Rien ne sera jamais plus comme avant…, vraiment ?

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Analyse par Jean-Marc Lévy, Vice-Président d’Israël Is Forever Alsace

Rien ne sera jamais plus comme avant, ces sept mots prononcés avec gravité et solennité par le Président de la République Emmanuel Macron le 16 mars dernier, annonçant lors d’une allocution télévisée un confinement quasi-généralisé de la population auraient pu faire croire que la pandémie planétaire serait l’occasion d’une prise de conscience et d’une remise en cause, en France et ailleurs, de nos philosophies politiques, économiques et sociétales, pour un monde vraiment meilleur. Il n’en est rien.

En réalité, toute la période de confinement et ce début de déconfinement montrent qu’en France jamais l’agenda idéologique et dogmatique n’a été mis de côté. A commencer par la communication présidentielle.

Au cours de cet exercice qu’il affectionne tout particulièrement : l’homélie présidentielle, c’est d’un ton compassé et faussement contrit que le Président de la République s’est positionné en généralissime déclarant la guerre au virus COVID-19, avant de s’attaquer aux libertés fondamentales des Français. Une posture aussi grotesque que peu pertinente : Emmanuel Macron semble avoir oublié que, depuis deux siècles, la France, seule, n’a plus gagné aucune guerre ! Comme d’habitude, Emmanuel Macron qui se pique pourtant de son érudition historique et qui cherche volontiers ses références chez Napoléon 1er, chez le Général de Gaulle voire sur le mont Olympe devrait s’abstenir. Ses références sont décidément approximatives, peu appropriées et souvent fausses : au vu de l’état d’impréparation du pays, en termes de prévention – le déni de la gravité de cette pandémie a prévalu pendant plus d’un mois avec une pénurie quasi-totale de gel et de masques pendant plus de deux mois –, en termes de possibilités ou d’impossibilités d’hospitalisation autant qu’en moyens de tests et de recherche, le Président de la République a plutôt fait figure d’Albert Lebrun dans la grande débâcle de 1940, celui dont le Général de Gaulle dira à la Libération : « au fond comme chef de l’Etat, deux choses lui avaient manqué : qu’il fût un chef ; qu’il y eût un Etat ».

Une gestion de crise moyenâgeuse

Car il faut bien comprendre : on a confiné pour de mauvaises raisons : l’impossibilité de détecter en série les porteurs du virus pour les mettre en quarantaine et l’on a déconfiné également pour de mauvaises raisons, en renvoyant les élèves dans les écoles – peut-être trop tôt – pour que les parents puissent reprendre un travail à plein temps et relancer nos activités économiques en panne. Il faut vraiment prendre toute la mesure de ce que signifie un confinement quasi-généralisé de la population : les Français ont été assignés à résidence pendant 55 jours parce que la France a été gravement mise en échec et a fait figure de pays sous-développé, en abordant et en gérant cette crise moins bien que le Ghana, la Corée du Sud, Taiwan, la Hongrie, la Pologne, l’Allemagne ou Israël. La crise du COVID-19 a mis en évidence la nullité abyssale de nos élites – à commencer par le Président de la République et le gouvernement –, ces castes d’énarques ou de polytechniciens incapables et incompétents qui nous gouvernent si mal depuis des décennies, mais qui incarnent toujours si bien cette France arrogante et forte en gueule – et seulement forte en gueule –, toujours à l’œuvre pour donner des leçons de morale au monde entier en matière de démocratie, de justice, de droits de l’homme ou d’éthique, mais hypocrite et nullissime en pratique. Si l’éthique est la science des progrès de la morale, la France est-elle vraiment bien placée pour prêcher la bonne parole, alors que des médecins et des personnels soignants sont morts par manque de matériel ou de protections et que, faute de lits et de matériel de réanimation, les personnels soignants ont été dans l’obligation de choisir les malades qui seraient soignés et ceux qui ne le seraient pas ? Est-ce vraiment cela l’idée que l’on se fait de l’éthique médicale en 2020 ?

