La nature du peuple juif – lettre du rabbi de Kalov pour Roch haChana

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Lettre de Roch Hachana 5786 de l’Admour de Kalov

À notre époque, où prolifèrent les renégats et les ennemis de la religion qui occupent des postes importants dans les gouvernements, les propos de nos Sages, à la fin du traité Sota (49b) se concrétisent : dans la période qui précède la venue du Machia’h, la tendance des gouvernements s’inversera : ils prendront désormais le parti de l’hérésie et la débauche et se moqueront des tenants de la foi, des lois et des valeurs traditionnelles.

Dans ce contexte, il vaut la peine de se remémorer une belle parabole, rapportée au nom des Tsadikim, qui explique la situation actuelle : autrefois vécut un grand roi, qui possédait une grande île en plein océan. La terre de l’île était fertile et on pouvait y cultiver de bons produits sains, ainsi qu’y faire pousser des arbres solides pour la construction. Le souverain envoya un groupe important d’habitants pour y résider quelques années, afin d’y cultiver des produits agricoles et des arbres dans le but de les importer ensuite pour les résidents de son pays.

Cette île était dotée d’un défaut : une plante y poussait, à partir de laquelle on pouvait créer un « chocolat » très sucré, qui au moment de sa consommation, avait un goût imbattable, mais qui possédait un ingrédient naturel qui produisait une confusion chez l’homme, à l’instar des drogues dangereuses interdites par les gouvernements. Le roi les avait mis en garde de ne pas cultiver cette plante, ni de la manger.

Au début, la majorité des résidents respectèrent cette mise en garde du roi, et seuls quelques individus isolés consommèrent la plante et perdirent la raison. Mais au fil du temps, certains semèrent de nombreux champs avec ces plantes, et fabriquèrent un excellent « chocolat » à vendre. Ils firent une grande publicité sur la saveur de cet aliment, et réussirent à recueillir ainsi un large soutien. De plus en plus de résidents de l’île en devinrent dépendants et s’habituèrent à en manger chaque jour, si bien que la majorité d’entre eux devint dérangée et se mit à se conduire de manière déraisonnable.

Une grande destruction s’ensuivit dans ce sillage. Ils oublièrent le monarque et cessèrent de travailler. De même, ils cessèrent de consommer des aliments sains et de prendre des médicaments pour traiter leurs maladies. Ils déchiraient leurs vêtements et se roulaient dans la boue. Ils pouvaient même sauter du toit, se casser des jambes, sans saisir qu’une fracture de la jambe était le résultat du saut. Ils firent d’autres choses dangereuses qui entraînèrent de grands dégâts corporels et matériels.

Sur l’île vivait un sage, qui rassembla sa famille et leur tint les propos suivants : « Je suis certain que vous êtes suffisamment intelligents pour prévoir l’avenir. Soyez attentifs à ne pas transgresser la mise en garde du bon souverain, qui nous a mis en garde dans notre intérêt, de ne pas consommer ce ‘chocolat’, qui procure un plaisir pour quelques instants éphémères, mais entraîne ensuite de sérieux dégâts.

Mais je crains que bientôt, nous soyons les seuls à ne pas en manger, et tous les habitants qui sont devenus fous se moqueront de nous, invoquant notre différence ; dans ce cas, l’un d’entre nous pourrait s’imaginer que nous sommes les fous, et non eux. C’est particulièrement vrai alors que tous les voisins se promènent constamment avec ce ‘chocolat’ et involontairement, son arôme pénètre chez nous, ce qui contribue à créer une légère confusion, et nous aurons du mal à percevoir certaines actions stupides comme inadéquates. »

Et le sage poursuivit : « C’est pourquoi j’ai pris une décision : prenons l’engagement d’étudier chaque jour le livre des lois du royaume, ainsi que les livres des chroniques de nos ancêtres, pour nous remémorer que nous nous conduisons selon la voie de la droiture et de la bonté, suivie pendant des années par tous ceux qui, aujourd’hui, ont perdu la raison. »

Au bout de quelques années, lorsque les envoyés du roi revinrent dans l’île pour rapatrier les habitants au pays, ils remarquèrent que tous étaient devenus fous, malades et difformes, et seuls l’homme sage et sa famille, qui avaient respecté les lois, étaient restés en bonne santé, et étaient les seuls à avoir suivi l’ordre de semer des produits agricoles et des arbres, en faveur du pays. Lorsque le roi en fut informé, il fut très heureux d’apprendre qu’il restait des fidèles à ses ordres, en dépit de l’épreuve importante qu’ils avaient affrontée, et il les récompensa très largement.

La leçon de cette parabole s’applique à notre époque : Hachem, Roi de l’univers, a envoyé les hommes dans ce monde, qui, grâce à leurs bonnes actions ici, nourrissent tous les anges et tous les mondes célestes, comme l’indique le Zohar.

Nos ancêtres, pendant plus de 3000 ans, ont vécu avec la croyance dans le Créateur du monde et Ses Mitsvoth. De même, la majorité des nations du monde tentaient de suivre globalement les principes des commandements noa’hides, et croyaient au principe de la punition et de la sanction divine.

Ceux, parmi les nations, dotés d’un niveau plus élevé, au fil des époques, ont même respecté certaines mesures strictes, et à ce sujet, nos Maîtres affirment dans le traité de ‘Houlin (92b) : les Bené Noa’h sont récompensés lorsqu’ils s’abstiennent d’acte de débauche en public.

Il y a environ deux cents ans, des hommes malveillants ont commencé à diffuser à grande échelle des théories d’apostasie et de débauche, dont le Créateur nous avait demandé de nous éloigner. Nous en sommes arrivés au point que, de nos jours, la majorité des gens se conduisent comme des fous, à la recherche de plaisirs éphémères et préjudiciables, et sont attirés constamment par des théories et des désirs nouveaux qui détruisent la vie de plus en plus. Ils se moquent des quelques individus isolés qui suivent encore la voie de la raison.

Dans une telle époque, il nous appartient de nous renforcer pour fixer une étude quotidienne de Tora, car celle-ci nous rappelle qui est véritablement l’homme sensé.

C’est à ce sujet brûlant que nous prions au début de l’année, période propice pour prendre de bonnes résolutions à l’approche de la nouvelle année. « Yehi ratson chénihiyé leroch, puissions-nous être en tête » : puisions-nous mériter de nous renforcer en nous attachant aux générations anciennes qui suivaient la voie de la droiture et du bien, « velo lezanav, et non à la queue » : ne nous attachons pas aux dernières générations qui se conduisent comme une queue instable, toujours à la recherche de nouvelles théories et plaisirs étranges.

Nous trouvons aussi une allusion à suivre le conseil de nous renforcer à notre époque : « Yehi ratson chénihiyé leroch » : puissions-nous être attachés à la sainte Tora, créée avant la Création du monde. C’est pourquoi elle est qualifiée dans le verset (Michlé 8,22) : ‘Réchith darko, au début de Son action », et ainsi, nous pourrons nous renforcer en suivant la voie de la tradition, de la droiture et du bien.

Que ce soit la volonté de notre Père céleste, que grâce à notre engagement à nous renforcer pour la nouvelle année en fixant des moments d’étude quotidienne de la Tora, nous puissions surmonter toutes les tentations de notre époque, qui gâchent la vie de l’homme, et nous aurons ainsi droit à une belle et douce année.

Chana tova !

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