupe annonce à l’époque qu’Hunter Biden sera chargé de le représenter auprès des ‘’organisations internationales’’. Lui-même dit vouloir conseiller le groupe sur la ‘’transparence’’, alors même que son père est en charge, entre autres, des relations avec l’Ukraine (20 Minutes). »

D’un côté, Burisma a versé à Biden fils 50 000 $ de salaire mensuel fictif (il ne connaissait rien au gaz et ne parlait ni ukrainien ni russe), pour un total de 3 millions de dollars. De l’autre côté, Joe Biden (le père), à l’époque, vice-président d’Obama, a fait limoger le procureur qui dirigeait une enquête sur la société qui employait son fils. Y a-t-il un rapport entre les deux côtés ? Cerise sur le pot-de-raisin, la spécialité du fils portait sur le « conseil en transparence ». Second degré ou détournement de langue ?

Pression sur les avocats ? C’est un gag ?

Un autre détournement a eu lieu, à plusieurs reprises : celui des clients des cabinets d’avocats qui ont travaillé pour Trump. Si vous ne connaissez pas le mécanisme pour faire couler un cabinet, ou pour l’inciter à refuser de se charger de certains cas, regardez Suits sur Netflix : cette série humoristique vous montrera un éventail des saloperies que les avocats peuvent se faire entre eux. Mais aucun scénariste n’a osé faire figurer le challenger du président des États-Unis dans le casting. Quelle pusillanimité !

En tout cas, dans la vraie vie des coulisses de la Maison Blanche, c’est le cabinet Foley and Lardner qui a perdu sa star, Cleta Mitchell, effacée des archives du groupe dès l’instant de sa démission (Israel Hayom).

Quand il était directeur du FBI, James Comey avait investigué sur Trump, sans la présence d’un soupçon préalable (une condition pourtant juridiquement indispensable). L’objet de sa quête était les inexistantes interventions russes dans l’élection du 45 président. Il a vendu la mèche de sa cancel culture attitude en décrétant que « Le Parti républicain doit être incendié ou changé (the Guardian). »

Le bien et le mal ne dépendent pas des actes mais des auteurs

Le racisme consistait, jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, à haïr des minorités et à les maltraiter, de façon plus ou moins encouragée par les autorités. Au XXIᵉ siècle, la religion officielle de tous les pays non musulmans est l’antiracisme. Il consiste, pour une ou des minorités dans les pays à majorité blanche, à exercer un racisme sévère contre la majorité des habitants de ce pays, sur la base d’une revanche pour de supposés méfaits commis par les ancêtres des uns aux ancêtres des autres.

À preuve le fait que l’élection de Biden, ou plutôt l’éjection de Trump, a ravi l’élite des côtes Est et Ouest du pays. Mais

« Avec une inquiétude : que les tensions ne baissent pas, au contraire, sur la question identitaire, les races et les genres. Pas sur les principes – tous prônent l’égalité – mais sur la démolition d’une culture universaliste, que les minorités considèrent comme une arme de l’homme blanc hétérosexuel pour garder le pouvoir. On connaît le résultat : des censures et beaucoup d’autocensure depuis cinq ans dans la culture et l’enseignement (le Monde). »

Eh oui, la censure est devenue la norme au pays du Premier amendement (celui sur la liberté d’expression). Le bouchon a été poussé si loin qu’il a atterri dans l’œil d’un journaliste du Monde !

Dis-moi qui tu censures et je saurai qui tu hais

Pour autant, quels que soient les excès et les abus auxquels se sont livrés les anti-Trump, il n’a jamais été question de les censurer sur aucune plateforme. En revanche, tous les comptes de Trump ont été bloqués définitivement, suite à une décision… de Marc Zuckerberg, le PDG de Facebook :

« Nous pensons que les risques de permettre au président de continuer à utiliser notre service pendant cette période sont tout simplement trop grands. Par conséquent, nous étendons indéfiniment le blocage que nous avons placé sur ses comptes Facebook et Instagram et pendant au moins les deux prochaines semaines jusqu’à ce que la transition pacifique du pouvoir soit effectuée (Facebook). »

Twitter a suivi aussitôt :

« Après un examen attentif des derniers Tweets du compte @realDonaldTrump et de leur contexte – en particulier la manière dont ses tweets sont reçus et interprétés sur Twitter et hors Twitter – nous avons définitivement suspendu le compte en raison du risque d’incitation à la violence (Twitter). »

Dis-moi qui tu ne censures pas et je ne te dirai plus rien

Cette politique est-elle systématique appliquée à tous ceux qui présentent un risque d’incitation à la violence ? En 2014, le Guide suprême iranien avait twitté « 9 questions au sujet de l’élimination d’Israël (Twitter) ». Parmi ces questions, la n°1 : « pourquoi l’éliminer ? » et la n°3 : « comment l’éliminer au mieux ? » peuvent apparaître aux naïfs comme pires qu’un risque d’incitation à la violence : une certitude. Pourtant, depuis 7 ans, Khamenei n’a subi aucune pression de la part des GAFA.