La quintessence de la nullité française s’apprécie tout particulièrement dans le temps mis pour rapatrier des Français sur le sol national : jusqu’à sept semaines après le début du confinement pour des touristes français au Pérou ! On a connu l’Etat beaucoup plus réactif pour des otages revenant au pays surtout quand il y avait des caméras de télévision sur le tarmac… De même, il n’y a pas de quoi pavoiser sur le temps mis pour construire le fameux hôpital de campagne à Mulhouse : 10 jours pour 30 lits quand, dans le même temps, la Chine arrive à construire des hôpitaux de 1600 lits et qu’Israël peut déployer en 12 heures un hôpital de campagne de 86 lits et 4 salles d’opérations (soit, en termes d’équipement, deux fois mieux que les normes les plus exigeantes dans ce domaine).

Sacrifiés au nom d’une idéologie ?

Il faut bien comprendre que les morts du COVID-19 sont imputables à une bureaucratie aussi lourde et inerte qu’incompétente, mais également à une idéologie. Une bureaucratie dont la fonction première est de parasiter le travail de ceux qui ont l’expérience pour eux. Par exemple, il est parfaitement anormal que l’hôpital soit dirigé par des bureaucrates contre les médecins, et non par les médecins eux-mêmes, les contraintes de gestion imposées par les bureaucrates aboutissant à des situations aussi ubuesques que celles obligeant des médecins à pratiquer des interventions opératoires qui ne se justifient pas, au nom d’une rentabilité imposée des salles d’opération ! Une bureaucratie qui a toujours plus de moyens que les praticiens, faite parfois de haut-fonctionnaires grassement payés, mais incapables d’anticiper. Une bureaucratie qui empêche des sociétés françaises de fabriquer des masques ou du gel hydro-alcoolique que l’on a préféré acheter à la Chine et qui interdit aux pharmaciens de les vendre, l’Etat organisant de fait la pénurie. Au plus fort de l’épidémie, où étaient les masques et le gel ? Où étaient les moyens de protection ? Où étaient les tests ? Une bureaucratie qui a interdit aux médecins de ville de prescrire l’hydroxychloroquine, alors que ce traitement administré au début de la maladie a guéri la quasi-totalité des malades. Une bureaucratie toujours au service d’une idéologie européiste et droit-de-l’hommiste favorable à l’ouverture des frontières sans aucune restriction au nom de la libre circulation des biens, des personnes et…des virus ! C’est au nom de cette idéologie que les voyageurs arrivant en France ont pu accéder au territoire sans jamais être testés – mesurer la température avec une caméra thermique et placer les malades potentiels en quarantaine, est-ce impossible ? – alors qu’en Israël, par exemple, depuis début mars, les citoyens non israéliens entrant dans le pays étaient placés d’office en quarantaine. Cette même idéologie, qui nous considère comme des consommateurs déracinés et sans identité, a choisi, au nom d’un ultralibéralisme sans âme et dans une pure logique de profit, de faire fabriquer les principes actifs de nos remèdes médicaux à l’étranger. Imaginerait-on faire fabriquer nos instruments de défense stratégiques à l’étranger ? Et tout est à l’avenant ! C’est donc peu de dire que les pouvoirs publics ont failli ! Il est plus exact de dire qu’ils ont du sang sur les mains si l’on en juge par le nombre de Français qui poursuivent l’Etat en justice !

Haro sur le professeur Raoult !

