Autour de la table de Chabbath, 497 Pin’has
La suite du sippour, la table IKEA qui arrête pile le missile… dans un immeuble à Haïfa.
Au début de notre paracha est mentionnée la suite d’un évènement qui a commencé à la fin de « Balak ». On connait les faits, Zimri chef des princes de la tribu de Chim’on, vient avec la fille du roi de Moav devant Moché notre maître. L’homme demande avec beaucoup d’arrogance si cette femme (en désignant la fille du roi) est permise ? Et il continuera : si elle n’est pas permise, ta femme Tsipora également t’est interdite (la fille du prêtre idolâtre, Yithro) ?! Et devant toute l’assemblée il prend cette femme pour épouse. Tout le monde reste suffoqué d’une telle insolence, jusqu’à ce que Pin’has, petit fils d’Aharon, prenne sa lance et transperce les deux fauteurs. Fin de l’épisode.
La Guemara dans Sanhédrin explique l’action de Pin’has comme un geste d’une bravoure qui n’est pas donné à n’importe qui ! Car prendre la lance et tuer le pécheur est d’une manière habituelle FORMELLEMENT interdit par la Tora. Il n’y a que le Beth Din qui soit agréé à donner la punition adéquate, mais en aucun cas un simple juif. Par exemple lorsqu’on voit un homme faire une grave faute, c’est uniquement le tribunal qui peut infliger la peine mais pas les témoins. Or, ici on voit que même la Tora a agréé l’acte de Pin’has puisque suite à cela, il sera anobli Cohen et vivra pour toujours. Les Sages expliquent que Pin’has c’est le prophète Eliyahou qui vit pour l’éternité.
La réponse est que dans certains cas, chacun doit se placer à la place du Beth Din. Le Talmud enseigne qu’il y a des cas un peu similaires où l’homme a l’OBLIGATION de punir le fauteur. C’est le cas du rodef : le poursuiveur. Plusieurs cas sont débattus dans le Talmud, mais le cas le plus simple est (que D’ nous en préserve) : si on voit un homme armé qui poursuit son prochain avec une intention claire d’en finir avec lui, alors celui qui aura la possibilité (physique) d’arrêter le poursuiveur devra le faire : on l’apprend de versets de la Tora. Seulement il existe une restriction de taille : on aura la possibilité d’abattre le poursuivant uniquement si on n’a pas d’autre possibilité. Si on a la possibilité de l’arrêter sans pour autant attenter à sa vie, alors on devra le faire. Par exemple tirer sur un de ses membres non-vitaux et par là préserver sa vie. Mais si, celui qui intercepte le poursuiveur le tue alors qu’il avait la possibilité de le neutraliser d’une autre manière : il sera condamné pour meurtre. Son action est uniquement pour sauver le poursuivi, mais pas pour punir le poursuivant. La raison de cette loi, c’est que la Tora vient empêcher le poursuivant de faire la faute (dans notre cas c’est le fait de tuer, mais il existe d’autres cas encore qui sont énumérés dans la Michna).
Dans tous les cas, avec Pin’has c’est différent. Même si Zimri a fait une grave faute : celle de la désacralisation du Nom divin/’Hilloul Hachem. Mais cela ne ressemble pas au cas d’un homme qui court après son prochain pour le tuer. La preuve, c’est que si Pin’has avait demandé au Beth Din s’il devait tuer Zimri, le Beth Din lui aurait dit : NON. Or pour le cas d’une personne poursuivant l’autre pour le tuer, le Beth Din l’aurait permis. C’est uniquement un homme d’une trempe exceptionnelle pour lequel l’honneur du Créateur et de sa Tora est primordial, qui peut se le permettre.
Le sippour
Cette semaine je vous gratifierai d’une perle diffusée sur les ondes par le gaon HaMachpia rav Elimélekh Bidermann chelita.
