Pourquoi doit-on se remuer dans la vie ?

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Autour de la table de Chabbat, n° 437 Emor

Est-ce qu’un Cohen a le droit de faire ressusciter les morts ?

Au début de la paracha, est enseignée toute une série lois concernant les Cohanim. Nous savons que le peuple juif est constitué des Cohanim, Léviim, Israël et des prosélytes. Cette distinction remonte à l’épisode de la faute du veau d’or où la tribu de Lévi (dont font partie les Cohen) s’est levée contre les fauteurs. Depuis, Hachem les a anoblis ainsi que les descendants d’Aharon Hacohen qui deviendront les prêtres du Clall Israël. C’est eux qui auront le grand privilège d’apporter l’expiation des fautes par le service des sacrifices au Temple de Jérusalem. Et comme ils n’ont pas de part dans la terre d’Israëlצ ils recevront des autres tribus la dîme de la récolte ainsi qu’une part dans les sacrifices. Seulement cette élévation entraînera des lois particulières. Entre autre l’interdit de se marier à une divorcée et de se rendre impur à proximité d’un mort. Par ailleurs, ils recevront les honneurs d’être appelés en premier pour tout ce qui touche les Mitsvotי.

Par rapport à l’interdit de se rendre impur à proximité d’un mort, il existe un passage intéressant dans le Talmud. La Guקmara Baba Mקtsia 114 rapporte qu’une fois, le prophète Eliahou s’est retrouvé dans un cimetière de gentils. Raba Bar Avouha s’adresse à lui en disant : « N’est-ce pas que tu es Cohen, donc que fais-tu dans le cimetière ? » Nos sources enseignent en effet que lorsque Pinhas a été anoblit Cohen, il a reçu « l’alliance de la paix », c’est-à-dire la vie éternelle. Les Sages enseignent aussi que Pinhas qui vit pour toujours est le prophète Eliahou qui est monté au Ciel vivant sur un char de feu. Donc Eliahou répond à partir d’un enseignement de Rabbi Chimon, « les cimetières des gentils ne rendent pas impur (Toumath Ohel) ».

Tossafoth sur ce passage pose une question : puisque la Guemara considère qu’Eliahou est Cohen comment s’est-il impurifié au contact du jeune garçon de la ville de Tsarfat qui gisait mort ? On se souvient, lorsque Eliahou a fui le roi mécréant A’hav, il a trouvé l’hospitalité chez une dame  veuve de la ville de Tsarfat (Rois 1.17). Or, durant son hébergement la catastrophe se déroula, le fils tomba gravement malade et il expira. La femme connaissant la grande piété de son hôte lui demanda son aide. Le prophète demanda alors à la pauvre mère de monter le corps de l’enfant à l’étage. Eliahou s’allongera alors par trois fois sur le corps du cadavre et fera une prière à Hachem, le Créateur de toutes les âmes, et le miracle se produisit, le jeune se relèvera vivant. L’histoire est fantastique mais ne s’arrête pas là. En effet, Tossafoth demande : puisqu’Eliahou est Cohen, comment a-t-il pu s’impurifier auprès du mort ? Et Tossafoth de répondre : Eliahou SAVAIT PERTINEMMENT qu’il pouvait le ramener à la vie. Le sauvetage d’un homme (Pikoua’h Néfech) repousse tous les interdits. Fin du Tossafoth.

Pour comprendre notre développement Il faut savoir que la Tora a écrit une injonction : « Ve-‘hai bahem » : la Tora VEUT qu’un homme fasse tout ce qu’il peut pour continuer à vivre dans les Mitsvoth et non qu’il ne meurt à cause des Mitsvoth.

Par exemple dans le cas d’un incendie durant Chabbat, que D’ nous en garde, on doit appeler les pompiers dans le cas où il y a danger de mort ou un risque de cet ordre. Car l’ordre de garder le Chabbath est repoussé devant l’importance du sauvetage des hommes. Pareillement, un Cohen qui vient pour sauver une vie pourra se rendre impur.

Plus encore, la Halakha stipule que même dans le cas où l’on n’est pas sûr de la réussite de notre tentative, on devra quand même transgresser la loi de Moché. Donc d’après cela pourquoi Tossafoth a eu besoin d’écrire qu’Eliahou SAVAIT PERTINEMMENT qu’il pouvait le sauver, même s’il avait un doute, il devait agir de la même façon. Intéressant.

Le Emek Chééla répond que d’une manière générale sauver un homme fait partie de l’ordre de « ve’hai bahem ». Cependant notre cas est plus compliqué. En effet il s’agit d’un mort que l’on est intéressé à faire revivre. Dans ce cas ardu il n’existe pas de Mitsva qui dit « Fais revivre le mort », car c’est une prérogative qui reste dans les Mains miséricordieuses du Créateur, qui fera revivre tous les justes au jour de la grande résurrection des morts. Donc normalement Eliahou, qui est Cohen n’aurait pas dû s’occuper de l’enfant car il n’avait pas de Mitsva, uniquement l’interdit de se rendre impur. Seulement il existe une autre référence dans le Talmud Yoma (84:) : « Sauve ton prochain afin qu’il garde d’autres Chabbatoth ».