Pour faire bonne mesure, il s’ajoute à ce tableau déjà peu reluisant une guéguerre typiquement française. Symbolisée autant par la révolte du peuple « gilets-jaunes » contre les élites que par la rivalité de la province contre Paris, il s’agit en fait de l’affrontement entre l’establishment médical administratif et pharmacologique français et un praticien rebelle. Plus fondamentalement entre l’empirisme et le pragmatisme qui s’opposent au dogmatisme et à la procédure. Considérant l’urgence – Emmanuel Macron parle de guerre contre le virus – et rappelant que la vocation fondamentale du médecin est de soigner ses patients, le professeur Didier Raoult de l’IHU de Marseille choisit l’empirisme contre la procédure et traite les malades qui se présentent à lui au début des symptômes, au terme d’un protocole très précis associant l’hydroxychroloquine et l’azithromycine, protocole non validé par des études cliniques, ce qui suscite évidemment la controverse. Il est parfaitement compréhensible qu’il y ait débat sur cette manière de procéder ; au demeurant, le dilemme est assez simple : un traitement avec des effets secondaires potentiels ou pas de traitement du tout ; le risque d’accident mortel dû à un protocole sans étude clinique face au risque de mort sans traitement. La démarche du professeur Raoult est tout à fait discutable. Sauf que çà marche : le professeur Raoult a traité, soigné et guéri près de 4000 malades pour deux morts ! Et c’est là que les intérêts financiers et l’idéologie entrent à nouveau en scène : comme la recherche, le développement, la production et la distribution d’un vaccin contre le COVID-19 représentent des enjeux majeurs pour les laboratoires pharmaceutiques, il est crucial qu’un médicament aussi banal et aussi bien connu que la chloroquine soit invalidé par les études cliniques. Comment faire ? En commençant par ne pas tester le protocole du professeur Raoult, c’est-à-dire en réalisant des études cliniques sur l’hydroxychroloquine seule (sans l’azithromycine) et en déclarant le traitement du professeur Raoult dangereux sans qu’il ait été véritablement testé. Pour invalider l’hydroxychroloquine comme traitement possible du COVID-19, des études ont été faites à partir de big data (des données informatiques sur des patients), mais qui comportent des biais et ne forment donc pas un échantillon représentatif valable. Même l’étude publiée par le très sérieux et très respecté The Lancet – qui se rétracte maintenant – est sujette à caution puisqu’elle ne prend en compte que des patients sélectionnés dans un état avancé de la maladie, mais on ne sait trop comment, contrairement au protocole du professeur Raoult. Il est donc à craindre que dans cette querelle entre l’expertocratie et l’expérience, ce soient les patients qui fassent les frais d’une interdiction potentielle de l’hydroxychroloquine, alors que des millions de comprimés sont prescrits partout dans le monde, à commencer par l’Afrique où les Africains et les touristes en consomment quotidiennement comme antipaludéen, sans effet secondaire majeur. Par ailleurs, de nombreux pays ont acheté de la chloroquine en masse, et la région française où ce médicament est le plus consommé est…l’Ile-de-France ! Mais au nom d’idéologies sans morale et au nom d’intérêts financiers colossaux, les laboratoires pharmaceutiques n’investissent que dans la recherche et le développement sur des maladies « économiquement rentables », et il arrivera peut-être même un temps où les laboratoires pharmaceutiques fabriqueront eux-mêmes de nouvelles maladies qu’ils dissémineront sur la planète avant de nous faire payer chèrement les remèdes pour les combattre…

Au nom du bien… ou au nom de la liberté ?

La gestion de la crise du COVID-19 ne saurait faire l’économie d’une réflexion sur nos libertés fondamentales. Il est tout à fait stupéfiant de constater avec quelle passivité les Français (et tous les autres) se sont laissés enfermer et assigner à résidence (moi y compris), les sorties devant être encadrées par une autorisation administrative. Le déconfinement a été tout aussi moyenâgeux que le confinement : une restriction de déplacement limité à 100 kms à moins d’une autorisation administrative : et pourquoi pas une restauration de l’octroi et un visa pour changer de région ? Il faut aussi s’interroger sur la pertinence d’une application destinée à tester la proximité de porteurs de virus alors que cette application indispensable au début de l’épidémie – comme l’a montré Israël dès la mi-mars – ne présente que très peu d’intérêt aujourd’hui, mais n’est pas exempte d’arrière-pensées liberticides. Mais nos geôliers sont vraiment trop bons ! Tout cela est évidemment fait au nom du bien public et au nom de la bonne santé des Français ! Et l’on se surprend à se demander ce qu’il adviendrait si nos dirigeants avaient des pulsions totalitaires…

Qui osera demander des comptes à la Chine ?