C’est un rav de la ville de Lakewood aux Usa (Av Beth Din de Santov) qui a entendu cette véritable histoire de la bouche de témoins (rapportée au rav Bidermann chelita). L’histoire remonte loin en arrière dans la vieille Europe des années 20. Il s’agit d’un certain reb Chemouel David Fried qui était ‘hassid du « Atsé ‘Haim’ de Siguet (pour les connaisseurs…). Puis avec le temps il s’installa dans la ville commerçante d’Anvers en Belgique entre les deux guerres (et puisqu’on parle de cette ville flamande, il faudrait au juste savoir ce que font les autorités, s’il en existe encore une au pays des frites, face à tous les actes de violences antisémites répétés qui se déroulent contre la communauté juive en particulier à Anvers ?). Reb Chemouel David travaillait au départ dans les petits restaurants d’arrache-pied pour assurer sa parnassa. Avec le temps il ouvrit son propre commerce et bessiata Dichemaia/avec l’aide du Ciel son affaire fructifia et devint même le plus grand restaurant de la ville. Son commerce attirait la clientèle juive de la ville mais aussi les autochtones. Seulement notre homme était religieux, donc il proposait des repas cachers. Il avait mis en place deux cuisines, l’une viande et l’autre lait (les gentils aiment finir leur repas avec un bon morceau de fromage et du vin). Or vous le savez, il est strictement défendu de cuire un plat viande avec du lait, ou du beurre, même si on n’en mange pas (car en dehors de la consommation, la cuisson viande/beurre est interdite). Donc reb Chemouel avait mis en place ces deux cuisines et il avait établi une règle en or : que tous les mets servis sur les plats posés sur les tables même non terminés étaient jetés (à cause du mélange lait/viande), ainsi que les nombreux morceaux de pains qui restaient sur les tables (cette manière de faire est acceptable pour une clientèle non-juive, en faisant attention de ne pas mélanger les couverts, mais en Erets où la grande majorité de la clientèle est juive nous ne pouvons pas placer sur une même table des plats lactés et viandes même pour un public juif non-religieux car le propriétaire (et les serveurs) transgressent ‘lifné ‘iver »).
Une fois, un vendredi veille de Chabbat, sa femme arriva dans la cuisine et elle vit des restes de plats qui revenaient dans la cuisine « viande ». Sa femme de suite vit son mari pour se plaindre et le prévenir de la grande embûche qu’il provoquait : « Tu as des dizaines de clients juifs qui s’appuient sur toi pour manger cacher. Comment tu peux admettre cela dans ta propre cuisine ?? Tu ne peux pas continuer ainsi ! » Le mari écouta attentivement son épouse et décida de vendre son commerce au plus tôt. Après quelques temps il fit une très bonne affaire et vendit son restaurant qui marchait alors formidablement bien contre une somme colossale. Dans les rues d’Anvers se répandit la nouvelle que Chemouel avait vendu son affaire et un des diamantaires de la place lui proposa d’investir son argent dans des magnifiques diamants. Reb Chmouel examina attentivement la marchandise et décida de tout acheter en contre partie de sa fortune. Seulement le drame arriva : quelques semaines plus tard, il fit faire une expertise des pierres et l’expert certifia qu’il s’agissait de faux diamants, son vendeur l’avait arnaqué. Du jour au lendemain Chemouel passa de riche homme respecté pour un pauvre indigent qui n’a pas le sous en poche. Il semble alors, que l’arnaqueur avait pris la poudre d’escampette…. Toutes ses années de labeurs étaient parties en fumée. Après avoir accusé le coup, il dit à sa femme qu’il souhaitait tenter sa chance en Amérique. Seulement la distance était très grande, et il n’avait pas le sous en poche même pour payer son voyage. Après avoir obtenu un prêt d’argent, finalement il prit le paquebot en direction de New York. Là-bas il choisit de travailler en tant que cho’het (abatage rituel) afin de pouvoir respecter le Chabbath en terre d’Amérique. Il travailla d’arrache-pied depuis 4 heures du matin jusqu’au soir. Avec le temps il économisa suffisamment d’argent pour rembourser ses dettes et envoya des tickets à sa famille restée à Anvers. Finalement ils arrivèrent en Amérique et retrouvèrent la vie de famille… Peu de temps après éclata la deuxième Guerre mondiale. Les allemands yima’h chemam s’engouffrèrent en Belgique et dans toute l’Europe en feu et en sang. Le nouveau propriétaire du restaurant sera exécuté sur le champ tandis que l’arnaqueur des diamants sera envoyé à Auschwitz. Ce dernier passera 5 ans dans les camps de la mort et il survivra à toutes les atrocités (ce qui tient d’un très grand miracle…). A la fin de la guerre il fit partie des rescapés qui choisiront de s’établir en Amérique. Entre temps, notre reb Chmouel a été informé que son ancien vendeur des diamants est survivant et se trouve à New York. Il partit à sa recherche et le trouva. Chemouel lui demanda de venir prendre le gîte chez lui puis l’aida à s’installer dans un appartement de la grande métropole. Il l’aida aussi à trouver sa parnassa et lui prêta même de l’argent pour se mettre sur les rails. Ce rescapé ne comprenait pas du tout le geste de son hôte, il savait pertinent qu’il lui avait volé tout son argent avant-guerre et pourtant Chemouel l’aidait de son mieux. Il lui posa la question pourquoi ? Son hôte lui répondit : « Si tu ne m’avais pas provoqué cet immense tort et que tu m’avais vendu des vrais diamants contre le prix de mon restaurant c’est certain que je serais resté à Anvers à faire du business car j’étais alors un riche commerçant. Mon sort ainsi que celui de ma famille auraient été similaire à celui de tous mes frères qui sont partis en fumée dans les crématoires d’Auschwitz-Birkenau. Ma vie je te la dois, puisque c’est uniquement grâce à toi que je suis resté en vie avec ma famille, donc je te dois beaucoup… » Fin de l’anecdote véritable.
