Pourquoi Eli’ézer a-t-il eu besoin de museler les chameaux de son maître ?

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Autour de la table du Chabbath n° 359 ‘Hayé Sara

Après l’enterrement de Sara (au début de la paracha), Avraham va s’occuper de marier son fils Yits’hak. Pour cela, Avraham envoie, son fidèle serviteur Elié’zer, vers son pays de naissance pour prendre pour épouse notre sainte matriarche Rivka. Pour l’aider dans sa mission, Avraham l’envoie avec 10 chameaux chargés de richesse afin de séduire le futur beau-père.

Le Midrach, rapporté par Rachi, enseigne quelque chose d’intéressant sur ces quadrupèdes du désert. Il explique qu’ils étaient muselés tout le long du voyage afin de ne pas manger de la récolte des agriculteurs. Là-dessus, les commentateurs s’étonnent à partir d’une Guemara très connue (‘Houlin 7). Le Talmud enseigne que les animaux des Tsadikim, et à plus forte raison, les Tsadikim eux-mêmes, ne trébuchent pas dans le péché même par inadvertance ! La preuve est que l’âne de rabbi Pin’has Ben Yaïr ne mangeait pas d’une nourriture dont on n’avait pas prélevé les Ma’asseroth (la dîme). Donc comment se fait-il qu’Eli’ézer a eu besoin de museler ses chameaux pour ne pas qu’ils en viennent à voler (de la récolte sur le chemin) ?! Or nous savons qu’Avraham, le maître d’Eli’ézer, avait atteint un niveau de droiture et de piété qui n’avait pas d’équivalent. Donc il est sûr qu’Eli’ézer n’avait pas besoin de les museler ! Pour comprendre la suite du développement je suis obligé de vous faire une petite introduction. Les Tossafoth enseignent que Hachem protège ces hommes exceptionnels des fautes, précisément sur des interdits liés à la nourriture. Car les aliments entrent dans le corps de l’homme, et alors ce serait une souillure pour le Tsadik s’il devait trébucher même par inadvertance sur ce type d’interdits ! Toutefois, dans d’autres domaines, le Tsadik ne sera pas protégé !

Sachant cela, le Kovets Chiourim (Pessa’him 112) enseigne un intéressant ‘Hidouch (nouveauté). Il définit, preuve à l’appui, l’interdit du vol comme « extérieur » à l’objet volé. En effet, le vol est un interdit qui repose sur l’homme (le voleur). Tandis que les interdits alimentaires, par exemple une viande dont on n’a pas fait l’abattage rituel (Nevéla/Tréfa), reposent sur l’objet ! Donc lorsque Tossafoth (rapporté précédemment) explique que le Tsadik sera sauvé des interdits alimentaires, c’est précisément des interdits qui « reposent » sur les aliments eux-mêmes et non sur l’homme. Grâce à cette fine distinction, on pourra éclaircir notre passage de la Tora. C’est que le vol n’étant pas un interdit qui repose sur l’objet volé, Eli’ézer a bien fait de museler ses chameaux car il n’avait pas l’assurance que les chameaux ne mangent pas la récolte du voisinage.

Une autre réponse plus simple (le Réem), c’est qu’Avraham tenait à ENSEIGNER aux gens de sa génération que le vol est interdit dans toutes les circonstances (voler, c’est pas beau !), même vis-à-vis de ses animaux, bien qu’Avraham soit assuré que ses animaux n’en viendraient pas à manger la récolte d’autrui !

Autre réponse, le Talmud (Pessa’him 24) enseigne qu’un homme ne doit pas agir en pensant que Hachem lui fera un prodige ! Car Hachem a créé un monde avec ses lois propres, et il faut éviter de provoquer le Ness/miracle! Donc Avraham n’a pas voulu faire une entorse à l’ordre général de la création, même s’il savait que ses animaux ne se nourriraient pas par le vol !

Pourquoi le rav Ovadia Yossef Zatsal voulait tant revenir chez lui ?