Pointer le dénuement critique de la France et l’incurie de nos dirigeants ne doit pas faire oublier la responsabilité et la culpabilité de la Chine dans la dissémination du COVID-19 et les mensonges sur sa dangerosité au début de l’épidémie. Accidentelle ou intentionnelle, la propagation du virus démarre à Wuhan. Il est donc parfaitement normal que la Chine s’explique, rende des comptes (enquêtes, procès ?) et paie. Tous nos accords et nos traités avec la Chine devraient être revus à l’aune de sa bonne volonté à collaborer avec le reste du monde et à assumer toutes ses responsabilités. Mais qui osera demander des comptes à Pékin, alors que certaines organisations internationales – comme l’Organisation Mondiale de la Santé – sont inféodées à la Chine, et que la France et l’Europe – étrangement absente durant la crise – dépendent de manière stratégique de la Chine, donnant ainsi à l’Empire du Milieu la corde pour les pendre ?

Le retour des idées souverainistes ?

Quoi qu’il en soit, une conséquence inattendue de la réalité de la pandémie est le retour au premier plan d’idées présentées par les élites comme populistes : les idées de souveraineté, d’Etat régalien fort, de frontières, de patriotisme économique, de protectionnisme, de réindustrialisation, de production locale et de relocalisation ; ces idées ont – provisoirement – gagné. C’est la victoire du discours porté par le Non à Maastricht, un discours de 30 ans associé par les élites européistes et multi-culturalistes politiques, financières ou industrielles à la ringardise voire au fascisme. Toutes les élites, à commencer par le Président de la République, mais également les patrons français ou l’intelligentsia mainsteam, ont commencé à entamer leur chemin de Damas, reconnaissant du bout des lèvres la pertinence d’idées qu’ils n’ont cessé de dénigrer depuis 30 ans, en y associant une sémantique destinée à les salir. La souveraineté n’est pas un gros mot : la souveraineté, c’est l’autonomie et l’autonomie, c’est la liberté. La souveraineté, c’est aussi la démocratie : quand on n’est pas souverain, on est assujetti, on est esclave. Ne plus être souverain, c’est abandonner des pans entiers d’intérêts stratégiques parfois vitaux à d’autres, ce que la France et l’Union Européenne, toutes deux vendues à la Chine et au monde arabo-musulman ont fait depuis longtemps dans la mondialisation. L’idéologie ultralibérale, multi-culturaliste et anti-souverainiste a conduit ainsi la France à banaliser les dictatures les plus féroces de la planète (Chine, Iran), avec l’espoir aussi naïf qu’illusoire que l’ouverture à la démocratie surviendrait par le développement d’échanges commerciaux sans limites. A l’instar du souverainisme, le populisme n’est pas non plus un gros mot : c’est avant tout la réappropriation du champ politique par le peuple. Un peuple qui interroge sur la portée de la politique : la politique s’adresse-t-elle à des castes, aux élites ou à tous ? Qui doit vraiment arbitrer ? Est-ce le peuple qui doit gouverner ou les expertocraties technocratiques, médiatiques ou judiciaires ? Convenons-en : le débat est loin d’être médiocre, surtout depuis que le politique a accepté sa soumission à l’expertocratie par peur de la judiciarisation, et à l’eurocratie par idéologie.