La Tora permet la transgression du Chabbat afin que notre homme vienne à garder beaucoup d’autres Chabbatoth. Explique le Chééltoth, c’est précisément si on sait PERTINEMMENT qu’il va garder d’autres Chabbatoth mais dans le cas de doute (qu’il ne les garde) cela ne repoussera pas le Chabbat ! C’est pourquoi Tossafoth a eu besoin de rajouter que c’était clair pour Eliahou qu’il le sauverait.

Le Kovets héaroth (rav El’hanan Wasserman) explique d’une manière différente. Que le sauvetage de la vie n’est pas lié à une Mitsva quelconque (comme «Vé-‘hai bahem ») qui repousse d’autres interdits. Une de ces preuves c’est justement Eliahou : il n’existait pas de Mitsva de faire revivre le mort, et pourtant il s’est rendu impur. Autre exemple, le cas d’un bébé dans le ventre de sa mère. On pourra transgresser le Chabbat pour le sauver alors que l’enfant n’a pas encore le statut d’homme. Donc le principe est identique, c’est la cherté de la vie qui repousse les interdits (Tiré de Metivta sur le passage de Baba Métsia)

Pourquoi doit-on se remuer dans la vie ?

Dans notre paracha sont aussi enseignées toutes les fêtes du calendrier : Pessa’h, Chavou’oth et Soukoth, ainsi que le décompte de l’Omer (Sefirath Ha’omer). Les choses sont connues : le décompte commence le lendemain du 1er jour de Pessa’h et se poursuit durant 49 jours jusqu’à la fête du Don de la Tora (Chavou’oth). En effet, lors de la Sortie d’Egypte, le peuple juif est « né » et 49 jours après, a reçu la Tora au Mont Sinaï. Le Séfer Ha’Hinoukh au sujet de cette Mitsva : « Tout le compte, jour après jour des 49 jours qui séparent Pessa’h de Chavou’oth est pour indiquer que toute l’ESSENCE du Clall Israël c’est la Tora, et c’est pour elle que les cieux et la terre ont été créés  C’est aussi la raison pour laquelle le peuple juif est sorti de l’esclavage égyptien afin de recevoir la Tora et de l’ACCOMPLIR  » Fin du ‘Hinoukh.

Les choses sont simples mais importantes à connaître. Nous sommes loin de la conception révolutionnaire qui soutient que la Sortie d’Égypte est la première rébellion d’un peuple d’esclaves contre le pouvoir établi et cet événement donnera du courage à d’autres peuples soumis au long de l’histoire de prendre leur envol. Que nenni. La Sortie d’Égypte marque avant tout une élévation de tout un peuple ainsi que la possibilité de servir le Créateur de ce monde.

Seulement on posera une question : pourquoi la Mitsva s’appelle « Sfirat Ha’omer » (le décompte du ‘Omer) ? On aurait dû l’appeler simplement le décompte de Chavou’oth. Pour répondre on est obligé d’introduire la notion du ‘Omer.

Le lendemain du premier jour de Pessa’h on apportait une mesure de farine d’orge au Beth Hamikdach. C’est-à-dire qu’à la sortie même du Yom Tov de Pessa’h, de nuit, des envoyés du Beth Din allaient récolter la nouvelle moisson d’orge, pour la broyer puis la tamiser pour en faire une fine farine. Le lendemain, cette mesure, le ‘Omer, était mise dans un ustensile puis apporté à l’autel des sacrifices (c’est une offrande végétale). Cependant, avant d’en brûler une partie, le Cohen prenait la farine et opérait un balancement « Tenoufa » devant l’autel, d’avant en arrière, en haut et en bas (Rachi 23.11). Après, le Cohen en prenait une poignée et la jetait au feu sacré (le reste était mangé par les Cohanim).

