Tlaib sème les allusions : la récolte d’antisémitisme est bonne

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L’identité comme qualification professionnelle

Depuis son élection comme représentante démocrate du Michigan au Congrès américain, début 2019, Rashida Tlaib, née à Detroit, se présente comme « palestinienne américaine. »

C’est vrai, elle l’est : toute personne pouvant se targuer d’un ancêtre mâle ayant habité dans la Palestine mandataire entre juin 1947 et mai 1948 peut revendiquer le statut hautement rémunérateur (en termes d’aura victimaire et de subventions internationales) de « réfugié palestinien ».

En effet, si pour les réfugiés cingalais ou hutus, le statut expire au bout d’une génération, celui de « réfugié palestinien » est transmissible pendant une durée supérieure à une ère géologique[1].

Outre sa double nationalité, Dame Tlaib revendique sa double allégeance :

« Lorsque j’ai été élue, cela a donné au peuple palestinien l’espoir que quelqu’un finira par dire la vérité sur leurs conditions inhumaines (Mabatim.info). »

De quoi récolter l’affection des antisémites, qui sont aussi nombreux outre-Atlantique que chez nous, quels que soient les noms sous lesquels ils se font (re)connaître.

C’est pourquoi Tlaib capitalise sur sa proximité avec un fervent adepte du Hezbollah. Nous, Français pouvons être fiers de vivre dans un des seuls pays qui continuent à différencier, dans cette milice, une main gauche terroriste d’une aile droite caritative.

La démocrate extrême figure en vedette américaine sur une photo d’Abbas Hamideh. Ce militant « seulement antisioniste » veut coloniser l’intégralité du territoire de la Palestine mandataire de 1948 et envoie, depuis son adresse AbbasHamideh@Resistance48, des cartes de « Joyeux anniversaire au plus honorable dirigeant arabo-musulman de notre vie ! #Nasrallah #Hezbollah (Mabatim.info). »

Freud a étudié le lapsus, le jeu de mots et la projection.

Tlaib utilise les trois. Pour une monomaniaque du boycott d’Israël, n’est-ce pas paradoxal ?

Si, mais non. Dès que Biden a embauché un Juif comme Secretary of State (ministre des Affaires étrangères) pour son cabinet de transition, elle l’a subliminalement accusé de double allégeance. Elle l’a enjoint de choisir entre les États-Unis et l’État unique juif. Était-ce vraiment nécessaire pour un qui avait déjà travaillé pour Obama, lequel est insoupçonnable d’israélophilie ?

N’empêche. Quand on agite le drapeau bleu et blanc devant la congresswoman brun-vert, elle voit rouge et se lâche :

« Tant qu’il (le secretary of state Tony Blinken) ne supprime pas mon droit au premier amendement de dénoncer les politiques racistes et inhumaines de Netanyahou. Le peuple palestinien mérite l’égalité et la justice (Daily Mail

Quel rapport entre un secrétaire d’État juif et la liberté de dénoncer quelque politique raciste que ce soit ? La même qu’entre la famine, les Juifs et les coiffeurs, probablement.

Les républicains et nombre de Juifs y ont reniflé de l’antisémitisme, mais ces derniers n’ont pas trop osé s’en plaindre, parce que les USA de 2020 ressemblent de plus en plus à la France des années 2000. Vous vous rappelez ? Les attaques ciblées anti-juifs croissaient à un rythme exponentiel. Mais quand ils se plaignaient, les Juifs étaient accusés de paranoïa, voire de susciter l’antisémitisme à force de crier au loup…

Un panel original de spécialistes de l’antisémitisme

Habituellement, il y a deux catégories de gens qui colloquent sur l’antisémitisme. Les uns sont des juifs ou des philosémites qui veulent le combattre ; les autres sont des antisémites qui le nient : dans leurs bouches, les insultes antisémites sont des critiques circonstanciées de la politique israélienne.

Une discussion virtuelle est prévue le 15 décembre prochain (2020). Elle est sponsorisée par tout ce que la toile compte d’associations antisionistes et mettra en ligne quatre intervenants, dont un Juif. Qu’on se rassure, tous les quatre présentent d’impeccables CV anti-État juif. Jusque-là, rien d’inhabituel. L’innovation est dans la juxtaposition des organisateurs/participants et du titre « Démanteler l’antisémitisme. Obtenir justice. »

Si la conférence avait traité du racisme ontologique des Blancs, avec un seul Noir parmi les débatteurs, une levée de boucliers aurait sauvé les malheureux racisés de l’appropriation culturelle.

Là, le titre laisse supposer qu’il s’agit de désamorcer l’antisémitisme.

