Tamimi : symbole de l’inversion des responsabilités

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Tamimi : symbole de l’inversion des responsabilités ©

By Marc – jforum.fr

Illustration : le village de Nabi Saleh

Le 28 décembre 2017, le tribunal militaire a prolongé la garde à vue de l’adolescente palestinienne Ahed Tamimi (et de sa mère) jusqu’au 1er janvier 2018, alors que la remise en liberté de sa cousine était prévue pour le 31 décembre. Il est reproché à la jeune fille d’avoir donné des coups de pieds, des coups de poings et des gifles à deux soldats de Tsahal le 15 décembre 2017 (la vidéo qui a fait le tour du monde montre qu’ils sont restés impassibles). La jeune fille est également poursuivie pour avoir, précédemment, lancé des pierres sur des véhicules israéliens et commis diverses agressions sur des militaires.

Dans la presse palestinienne (et internationale), l’adolescente est présentée comme une « icône de la lutte contre l’occupation israélienne qui dure depuis 50 ans ». Ainsi et grâce à la culture du mensonge de la « soi-disant occupation », il est possible de poursuivre la stigmatisation d’Israël sur de faux fondements. Ce nouvel épisode de la comédie palestinienne illustre la méthode employée par les palestiniens pour inverser les responsabilités dans leur mésentente (voire leur haine) avec les Juifs et fournit de bonnes indications sur l’univers dans lequel ils font grandir leurs enfants afin de perpétuer l’aversion des juifs.

Pour mémoire, la Cisjordanie, partie intégrante de la Jordanie depuis le 24 avril 1950, a été occupée par Israël lors de la guerre des 6 jours de juin 1967. Le 31 juillet 1988, elle a cessé de l’être lorsque la Jordanie a unilatéralement renoncé à toute souveraineté sur ce territoire. Ce sont finalement les accords israélo-palestinien d’Oslo qui ont réorganisé la gestion et l’administration du territoire dit “cisjordanien” en le scindant en 3 parties : la zone A, sous contrôle exclusif palestinien (les grandes villes palestiniennes Naplouse, Jenine, Ramallah, Bethléem, Tulkarem… soit 20% du territoire), la zone B, sous contrôle administratif palestinien et militaire israélien (les villages palestiniens disséminés en Cisjordanie soit 20 % du territoire), et la zone C, sous contrôle civil administratif et militaire, exclusivement israélien (60 % de la Judée-Samarie).

Pour sa part, le village de Nabi Saleh (dont est originaire la jeune fille) se trouve en zone B de Judée-Samarie. Il relève donc du contrôle administratif palestinien et militaire israélien, en vertu des accords signés avec le prix Nobel de la paix palestinien, Yasser Arafat (notons que cette implantation palestinienne est relativement récente puisqu’en 1896, alors sous souveraineté ottomane, elle ne comptait qu’une centaine d’habitants).

Il s’avère que le village de Nabi Saleh est source de conflits depuis plusieurs années, compte tenu de sa proximité avec l’implantation juive de Halamich (situé en zone C sous contrôle exclusif israélien) dont l’extension déplait aux palestiniens. Les problèmes ont commencé lorsque les Juifs ont utilisé la source d’eau commune aux deux populations. Par la suite, des mityachvim ont donné, à l’un des bassins, le nom de « source Meir » (du nom du fondateur de l’implantation de ‘Halamich) et aménagé le site (après y avoir planté des grenadiers, des figuiers et des oliviers) avec des tables et des bancs pour en faire une aire de pique nique. Un tribunal militaire israélien a, en 2012, ordonné la démolition de ces aménagements situés sur des terrains revendiqués par les palestiniens, mais la décision n’a jamais été exécutée. Depuis, le site est source de nouvelles frictions entre Juifs et palestiniens.