Cette semaine j’ai décidé de vous gratifier d’une anecdote qui en dira long sur un de nos grands Talmidé Hakhamim de la génération qui a disparu il y a juste 9 ans, le Gaon Rav Ovadia Yossef zatsal. Ce Gadol de la génération, que son souvenir nous protège, était connu pour son niveau hors du commun de sa connaissance de la Tora, du Talmud, des Poskim décisionnaires, etc. C’est grâce aussi à son dévouement sans borne pour le Clall Israël qu’un grand mouvement de Techouva (appliquer Tora et Mitsvoth) s’est développé en Terre sainte et particulièrement parmi les communautés sefarades. Il a laissé des livres de base de la Halakha qui sont étudiés par de nombreux érudits. A l’occasion de l’anniversaire de son décès le 2 ‘Hechvan dernier, le rav Haim Zaïde (de Bené Brak) a rapporté une intéressante anecdote sur le rav qui en dira long sur sa magnifique personnalité. Cette histoire vécue avec le rav Ovadia remonte à près de trente années. A l’époque, le rav Zaïde était alors jeune étudiant en Tora dans la Yechiva de « Atéreth Israël » à Bait Végan (Jérusalem). L’établissement avait organisé un diner/gala pour permettre la construction de deux étages supplémentaires. Pour l’occasion de nombreux sponsors s’étaient réunis pour cette soirée et les rabbanim avaient invité le Gadol Hador, le rav Ovadia Yossef zatsal afin qu’il préside les ventes. C’est le jeune ‘Haïm Zaïde qui sera désigné pour seconder le rav afin qu’il passe la soirée de la meilleure des manières. Le soir dit, ‘Haïm Zaïde attendait impatiemment l’arrivée dans la cour de la Yechiva de la voiture du rav Ovadia Yossef. A l’heure convenue, le rav arriva et ‘Haim Zaïde lui ouvrit la porte. Le rav lui demanda qu’est-ce qu’il faisait dans la vie ? Le jeune lui répondit qu’il était Ba’hour Yechiva à « Atéreth ». Le rav lui donna une petite tape amicale sur la joue en signe d’affection. Le rav, accompagné par ‘Haïm, parcourut les couloirs de l’établissement. Le diner devait se tenir dans une des salles à l’étage et le rav commença à grimper les escaliers avec le jeune élève. Seulement le rav dira, « J’espère que cela ne va pas durer longtemps. J’ai hâte de revenir à mon étude de la Tora ». Tout le long de son déplacement le rav murmurait un long développement de la Guemara (avec les Tossafoth et les Richonim-les commentaires). Le rav ne perdait pas un seul instant de son étude. Toujours dans les escaliers, un ba’hour de la Yechiva relativement âgé aborda le rav et lui demanda une bénédiction : « Rav, cela fait dix années que j’ai commencé des Chiddoukh (présentations) et je n’ai toujours pas trouvé mon âme sœur ! » Le jeune avait les larmes aux yeux lorsqu’il décrivait sa grande difficulté. Le Ba’hour rajouta qu’il restait assidu dans son étude malgré cette grande épreuve. Il avait presque finit tout l’étude du Talmud (Chass)…. Le rav partagea la douleur du jeune et dit: « Termine le Chass (toute l’étude du Talmud), et lorsque tu clôtureras son étude tu trouveras ton Chiddoukh ! » Le rav continua son ascension et entra dans la salle de réception. A son entrée, toute l’assemblée se leva et l’orchestre entonna une mélodie en l’honneur de l’éminente personnalité du Clall Israël. Le rav s’assit à la table d’honneur tandis que ‘Haïm resta près de lui. Les enchères commencèrent. Il s’agissait de la vente d’un étage. Le montant était de 500 000 shékalim (il y a trente ans c’était une somme très importante, environ le prix d’un bel appartement). Les notables commencèrent à lever les mains. L’un dira qu’il prend 50 000 l’autre 100 jusqu’à ce qu’une main se lève et énonce la somme de 250 mille shékalim (soit la moitié de l’étage). L’orchestre jouait de son mieux avec un air entrainant, mais personne n’augmentait la mise. Le Roch Yechiva fit venir le donateur devant le rav Ovadia afin qu’il le bénisse. Ce fut beaucoup d’honneurs pour lui de venir devant le rav Ovadia (‘Haïm écouta attentivement les propos échangés). Le rav lui dira : » Tu sais, je n’ai qu’une seule hâte : rentrer chez moi afin d’étudier notre sainte Tora. Je t’en prie, augmente ton don et achète tout l’étage. Tu auras beaucoup de mérite et je retournerai à mon étude et je te donnerai une grande Berakha dans tes affaires ». Notre donateur réfléchit et annonça qu’il prend à sa charge l’étage entier pour la somme d’un demi-million de shekalim ! Toute la salle applaudit et l’orchestre se remit à jouer de la musique entrainante. Le rav Ovadia s’apprêtait à se lever pour repartir chez lui à Har Nof, seulement les Rabbanim de la Yéchiva se dépêcheront de lui dire : »Kavod Harav, je vous en prie, Il reste encore un étage à vendre ! C’est très important que le rav reste à nos côtés jusqu’à la fin ». Le rav était dépité mais il reprit sa place seulement il voulait revenir au plus vite à son étude… Il fera un signe au riche qui venait d’offrir un étage. Il le fera venir à ses côtés : »Mon fils je tiens absolument à rentrer, je t’en prie, fais-moi plaisir et achète le second étage de la Yechiva. Si tu le fais je te promets que je te ferais une bénédiction de tout mon cœur pour une grande réussite. Et tout l’argent que tu auras investi cette soirée tu le retrouveras cette année le double ! Tu peux être certain que ma bénédiction portera ses fruits. Je t’en prie fais-le afin que je revienne au plus vite à mon étude ». Le nanti était bien perplexe. D’un côté la somme était très élevée, il était parti au départ pour ne payer qu’un quart de l’immeuble mais d’un autre, c’est le grand rav d’Israël qui lui promettait la bénédiction de la Tora ! L’orchestre s’arrêta, le riche réfléchit une nouvelle fois. A cette époque bénie, il ne sortit pas son smartphone pour connaitre l’état de son compte en banque. Il prit une profonde respiration, se tourna vers les Rabbanim de la Yechiva et dira qu’y prenait sur lui les deux étages de la Yechiva soit un million de shekalim d’il y a 30 ans…. L’orchestre jouait dans toute l’effervescence, l’assemblée se leva et applaudit à tue-tête tandis que le rav le bénit de toutes les bénédictions de la Tora. De suite après, le rav quitta la table d’honneur accompagné de ‘Haïm Zaïde et repartit en direction de la sortie pour reprendre la voiture vers sa maison et donc son étude. Le Tsadik était sorti, la vente était close. Fin de l’histoire véridique.