On pourrait penser que des Juifs sont plus habilités que les autres à parler de ce dont ils souffrent, mais comme ils sont classés dans les Blancs (même les Juifs noirs), ils n’ont pas droit à la revendication d’exclusivité culturelle.

En réalité, les participants à cette table ronde virtuelle ont toute légitimité pour traiter de l’antisémitisme, car tous le pratiquent à un niveau olympique.

Seul, le mot « démanteler » est totalement hors sujet.

À moins qu’il ne s’agisse de démanteler d’éventuels réseaux philosémites susceptibles de s’opposer à l’antisémitisme ? Ou de démanteler les accusations d’antisémitisme stigmatisant ces anti-juifs professionnels ?

Curieusement, Madame Tlaib a eu l’air de vouloir couper l’herbe sous le pied de sa qualification à parler d’antisémitisme en tant que dévote de la secte.

Elle a retweeté un appel à libérer la Palestine, du fleuve Jourdain jusqu’à la Méditerranée. Rien, là que de très cohérent : ceux qui font semblant de n’en avoir qu’après l’État des Juifs visent à cette libération par la conquête de ce qui se trouve entre les deux. Et entre les deux, il y a ? L’État d’Israël, c’est tout !

Pourquoi la douce créature a-t-elle ensuite supprimé le message qui la qualifiait comme antisémite certifiée et donc légitime pour cette discussion publique ? Pour pouvoir nier qu’il traduisait un souhait d’annihilation d’un peuple. Même le mieux disposé à l’égard des « antisionistes » est obligé d’admettre qu’une fois le pays des Juifs transformé en Dar al-Islam, en terre d’islam, il y a un risque qu’il reste des habitants vivants. Alors qu’en faire ? Tlaib veut se faire passer pour le contraire de ce qu’elle hait : la démocrate rouge prétend militer pour deux États pour deux peuples, harmonieusement égaux et heureux, vivant côte à côte.

Côte à côte ? Oui : les Palestiniens sur la côte et les Juifs à la mer.

Appropriation culturelle

Rashida Tlaib est donc tête de liste de la visioconférence, devant ses complices antisémites co-sponsorisés par des associations militantes, synonymiquement antisionistes.

Le premier sponsor est IfNotNow (Si pas maintenant), « un mouvement qui vise à interdire le soutien des Juifs américains à l’occupation. » L’occupation est définie par le groupe comme « un système de violence et de séparation par lequel Israël refuse aux Palestiniens la liberté et la dignité en les privant de leurs droits civils, politiques et économiques (NGO Monitor). » On ne sait pas si le système de violence et de séparation concerne Gaza, dont les Juifs sont partis en 2005, ou la Cisjordanie, dont l’administration civile appartient à l’Autorité palestinienne depuis 1994… Quand on hait, on ne compte pas et on n’a pas besoin que l’occupation existe pour lutter contre elle.

Un autre co-sponsor est Jewish Voice for Peace (La voix juive pour la paix) : un groupe activiste radical anti-israélien, qui plaide pour un boycott complet de l’État d’Israël dans tous les domaines. JVP estime que, dans ce conflit, la responsabilité incombe aux seules politiques et actions israéliennes, initiées par des Juifs racistes et suprématistes religieux (ADL).

De son côté, The Foundation for Middle-East Peace, la fondation pour la paix au Moyen-Orient a été, elle-même, fondée par Merle Thorpe, un avocat américain. Il s’enorgueillit d’avoir été l’un des premiers à remarquer que la colonisation israélienne est l’obstacle majeur à la solution du conflit. La preuve de sa sagacité est apportée par ce qui se passe au Liban depuis qu’Israël s’en est unilatéralement retiré, en 2000, et que le Hezbollah s’y est installé avec armes, et armes, et encore armes et bagages, ou à Gaza, que l’État juif a quittée en 2005 dans les mêmes conditions et où il a été remplacé, avec le même modus operandi, par le Hamas (Foundation for Middle East Peace).