Les media : la voix de leurs maîtres…

Longtemps contre-pouvoir exigeant de la démocratie française, les media sont maintenant devenus le pouvoir et matraquent sans nuance leurs partis-pris – qui est aussi l’idéologie du pouvoir – aux Français qui les subventionnent avec leurs impôts. Tour à tour procureurs ou commissaires politiques, les journalistes sont devenus, en grande majorité, les nouveaux prêtres de la nouvelle religion des droits de l’homme, assénant leur propagande et leur bien-pensance au cours de grandes messes – c’est ainsi qu’ils les appellent – que sont les journaux télévisés. Ayant, pour beaucoup, fait fi depuis longtemps de toute éthique et déontologie journalistique, les journalistes des media mainstream n’ont pas remisé leur agenda idéologique et s’évertuent à rééduquer les Français, en distribuant bons et mauvais points. C’est ainsi que toutes les comparaisons sur les chiffres du COVID-19 sont biaisées par l’idéologie journalistique : en effet, la comparaison de chiffres absolus (par exemple, sur la mortalité due au virus) par pays n’a strictement aucun sens, quand on compare des pays au nombre d’habitants aussi différents que la France et l’Inde. La seule comparaison valable est la comparaison relative par habitant. Mais il y a évidemment un intérêt à refuser de présenter des comparaisons relatives pour ne présenter que des comparaisons absolues : désigner les mauvais élèves de la crise, comme par exemple les Etats-Unis du Président Trump. Les comparaisons relatives montrent pourtant que, si les Etats-Unis sont bien le pays le plus touché dans l’absolu, rapporté au nombre d’habitants, les statistiques sont en défaveur de la France (au 1er juin 2020 : France : 430 morts / million d’hab ; Etats-Unis : 319 morts / million d’hab). L’idéologie revient donc de plus belle dans ce comptage morbide, puisqu’il faut absolument que tous les dirigeants considérés comme « populistes » par les medias mainstream soient mis à l’index avec de mauvais résultats : Boris Johnson au Royaume-Uni, Donald Trump aux Etats-Unis, Jair Bolsonaro au Brésil (Brésil : 128 morts par million d’hab). Sauf qu’avec Benjamin Netanyahou, çà ne marche plus : Israël est un des pays qui a le mieux géré la crise, mais là les journalistes préfèrent ne pas en parler ! Pas plus qu’ils n’ont parlé des statistiques chinoises délirantes (4 morts par million d’hab) ou de la manière dont a été respecté le confinement dans les banlieues… Et la bataille idéologique est loin d’être terminée si l’on en juge par le parti-pris de la presse mainsteam contre le professeur Raoult.

Le monde de demain : éléments de prospective…

Les possibilités positives et humanistes qu’avait laissées entrevoir le Rien ne sera jamais plus comme avant d’Emmanuel Macron n’auront pas fait long feu. Il n’est pourtant pas inutile d’esquisser quelques éléments de prospective à partir de la situation d’avant et voici les questions prospectives qui devraient guider notre réflexion : quels sont nos idéaux collectifs et quels sont nos idéaux individuels ? Comment les réaliser ? Comment concilier progrès humain et progrès économique ?

Obsédée par le rendement, la productivité et la diminution de tous les coûts, la mondialisation ultralibérale a peut-être permis des niveaux de vie globalement plus élevés (c’est discutable), mais avec des inégalités qui ne cessent de se creuser, un chômage de masse endémique insoluble et des classes populaires paupérisées et droguées aux prix bas. Partons de la richesse mondiale : la valeur d’une année d’activité humaine mondiale représente 65000 milliards de dollars. Factuellement, cette richesse est très inégalement répartie et la fracture entre riches et pauvres ne cesse de se creuser : aujourd’hui 8% des gens les plus riches gagnent la moitié de ce revenu mondial global. Le milliard de gens le plus pauvre ne consomme que 1% des biens consommables contre 72% pour le milliard le plus riche. Qui sait que si les trafiquants de drogue représentaient un pays, leur PIB serait comparable à celui de la Suède ? En effet, l’économie du trafic de drogue est estimée à 243 milliards de dollars par an. Or, éradiquer la pauvreté dans le monde coûterait environ 200 milliards de dollars. Alors, on le fait ou on ne le fait pas ?

Dans nos modèles économiques basés sur la croissance, pour créer de l’emploi, la France doit afficher une croissance d’au moins 3 % chaque année et elle se contente depuis longtemps d’à peine 1 %. Comme tous les pays basés sur une économie de marché, il s’agit d’une course obligée et sans fin, basée sur le crédit, c’est-à-dire sur la confiance en un avenir imaginaire mais en partie planifié, qui nous permet de construire le présent aux dépens du futur en postulant des ressources à venir supérieures aux ressources actuelles. Or, nous devrions collectivement nous interroger sur la pertinence et la justesse de ce modèle et de ses indicateurs : le PIB (produit intérieur brut) est un indicateur créé aux Etats-Unis pendant la Grande Dépression des années 1930, remanié plusieurs fois, mais qui ne prend pas en compte l’augmentation des prix, les avancées technologiques et scientifiques ou le bénévolat. Qui sait, par exemple, qu’une année de production de lait maternel aux Etats-Unis représente actuellement une valeur de l’ordre de 110 milliards de dollars ? Qui sait que la contribution des banques au PIB est indexée sur le risque qu’elles prennent ? Les banques, qui ne connaissant jamais la crise, ont donc tout intérêt à pousser les gens à emprunter et tirent avantage de produits financiers complexes totalement déconnectés de l’économie, qui ne créent pas de richesses, mais en détruisent.

