Paracha Vaéra L’origine divine des souffrances

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« D’ adressa la parole à Moché, en disant : Je suis l’Éternel » (Chemoth 6,2)

Dans le cadre de mes voyages dans diverses communautés juives de par le monde, on m’a posé plusieurs fois la question que les laïcs ont l’usage de poser : où était le Gardien d’Israël pendant la Shoah ?

Je réponds à cette question par le biais d’une parabole : un homme avait un fils unique, né dans sa vieillesse. Dans sa petite enfance, il contracta une maladie dangereuse. Le père le conduisit chez un grand professeur, et paya ce dernier afin qu’il effectue une intervention pour sauver sa vie. L’enfant, limité par son jeune intellect, ne saisit pas l’intérêt d’une telle procédure, et cria à son père afin qu’il le sauve de l’emprise de ce médecin cruel qui devait l’opérer et lui faisait subir de vives souffrances. Lorsqu’il s’aperçut que son père ne le sauvait pas, il pensa qu’il l’avait abandonné. Lorsque l’enfant mûrit, il réalisa que parfois, on est obligé de subir quelques minutes de souffrances éprouvantes afin de pouvoir vivre de longues et belles années, et il comprit alors que tout était pour son bien.

La leçon : le Créateur, Qui dirige toutes les créatures, a un peuple, le peuple d’Israël qui est le fils privilégié de Hachem, et Il juge parfois nécessaire d’infliger à quelqu’un des souffrances pendant une période limitée dans ce monde, qui débouchera sur un bien éternel ; parfois la Tefila n’est pas en mesure d’éliminer ce besoin. Dans ce cas, l’homme, avec son intellect et ses connaissances limitées, peut renier l’existence de la Providence divine, comme ce fut le cas de nombreuses personnes pendant la Shoah, en observant la mort des Tsadikim. Mais à l’arrivée dans le monde supérieur, on constatera que tout émanait du Ciel dans notre intérêt.

Même pendant la période de la Shoah, on vit que la Providence divine reposait sur chaque individu, déterminant qui vivrait et qui serait voué à la mort. De nombreux Juifs qui vécurent alors des souffrances, eurent le privilège de voir le bien découlant de ces souffrances, qui les avaient maintenus en vie : « Et du fort est sortie la douceur. »
De même, mon père et maître et sa famille, restèrent en vie après avoir subi des souffrances. Il vivait au départ dans la localité de Mihalyfalva en Hongrie, mais avant la Shoah, il souffrait d’une maladie qui le contraignait à se rendre fréquemment à Arad, Roumanie, pour consulter des spécialistes. Il décida au final de s’installer à Arad. À la fin de la guerre, ils découvrirent l’intérêt de ce changement de résidence, car les Nazis étaient entrés en Hongrie et avaient déporté tous les résidents de Mihalyfalva vers Auschwitz.

Autre exemple rapporté par un Juif qui résida dans un camp nazi à la fin de la Shoah : un matin, après la distribution de leur maigre portion de pain par les nazis, un non-Juif s’approcha de lui et lui vola un bout de son pain. Il fut très en colère contre Hachem : pourquoi lui avoir envoyé une telle sanction ? Il s’évanouit alors, à bout de forces. Lorsqu’il se réveilla, il remarqua qu’un grand silence régnait. Il réalisa alors que les nazis avaient appris l’arrivée imminente des soldats américains pour libérer le camp et avaient inséré du poison dans le pain ; ainsi, tous ceux qui avaient consommé ce pain étaient morts, et seul lui était resté en vie.

L’Admour rabbi Chemouël de Modjitz me délivra un jour un Dvar Tora qui renforce beaucoup en période de détresse : « Les maladies et épreuves proviennent du Ciel pour deux raisons : chez les non-Juifs, c’est une vengeance pour leur conduite, et chez les Juifs, elles sont infligées par amour, afin qu’il en émane un bienfait. C’est l’interprétation du verset (Chemoth 15,26) : « Aucune des maladies que J’ai frappé l’Égypte » – il s’agit des plaies, envoyées par vengeance, ce genre de maladies : »ne t’atteindra. Car Moi, l’Éternel, Je te préserverai » : Je me conduis uniquement avec l’attribut de compassion pour guérir et prodiguer du bien à Israël, et si vous voyez un Juif atteint par une maladie, sachez que la maladie en soi est une cure, pour purifier l’âme des fautes, etc.

Dans le Talmud de Jérusalem (Chekalim 23b), Na’houm Ich Gam Zou tomba gravement malade et fut atteint de furoncles, et lorsque rabbi Akiva vint lui rendre visite, ce dernier lui dit : « Oï, malheur à moi de te voir ainsi. » Na’houm Ich Gam Zou le réprimanda et lui répondit : « Pourquoi rejettes-tu les souffrances ? » À ce sujet, mon ancêtre, rabbi Its’hak Eizik de Kamarna, dans son commentaire Pené Zakèn sur le Talmud Yerouchalmi, affirme qu’il était en colère contre l’emploi du moi : « Oï, malheur », car il pouvait en déduire que les souffrances sont négatives, alors qu’en réalité, ces souffrances sont pleines de compassion et positives, et il faut les accepter avec joie.

À ce sujet, les philosophes antiques se méprirent, estimant que le monde était dirigé par deux instances, que D’ préserve, dont l’une agissait pour le bien et la seconde, pour le mal. Ils prétendaient qu’il est impossible qu’un être doté de compassion puisse faire du mal. Mais en vérité, le mal est inexistant, car tout est pour le bien.

Nous pouvons dans cet esprit interpréter le pénible asservissement dont souffrirent les Bené Israël en Égypte. Moché Rabbénou interroge Hachem : « Pourquoi as-Tu rendu ce peuple misérable ? » et à ce sujet, il est dit : « D’ adressa la parole à Moché » : le Saint béni soit-Il, qui se conduisait alors avec le Nom d’Elokim qui fait allusion à l’attribut de rigueur, dit à Moché : Je suis le même D’, Celui qui fait allusion à l’attribut de compassion. Même les souffrances que J’inflige émanent de la compassion ».

On comprend ainsi l’allusion faite par mon père et maître dans son exemplaire du ‘Houmach au mot : « Vaéra », à propos du début du verset suivant : Vaéra est formé des initiales : Ani Richon Véani A’haron (Je suis le premier, Je suis le dernier). Le même D’ qui dirige toutes les créatures est Celui qui envoie des épreuves à l’avance, afin qu’au final, il en résulte du bien.

Chabbath Chalom !

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