La responsable de la politique de Twitter pour Israël et les pays nordiques, Ylwa Pettersson, a été très claire :

« Nous avons une approche envers les dirigeants qui dit que les interactions directes avec d’autres personnalités publiques, les commentaires sur les questions politiques du jour ou les bruits de la politique étrangère sur les questions militaro-économiques ne violent généralement pas nos règles (Jewish Telegraphic Agency). »

En revanche, un compte semblant appartenir au Guide suprême iranien a été fermé début 2021. Que les amoureux de la liberté ne s’inquiètent pas : une porte-parole de Twitter a déclaré que le compte @khamenei_site avait été suspendu parce qu’il était faux ! Le vrai compte @Khamenei_fa et le compte Twitter principal en anglais du Guide suprême étaient et sont toujours opérationnels.

Un seul tweet a été supprimé, qui affirmait que les vaccins fabriqués aux États-Unis et en Grande-Bretagne n’étaient pas fiables et pourraient « servir à contaminer d’autres pays. » Celui-ci, datant de janvier 2021, enfreignait les règles de Twitter contre la désinformation (Reuters).

Élasticité des règles et mise en œuvre aléatoire, ou l’inverse ?

Si « l’incitation à la violence » est apparemment soluble dans la bien-pensance, qu’en est-il de la santé publique ? C’est comme pour le reste : l’infraction n’est pas constituée par elle-même, mais par son auteur. Ainsi, le Premier ministre israélien, qui a demandé via Facebook que soient recensés les sexagénaires pas encore été vaccinés afin de leur adresser une campagne spécifique, a vu son message censuré : Facebook Israël a diffusé un communiqué expliquant que

« Conformément à notre politique de confidentialité, nous n’autorisons pas le partage de contenu ou la demande d’informations médicales à des personnes. Suite à la violation de ces règles, nous avons supprimé le message et suspendu temporairement le ‘chat bot’ dans la messagerie qui partageait ce contenu (World Israel News). »

L’appel au génocide, cela n’enfreint aucune règle. En revanche, l’appel au vaccin dans un contexte de pandémie, c’est motivé par le bien public et ça, c’est impardonnable !

Les mêmes droits pour tous, mais une application différente pour chacun

Les croyants des religions monothéistes tiennent leur morale de leur divinité. D’ n°1 et D’ n°2 ont accordé à l’homme (et à la femme) le libre arbitre, ce à quoi n’a pas consenti le troisième (et, pour l’instant, dernier) arrivé sur le marché de la foi.

Facebook, Twitter et Instagram ont entendu l’appel désespéré des athées : « Trois milliards de petits croyants, et nous et nous et nous ? » Ils se sont constitués en une sainte trinité, qui impose la loi du bien et du mal à leurs fidèles (dont les polythéistes, qui croient également en D’ ou en Allah). La Trinité.2 s’est abstenue de proposer une option « libre arbitre », les versions précédentes ayant buggé.

Heureusement le consensus mondial existe

Bari Weiss, ex-éditorialiste au New York Times, dont la célébrité a décuplé depuis qu’elle en a démissionné, a proposé une définition et une explication du seul point commun à l’extrême-droite, l’extrême-gauche et l’extrême-centre. (Que ceux qu’on a oubliés nous pardonnent). Pour elle, la conspiration antisémite fait un carton dans tous les médias et sous toutes les latitudes.

« Dans la théorie du complot antisémite, … les Juifs ou l’État juif en viennent à représenter tout ce qu’une culture ou une civilisation donnée définit comme le plus répugnant ou le plus haïssable.… L’accusation provenant des militants d’extrême droite (dit) ‘’tous les juifs doivent mourir’’, parce qu’ils pensent que les juifs sont de ‘’faux Blancs.’’

L’extrême gauche dit l’inverse : ‘’les Juifs prétendent être une minorité, ils disent qu’ils sont opprimés… mais attendez, en fait ils sont blancs, ils ressemblent à des blancs, ils passent pour des blancs. Pire, ils soutiennent Israël, qui est le dernier bastion permanent du colonialisme blanc au Moyen-Orient’’. Donc en réalité, non seulement ils ne sont pas une minorité et ils ne sont pas opprimés, mais ils sont les soutiers du suprématisme blanc (Algemeiner). »

CQFD : le principal problème n’est pas le langage, c’est la bêtise.

Liliane MessikaMABATIM.INFO

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