Elle vient nous apprendre un principe connu pour mes lecteurs : celui qui place sa confiance en Hachem voit les événements de sa vie sous un autre jour. C’est juste que des fois cela peut ressembler à une marche forcée dans la forêt en pleine nuit bien sombre. Les ronces piquent, les loups et renards aboient et pourtant on placera sa foi en Hachem qui nous garde de trébucher et on avancera. Car nous savons que Hachem guide nos pas : nous ne sommes jamais seuls. Comme le dit rabbi Na’hman Ben Feïgue : « Il n’y a pas de place au désespoir dans ce monde » !
Et puisque je parle Emouna et que le Clall Israël a vécu ces dernières semaines des miracles si impressionnants, je me demande s’il existe encore des gens non croyants sur terre ? Et pour les lecteurs d’Autour de la Table du Chabbath, son auteur a fait une investigation digne de James Bond pour en savoir plus sur la famille ‘hassidique de Haïfa. Comme je vous l’ai dit la semaine dernière lors d’une des alertes à Haïfa, un père de famille n’a pas eu le temps de descendre dans l’abri du quartier (son « feu » appartement n’avait pas de chambre forte). Comme il n’avait aucune solution à proposer à sa famille. Il se réfugia avec ses enfants sous la table du salon… (Comme vous le savez les tables Ikéa de l’ancienne collection 2010 avec leur contreplaqué suédois ont la capacité de protéger des missiles iraniens, bien qu’ils ne protègent pas vraiment du verre de coca qui tombe par inadvertance sur la table…). Or la semaine dernière j’avais un doute si le missile balistique était tombé dans la cour de l’immeuble ou dans le bâtiment lui-même. J’ai eu la réponse d’autochtones qui m’ont affirmé que le missile était tombé dans la partie arrière de l’immeuble. Il avait explosé après avoir perforé tout le bâtiment en percutant le sol et ainsi provoquant l’effondrement d’une grande partie des appartements. Or le miracle existe sur terre (voir mon développement précédent avec rabbi Na’hman) puisque la famille est sortie entièrement indemne de la catastrophe sans une seule égratignure. Le père de famille dansa dans l’ex-cour de l’immeuble avec ses enfants et le voisinage pour proclamer le prodige. Ce qu’on appelle un vrai miracle monsieur Capelot !
Chabbath Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.
David Gold
Sofer écriture sefarade et écriture achkenaze.
Tél : 00972 55 677 87 47
Email : dbgo36@gmail.com
Une bénédiction à Daniel Alabala et à son épouse (Villeurbanne) à l’occasion des fiançailles de leur fils Gabriel néro yaïr avec la petite fille du rav Yé’heskel Landau chlita (ancien rav de Créteil) Mazel Tov !!
Mazel Tov au rav Moché Lévi chlita et à son épouse (Bené Braq) à l’occasion du mariage de leur fils Refaël néro yaïr
Une berakha de refoua cheléma à notre fidèle lecteur depuis toujours Gérard Cohen : Ythaq ben Chebat (Paris) et de la réussite dans ce qu’il entreprend.
Une refoua cheléma à Charles Avraham ben Dvora (Charles Kossman) parmi les malades du Clall Israël.
Et toujours une berakha à tous les Ba’houré Yechiva et Avrékhim des collelim en Erets et dans le monde pour leurs efforts qu’ils font dans l’étude de la Tora et leur part active à la protection du Clall Israel en Terre sainte et dans le monde.