On sait aussi depuis longtemps que le progrès dépend du renforcement mutuel de la science, de la politique et de l’économie. Plus un pays devient riche, plus il devrait augmenter ses dépenses dans les secteurs de la recherche, de l’éducation, de la médecine et des équipements, d’autant que la recherche est un moteur de la croissance. Les pays qui investissent le plus dans la recherche et le développement sont : les Etats-Unis, la Corée du Sud et Israël (plus de 4% de leur PIB). Or, en France, ces secteurs ne sont pas vus comme des investissements d’avenir, mais comme un gaspillage, alors qu’on ne cesse d’arroser une bureaucratie dont la valeur ajoutée est discutable. La France par exemple a deux fois de moins de chercheurs par million d’habitant qu’Israël, le record mondial (env. 8250 chercheurs par million d’habitants). Mais le marché moderne se désintéresse de l’utilité, de la qualité, de la recherche et de l’innovation : il s’agit de vendre au plus grand nombre des produits à bas prix, de qualité moyenne et à l’obsolescence programmée. Or, la qualité et l’innovation doivent se payer. Malheureusement, la France se contente de dépenser des crédits et ne fait plus de recherche innovante hormis dans les sciences médicales. La logique du profit immédiat s’oppose souvent à la recherche et il est même parfois plus profitable économiquement de ne pas innover.

Il est donc assez logique que nos choix économiques nous aient conduits à mal rémunérer tous les métiers qui assurent une prospérité et une qualité de vie (chercheurs, enseignants, personnels soignants, policiers,…). On constate aussi que ceux qui font travailler gagnent beaucoup plus que ceux qui travaillent. Et très étrangement, les emplois les mieux rémunérés ne sont pas ceux qui créent de la richesse, mais ceux qui la déplacent.

Pourtant, ce que les gens souhaitent fondamentalement, c’est de vivre dignement et le mieux possible de leur travail dans des pays qui ne se renient pas. Alors comment concilier progrès humain et progrès économique quand de moins en moins de personnes sont nécessaires pour fabriquer nos produits de consommation ? Il faut de moins en moins de personnes pour créer une entreprise qui rapporte, mais en même temps de moins en moins de personnes en profitent. Le pouvoir d’achat de l’ouvrier de l’industrie automobile ne lui permet plus désormais de s’offrir le modèle moyen de gamme de l’entreprise dans laquelle il travaille. La robotisation bienvenue pour les tâches difficiles s’avère dangereuse lorsqu’elle est menée à outrance : l’entrepôt d’Amazon (152000 m²) dans la région parisienne comporte 4000 robots-navettes pour 200 postes de travail fixes. La question posée est donc celle du juste équilibre entre l’homme et l’automatisation. Poussée à l’extrême, cette question est illustrée par une blague très prisée des économistes : l’usine du futur aura deux employés : un homme et un chien. L’homme sera là pour nourrir le chien qui empêchera l’homme de toucher à l’équipement…

Nous sommes donc véritablement à la croisée des chemins et les enjeux sont fantastiques : paix, sécurité, développement durable, industries non polluantes, éradication de la pauvreté, éradication des maladies, accès aux ressources pour tous, maîtrise des ressources, travail pour tous, progrès scientifiques, éthique supérieure, réaffirmation du caractère sacré de la vie, puissance des Etats ou puissances des multinationales. Ce sont nos valeurs, nos choix et nos idéaux collectifs qui détermineront le destin des sociétés du XXIè siècle.

Et maintenant…

Une fois le pic de l’épidémie et l’ombre de la mort passés, la perspective d’un monde meilleur esquissée par le Rien ne sera jamais plus comme avant d’Emmanuel Macron s’est vite évanouie, rattrapée par nos schémas idéologiques.