Aussi, lorsque les palestiniens de Nabi Saleh jettent des pierres sur les Juifs, Tsahal répond par l’envoi de gaz lacrymogène et des tirs de balles en caoutchouc. Il arrive également que l’armée israélienne procède par voie d’incursion nocturne pour arrêter les lanceurs de pierres de ce village. La famille Tamimi y est bien connue de la justice israélienne : le père de l’adolescente de 16 ans, Bassem, a été arrêté à douze reprises et a passé plus de trois ans dans les geôles militaires. Il lui est reproché des incitations à la violence (notamment l’incitation des jeunes, telle sa fille, à jeter des pierres sur les Juifs), l’organisation de manifestations sans autorisation et l’entrave à la justice. D’autres membres de sa famille se sont également livrés à des violences sur les soldats. L’un de ses oncles a été accidentellement tué après avoir reçu une balle dans le visage lors d’une manifestation le 11 décembre 2011. Sur ce point, la famille Tamimi reproche à la justice israélienne de n’avoir pas poursuivi l’auteur du tir. Par ailleurs, un autre membre de la famille Tamimi a été tué le 19 novembre 2012 lors d’une manifestation de soutien aux terroristes du Hamas dans la Bande de Gaza.

Dans ce contexte, la jeune palestinienne Ahed Tamimi se considère également comme une « résistante » du village de Nabi Saleh, d’autant qu’il lui est répété que les membres de sa famille sont des martyrs et qu’elle doit continuer le combat.

La culture du mensonge de “l’occupation” est en train de toucher à sa fin, c’est du moins ce qui résulte des propos tenus par l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël, David Friedman, lors de son entrevue avec le Jérusalem Post le 2 septembre 2017. En parlant de la présence israélienne en Judée-Samarie, il a évoqué « une prétendue occupation », ce qui a passablement agacé le président (illégitime) de l’Autorité palestinienne Mahmud Abbas. La communauté internationale devrait progressivement cesser, dans un avenir proche, de substituer le concept de « Palestine occupée »  à celui de « Jordanie occupée » : l’Etat de Palestine existe depuis le 29 novembre 2012 et ne s’est vue affecté aucun territoire particulier.

Il n’en demeure pas moins que la jeunesse palestinienne grandit dans ce mensonge de la « soi-disant occupation» et de la fabrication d’une frustration artificielle de la part des institutions palestiniennes. Elle ne parviendra à s’en sortir que si la vérité est rétablie : il n’y a aucune occupation de la Palestine et la présence militaire en Judée-Samarie résulte des accords israélo-palestiniens d’Oslo. Dès lors il appartient à la jeune Ahed Tamimi de s’en prendre aux leaders palestiniens qui en ont décidé ainsi en 1993, et non aux soldats de Tsahal.

De même, l’agacement de la jeune fille serait à mettre sur le compte de la reconnaissance par Donald Trump  de ce que Jérusalem est la capitale d’Israël. On observe donc, une fois encore, le degré d’instrumentalisation de la jeunesse palestinienne : Jérusalem est la capitale d’Israël depuis 1950 à la suite de son partage entre la Jordanie et Israël. Une fois encore, si Ahed Tamimi a des récriminations à faire valoir, elle doit s’adresser au Président américain et non aux soldats israéliens.

Il est certain qu’il n’est pas agréable, pour les palestiniens, de vivre entourés des soldats de l’armée israélienne. Ils n’ont toutefois jamais su gérer leur autonomie depuis 1993 : lorsqu’Israël leur a remis des armes, ils s’en sont servi pour commettre des attentats contre les Juifs (ce qui fut à l’origine de centaines de morts). Ahed Tamimi devrait donc se lancer dans la politique et suggérer à ses compatriotes de cesser leur violence contre les Juifs et à se responsabiliser : il sera alors possible de créer un Etat palestinien de Cisjordanie sur les zones A et B (dont la contiguïté sera à déterminer avec Israël) sans présence des militaires israéliens, qui ne sera plus nécessaire. En attendant, l’épisode Tamimi est instructif en ce qu’il a révélé la parfaite retenue des soldats israéliens face à la violence palestinienne alors qu’ils  sont systématiquement présentés comme les maltraitant.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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