Le Nétiv Chalom (Admour de Slonim) explique que ce balancement était une allusion à l’homme qui doit bouger pour recevoir la Tora de Hachem , il faut BOUGER ! Sans des efforts, la Tora ne vient pas à l’homme. (Tout le contraire de ce que la société laïque prodigue : le laisser aller). De plus, l’orge n’est pas l’alimentation habituelle de l’homme mais celle de l’animal. C’est aussi une autre allusion que si l’homme ne s’éveille pas aux choses spirituelles alors il restera au niveau de nos amis les quadrupèdes… Car nous savons bien que l’occupation principale dans la basse-cour est d’assouvir les besoins et envies alimentaires (avant de passer à l’abattage : dommage). Donc si un homme veut accéder à un niveau beaucoup plus élevé, il est obligé de prendre son Yétser (ses mauvaises envies) et l’offrir à Hachem, à l’image de ce Cohen qui mettait en branle cette portion de farine d’orge avant de la monter en sacrifice. De plus, le Or Ha’haim explique qu’au moment de la Sortie d’Égypte, Hachem a opéré un grand « saut » et a extrait le peuple de la grande impureté égyptienne (qui atteignait le 49ème degré). Or cet élan ne provenait que du Créateur et non du Clall Israël. La période qui suivra la Sortie d’Égypte cette fois sera un long travail de purification (de toutes les impuretés d’Égypte) grâce aux propres forces du Clall Israël afin d’être apte à recevoir la Tora. Le Or Ha’haim explique que cela ressemblait à l’impureté de la femme Nida qui a besoin de compter sept jours afin d’accéder à la pureté. De la même manière, le peuple juif étant ancré dans la grande impureté égyptienne a eu besoin de sept semaines (7 fois 7 jours) pour être apte à recevoir la Tora (précise le rav, que si on avait été prêt, on aurait reçu la Tora plus rapidement). Donc on aura compris que pour recevoir un grand cadeau du Créateur il faut être au niveau. (Pareil dans la vie : pour recevoir un grand cadeau, il faut s’y préparer à l’avance…)

Sippour

Qui est notre véritable ami ?

La semaine dernière (paracha Kedochim) je vous ai parlé d’une magnifique Mitsva : « Bétsédek tichpot ‘amitékha »/juger son prochain de la meilleure des manières. Même lorsque la balance est en défaveur de son ami, il faudra s’évertuer à la faire pencher du bon côté (et des fois il ne faut pas aller bien loin pour utiliser cette merveilleuse Mida, maitre Capelot dit même qu’on pourra (ou devra ?) l’utiliser dans nos maisonnées vis-à-vis de ses propre enfants ou de son épouse, qu’en pensez-vous mes chers lecteurs ?

Le commentaire « Mochav Zékénim » (certainement un Baalé Tossafoth) donne une autre tournure à ce verset. Il explique que le « ‘Amitéra » (traduit par son prochain), signifie « Hachem« . Et le sens du Passouk (verset) vient dire qu’un homme doit s’efforcer de voir le bien dans toutes les actions du Ribono chel ‘olam de la même manière qu’on le fait vis-à-vis de son prochain (C’est un grand « Hidouch de nommer Hachem comme son ami, mais c’est le Midraxh Raba (Vayikra 6) qui l’enseigne. Ndlr : d’ailleurs qu’elle est notre plus grand ami que le Saint Béni soit-Il ? Voir aussi Rachi dans Chabbat 31. Dh De’alékha et les Proverbes 6).

D’après ce magnifique commentaire, lorsque les événements de notre vie n’apparaissent pas toujours sous les meilleurs augures, la Tora viens nous apprendre qu’on devra AUSSI juger positivement les actions du Ribono chel ‘olam (qui est l’auteur de tous les événements de notre vie). Et le Mochav Zekénim conclut : « Lorsqu’un homme juge favorablement les actions de Hachem et accepte Sa justice au même instant Hachem dit à ses anges du Service divin : Regardez cet homme que J’ai créé dans mon monde« ! C’est-à-dire que Hachem tire un grand profit si l’on peut dire, de notre acceptation des épreuves.

L’histoire véridique que je vous propose cette semaine a été rapportée dans le journal orthodoxe Yéted Nééman qui parait quotidiennement en Terre Sainte et dans « Tov LéHassot » qui illustre bien ce phénomène. Au lieu de rouspéter et de dire : « C’est vraiment injuste », notre « héros » a réfléchi sur les causes de son malheur et il en a tiré les conclusions adéquates.