Le rav ‘Haïm Zaïde acheva en disant que le Ba’hour Yechiva qui avait attendu 10 ans avant de se marier fit le jour du Sioum de son étude du Chass une grande fête (Sioum) et pour l’occasion invita tous ses amis et familles. Lors des festivités il demanda à un restaurateur de lui préparer le repas. Or ce dernier regarda du coin de l’œil ce jeune/vieux Ba’hour qui lui semblait convenir pour sa sœur (qui attend son âme sœur depuis fort longtemps…). Les renseignements furent vite prit durant la soirée, par le restaurateur et rapidement les deux jeunes tourtereaux firent leur première rencontre et accrochèrent ensemble ! Quatre mois après ils passèrent sous la ‘Houpa : Mazel Tov (d’ailleurs, en passant, votre bulletin préféré de « Autour de la Table du magnifique Shabbat » se propose de diffuser vos joies et événements familiaux dans son carnet des petites annonces) ! Le rav ‘Haïm Zaïde conclut, que connaissant personnellement les petits enfants de la personne qui paya les deux étages, lui confirmèrent, que cette année-là leur grand-père avait fait des plus-values au-delà de toutes ses espérances (on parle de quadruple…). Fin de l’anecdote véritable.

Elle nous apprendra deux choses : la grandeur de nos Guedolim (les grands de la Tora) pour lesquels les apparats (gala/diner) et le Kavod (qu’on leur accorde) n’ont aucune importance face à l’étude de la Tora. De plus, c’est l’étude de la Tora qui amène la bénédiction.

Qui d’entre vous, aimerait subventionner le 3ème étage de la Yechiva ?

Chabbath Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut

David Gold

Pour tous ceux qui veulent faire partager leurs joies et les événements de la famille notre bulletin se tient à votre disposition. Prendre contact auprès de notre mail ou au numéro en Israël : 055 677 87 47 en France 06 60 13 90 95.

Et comme toujours je vous propose de belles Mezouzoth mehoudar (Beth Yossef, cacher, pour tout public Ashkenaze, Sefarade, ‘Hassid, Breslav etc…).

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