Vel’ d’hiv’: la France et les Français doivent reconnaître leur culpabilité – Jacques Chirac avait raison

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De la Révolution de 1789 à ce jour, pas un homme politique n’a été aussi populaire, aussi aimé en France que le maréchal Pétain. De 80 à 90% de soutien au moins jusqu’à fin 1942 (rapports des préfets). Ni Thiers, ni Clémenceau, ni De Gaulle ne lui arrivent à la cheville avec son portrait dans presque tous les foyers. Est-ce qu’il a représenté « la France » ?

Le Général parlait au nom de la France libre, pas au nom de la France

De l’armistice à novembre 1942, Pétain possédait une armée de 600 000 hommes (100 000 en métropole, le reste dans l’empire), avec ses États Majors, ses généraux (dont les maréchaux Juin et De Lattre de Tassigny), son armement, sa marine et son aviation. Il leur est arrivé de se battre. Toujours dans le camp de l’Axe, contre les Alliés. Après la bataille de Narvik (avril/mai 1940), 100 000 soldats français se trouvent sur le sol britannique. De Gaulle, qui parlait déjà « au nom de la France Libre » (pas de la France), fait appel à eux. Mais 98 % d’entre eux choisissent de rentrer au pays derrière le maréchal. Un seul magistrat a refusé de prêter serment, Paul Didier. Un seul préfet, Jean Moulin. Même unanimité parmi les ambassadeurs et policiers. Lisez Paxton ou simplement les Mémoires de guerre du général De Gaulle, tout y est. Le général parlait au nom de la France éternelle, de la France Libre, de la France Combattante, pas au nom de la France.

C’est l’affaire des historiens, il suffit de les consulter. Au fait, celui qui vous a dit que le Gouvernement provisoire de la République Française (GPRF) avait été créé le 28 octobre 1940 à Brazzaville, s’est fichu de votre gueule. Ce gouvernement a vu le jour à Alger le 2 juin 1944, quatre jours avant le Débarquement, et en prévision de celui-ci. Jusque là, le gouvernement français siégeait à Vichy. Londres puis Alger se contentaient du titre de Comité national.

L’Allemagne l’a fait

Ce bla-bla wikipédien pour déboucher sur quoi ? La France, les Français doivent reconnaître leur culpabilité. Tant qu’ils s’innocenteront, le passé ne passera pas et la guerre non plus. Les Allemands l’ont admis. Ils ont été complices, pourvoyeurs de crimes. Ils le reconnaissent tous les jours. Ils réparent leur faute. Ils ne prétendent pas que « l’État » porte tout le mal sur ses épaules. Ils ne s’en tirent pas la conscience tranquille. À Berlin, le mémorial de l’Holocauste occupe deux hectares de cimetières au centre de la ville. Le Chancelier Willy Brandt, héroïque résistant s’il en fut, a bien mérité son prix Nobel de la Paix pour s’être agenouillé au ghetto de Varsovie. Aujourd’hui encore, je suis invité par l’Allemagne à me faire connaître pour recevoir les indemnités de dédommagement que les Allemands croient me devoir. Moyennant quoi, aujourd’hui, l’Allemagne est l’Allemagne et la France, la France.

Chirac, après avoir incriminé deux fois l’État français et précisé « toute la France n’était pas à Vichy », admet qu’« il y a une faute collective ». Tout est là. L’esprit public est resté sourd à cette évidence, le discours n’a été ni digéré ni suivi d’effets. Tout reste à faire. Certains, surfant sur le courant, blâment carrément Chirac, le seul à avoir effleuré l’immense travail qui reste à faire. Et retourne la manivelle « La France était à Londres. » Allez dire ça aux déportés.

À quelle occasion ? Blanchir Le Pen en pleine campagne. Bravo, camarades !

Source www.causeur.fr Guy Sitbon

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