Il s’agit d’un homme engagé de la communauté en Terre Sainte : « Moché ». Moché est professeur dans un établissement Talmud Tora orthodoxe depuis une quinzaine d’années. Comme vous le savez, le travail dans l’enseignement nécessite beaucoup de patience et aussi d’une voix qui porte bien afin de faire régner le calme et de donner des cours audibles aux élèves. Moché est, béni soit Hachem, doté d’un très bon coffre et sa voix est très appréciée. Il est même sollicité par sa communauté pour être le ‘Hazan de la synagogue. Seulement à cause de son travail, périodiquement Moché avait sa voix prise. Pour remédier à cela, il faisait toujours attention de ne pas trop forcer et évitait au maximum, de monter en décibel dans la classe. Or, voici qu’il y a une douzaine d’années, notre Rébé se lève de bon matin et voilà qu’il n’arrive pas à faire sortir un seul son de sa bouche. C’était comme si son timbre de voix l’avait abandonné durant la nuit. Moché essaya toute sorte de remèdes (tels que des jus de citrons chauds pour les connaisseurs…) quelques cachets… rien n’y faisait. Le son restait étouffé. Tous les cours du matin, il les passait à crier du mieux qu’il pouvait afin que ses élèves le suivent. C’était particulièrement pénible. Les symptômes perduraient (entre temps il s’était procuré un petit haut-parleur pour l’aider) et cela lui procurait une grande souffrance. De plus, s’approchaient les jours de Roch Hachana et de Kippour, et il était chantre de la communauté. Quelques jours avant Roch Hachana il prit rendez-vous chez un spécialiste qui examina attentivement sa gorge. Il fit pénétrer une minuscule caméra qui décela deux boutons dans sa gorge qui empêchaient les vibrations des cordes vocales. Le spécialiste donna son verdict : « Ces boutons empêchent le fonctionnement normal des cordes, il n’y a pas d’autres choix que d’opérer, et il faut que tu saches qu’il existe une forte probabilité que tu ne retrouves pas ta voix telle que tu l’as connue. De plus, même si l’opération réussit, il restera des nuisances impossibles à guérir, mais tu es obligé de te faire opérer. Avant cela, tu dois t’exercer à parler correctement… ». Moché sortit, complètement cassé de son rendez-vous. On n’était juste quelques jours avant Roch Hachana et cette année il savait qu’il ne pourrait pas être Hazan. C’était un véritable calvaire. Il était dépité puis, il s’est déroulé une chose intéressante. Une fois, lorsqu’il sortit de la synagogue il trouva un bulletin déposé sur une table. C’était le « Moré Mikdah », un périodique qui développe les sujets liés avec la synagogue et en particulier la crainte que l’on doit y avoir. Moché lit dans ce bulletin un texte écrit par l’Admor de Belz qui exhortait la communauté à faire attention de ne pas parler pendant la Tefila depuis le début jusqu’à la fin. Moché réfléchit un instant sur sa nouvelle situation, et se dit qu’il avait trouvé en cela les exercices à faire : ne plus du tout parler dans la synagogue depuis le début de la prière, et il fit une courte prière : « Maitre du Monde, je prends sur moi de ne plus du tout parler depuis le début jusqu’à la fin de l’office. Je veux que ce vœu soit mon remède afin de retrouver ma voix. Depuis ce jour je ferai attention de ne pas dire un seul mot superflu en dehors de la Tefila« .

Effectivement l’engagement de Moché sera tenu, durant toutes les fêtes et les Chabbatoth, Moshé n’ouvrit pas une seule fois la bouche pour une quelconque demande, bonjour, bavardage, etc… Trois semaines passèrent depuis le premier rendez-vous, et Moché ne sentait plus sa gorge aussi douloureuse. Il prit un second rendez-vous chez son spécialiste. Lors de cette visite le docteur l’inspecta et il resta abasourdi. Les boutons avaient considérablement diminués. Le médecin était tout interloqué, il dit : « D’une manière générale, les exercices de diction empêchent la dégradation de la voix mais ils n’aident pas à guérir. Dans ton cas, tes exercices ont un effet thérapeutique, je n’y crois pas, mais c’est un fait. Je te propose de revenir dans deux semaines et peut-être que grâce à tes exercices cela guérira entièrement. Si c’est le cas, ce sera un vrai miracle ».

Moché sortit de chez le docteur avec une mine exaltant la joie. Le docteur (qui ne comprend pas grand-chose à la Emouna) ne le savait pas, mais les exercices n’étaient pas de la même nature que ceux qu’il prescrivait à ses patients. Il s’agissait d’exercices dans le domaine spirituel. Moché continua à faire attention de ne pas parler durant la Tefila. Et le miracle se produisit en Terre sainte, Moché retrouva entièrement sa voix, il pouvait d’une manière libre, chanter à la synagogue pour accompagner les offices, et durant ses cours sa voix était normale. Il revint donc chez son médecin qui déclara que sa guérison était due à un MIRACLE. Moché avait retrouvé sa voix de ténor sans médicaments, ni opération,… Magnifique !

Qui veut faire comme Moché et ne plus parler durant la prière ?

Chabbath Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut.

David Gold Soffer

Pour ceux qui veulent de belles Mézouzoth écrites par un Sofer dont vous connaissez déjà bien sa plume, prenez contact par tél : 00972 055 677 87 47 (Israël), par e-mail dbgo36@gmail .com

Un Zivoug hagoun pour Yaél Sarah Bat Chochana Myriam

Et toujours la protection pour tous les habitants de Tsion et le retour de nos captifs.

Une Réfoua Cheléma au rav Mordéchaï Ben Haïa Rah’el, parmi les malades du Clall Israël.

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