Abondance de sponsors ne nuit pas

Un autre sponsor de la conférence, Jewish Currents (les courants juifs), est un magazine d’extrême gauche dont l’un des derniers articles était titré : Biden détruira-t-il le désastreux héritage de Trump sur Israël/Palestine ? Aucun des traités de paix récemment signés n’y est évoqué. Pas assez désastreux ? En revanche, le classement de BDS parmi les organisations antisémites y est longuement déploré. Quant au « deal du siècle », proposé aux Palestiniens pour faire la paix avec Israël, il est ridiculisé, notamment grâce au témoignage de « Diana Buttu, avocate basée à Haïfa et ancienne conseillère de l’équipe de négociation de l’OLP (Jewish Currents). »

Dans un autre article intitulé Obama et le lobby israélien, Peter Beinart relève, dans les mémoires de l’ex-Président, les révélations sur « comment l’Aipac (American Israel Public Affairs Committee) a empêché son administration de gouverner (Jewish Currents). »

Justement, Peter Beinart est, avec Rashida Tlaib, l’un des participants à cette table rondement menée. Y interviennent également Barbara Ransby, militante de Black Lives Matter, l’organisation financée par Soros, pour qui tous les Juifs sont des Blancs racistes, et Marc Lamont Hill, des services de commentateur duquel CNN a dû se passer, suite à des remarques antisémites qu’il a proférées devant l’ONU. Le seul argument que ses défenseurs ont trouvé était : « Diaboliser Israël n’est pas antisémite (Forward). » Et diaboliser les Noirs ne serait donc pas raciste ? Voilà une réflexion qui peut nous valoir le pilori, car justement, Marc Lamont Hill est une personne colorée.

Comme on fait son lit, on se couche

Peter Beinart, antisioniste impénitent, est le seul juif du panel, preuve que la circoncision n’est pas un vaccin contre l’antisémitisme. Celle qui intervient à 8 jours, chez les Juifs, témoigne d’un ancrage dans une tradition que les parents souhaitent transmettre à l’enfant. Elle n’a pas pour conséquence de le rendre sensible ou sensé.

À preuve, si à l’âge adulte, le juif préfère se fondre parmi les antisémites plutôt qu’au milieu de ses frères de destin, rien ne l’en empêche. Chacun est libre, y compris de militer pour la disparition de l’État qui garantit la survie de ses coreligionnaires. Non seulement rien ne l’en empêche, mais il est accueilli dans le camp adverse à bras ouverts.

On comprend l’étonnement des non juifs devant les Juifs antisémites. Mais ceux que Shmuel Trigano nomme les « alterjuifs » se complaisent dans ce paradoxe. Ce sont des intellectuels, ou qui se définissent comme tels, dont la notoriété vient exclusivement de ce que, juifs, ils cautionnent l’antisémitisme.

Dénoncer une culpabilité ontologique n’est pas toujours facile

Tlaib n’est pas une alterjuive. Elle n’est pas juive du tout, mais banalement antisémite. Elle concentre sa haine sur l’État juif, qu’elle désigne à la vindicte du monde entier.

En 2019, elle a voulu passer par le pays ennemi, en compagnie de sa complice Ilhan Omar, pour apporter son soutien aux terroristes palestiniens. Elle a été outrée qu’on lui refuse l’accès à l’entité sioniste honnie, lors de son arrivée à l’aéroport de Tel-Aviv.

C’était un déni de justice, un camouflet à la démocratie américaine, un casus belli…

Tout ça pour une banale mesure défensive. Israël empêchait deux ennemies déclarées de pénétrer chez lui, comme il aurait refusé l’entrée à d’autres, armés de fusils. Bon, elles n’apportaient que des menaces politiques et de l’aide au terrorisme, mais cela a suffi à justifier l’interdiction.

Ayant démontré qu’Israël était raciste à son endroit, Tlaib est passée à la phase 2 : prouver qu’il était aussi inhumain. Elle a demandé l’autorisation d’entrer en Israël, cette fois-ci pour y rendre visite à sa mère-grand. L’autorisation lui a été accordée. Damned ! Elle a refusé d’en profiter, craignant probablement pour la santé de l’aïeule, si elle apprenait que sa visite avait été conditionnée à la renonciation, noire sur blanc (!), à tuer des Juifs.

L’antisémitisme ontologique est impossible à éradiquer

La haine de Tlaib est consubstantielle de son identité. Faut-il essayer de l’en détourner ?

Non. D’abord, c’est inutile, car quand on est comme elle hait, on ne pense pas, donc les arguments, les faits, les chiffres et les traités n’ont aucun impact sur sa croyance. De toute façon, si elle était accessible au réel, elle s’apercevrait de son erreur. Que lui resterait-il, alors, comme raison d’être ?

On en arrive à ce double paradoxe d’avoir, d’un côté, une militante qui déguise son racisme en humanisme et de l’autre, ses victimes qui renoncent à la désarmer par crainte humaniste de, ce faisant, la pousser au suicide.

Le père de la psychanalyse était juif. Il doit être fier de ses descendants !

Liliane MessikaMABATIM.INFO

[1] La définition de réfugié de l’UNRWA inclut également les descendants des réfugiés de 1948, contrairement à celle du HCR pour les autres réfugiés (Vie publique)

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