L’idéologie ultralibérale qui achète et qui vend tout, du boulon au fœtus, a démuni la France et l’a rendu incapable d’affronter la crise. C’est pourquoi nos grands démocrates libéraux ont enfermé tout le monde. La lame de fond économique déclenchée par la crise du COVID-19 coûtera au moins 11% de PIB à la France et il n’est pas interdit de se demander pourquoi des géants du secteur automobile ou aérien sont en aussi grande difficulté chez nous et ailleurs : la réponse se trouve sans doute dans le poids donné à l’actionnariat et à la dictature des dividendes. L’aide de l’Union Européenne de 750 milliards d’euros (500 milliards d’aide et 250 milliards sous forme de prêts) aux 28 pays membres s’avère tout simplement ridicule : elle représente à peine 1% des 65000 milliards de dollars de la richesse mondiale produite chaque année. La France n’en percevra que 5 % (39 milliards d’euros environ), soit largement moins que sa contribution annuelle au budget de l’Union. Cette « aide » ne permettra pas de relancer l’économie. Pourtant la France n’est pas un pays pauvre, mais les choix idéologiques opérés font que l’on poursuit par exemple la fraude fiscale (estimée à 25 milliards d’euros par an) et pas la fraude sociale (estimée à 30 milliards d’euros par an). Nos choix économiques et idéologiques ne nous offrent plus de marges de manœuvre puisque nous avons abandonné ou vendu nos fleurons industriels, nos palaces de luxe ou nos aéroports, après nous être abandonnés aux fonds de pensions américains. Notre dette publique appartient aujourd’hui aux marchés tandis que la Grèce, dont les pays du Nord se sont longtemps moqués, est majoritairement propriétaire de sa dette. Et l’Union Européenne, loin d’aider les pays membres qu’elle ne cesse de mettre en concurrence, fait des cadeaux fiscaux somptueux aux GAFA.

La fable du village planétaire a fait son temps. Au lieu de se payer de mots, la France devrait se réinventer dans un nouveau modèle social et économique qui allierait liberté, santé et prospérité. Peu de pays y sont parvenus, la plupart ne réuissant généralement qu’à concilier deux critères sur trois, la crise du COVID-19 nous obligeant à ne conserver que la santé. Et à quel prix !

Le monde de demain que nous propose le Président de la République est en fait le monde d’avant-hier mis au goût du jour, un Moyen-Age ultralibéral, technologique et liberticide. Il faut que tout change pour que rien ne change ! La loi Avia, votée en catimini pendant la pandémie, n’entend pas lutter contre la haine – il suffirait d’appliquer les lois antiracistes ou celles contre la diffamation et la calomnie – mais plutôt criminaliser toute opposition à la soumission islamo-gauchiste. On savait la pensée macronienne révisionniste (cf. bulletin n°135 du 04/02/2020). Avec les défections et les exclusions de députés de LREM, elle se confirme autoritaire. La surveillance technologique du privé voire de l’intime ainsi que les appels à l’unité et à l’abandon de tout jugement critique font craindre qu’elle soit aussi totalitaire.

La remise en cause de nos modèles et de nos paradigmes est plus indispensable que jamais. Nous y parviendrons lorsque les intérêts collectifs seront plus importants que les intérêts particuliers. Nous y parviendrons lorsque la raison l’emportera sur l’idéologie et l’hypocrisie. Nous y parviendrons lorsque la pensée unique dominante traitera l’opposition autrement que par le mépris, la caricature ou l’insulte. Nous y parviendrons lorsque nos systèmes de justice cesseront d’être confisqués par des systèmes de juristes et d’idéologues, lorsque nos idéaux de justice censureront aussi une institution – la Cour Pénale Internationale de la Haye – dont le procureur est complice de crimes de guerre, complice de crimes contre l’humanité.

La grande leçon de cette pandémie aura été la victoire du pragmatisme face à l’idéologie : ce sont les pays qui ont fermé leurs frontières, testé massivement leur population et placés les porteurs du virus en quarantaine qui s’en sont le mieux sortis, sans pour autant détruire leur économie. Dans l’intervalle, du haut de son Olympe élyséenne, Emmanuel Macron aura démontré qu’il n’est qu’un Jupiter de bac à sable !

© Jean-Marc Lévy pour Israël Is Forever Alsace

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