Le ministère israélien de la Défense a mis au point des chiens autonomes capables de repérer des personnes ensevelies sur des sites de destruction, sans opérateur humain, et entraînés dans un institut de réinsertion pour jeunes en difficulté. Ces chiens ont été utilisés pour la première fois lors de la guerre contre l’Iran — avec un succès impressionnant.
Ma’ariv
Pendant les 12 jours de combats de l’opération « Comme un lion », les missiles iraniens ont causé 36 zones de destruction. Vingt-neuf civils israéliens ont été tués, plusieurs centaines blessés, la plupart légèrement. Tsahal s’était préparée à un nombre bien plus élevé de sites de ruines. Les systèmes de défense aérienne ont intercepté environ 87 % des missiles et plus de 99,9 % des drones.
Le commandant du Commandement du Front intérieur, le général de division Rafi Milo, était dans la confidence des préparatifs de l’opération. L’une des principales préoccupations était la multiplicité des sites de destruction, où des personnes pouvaient être piégées, vivantes ou non. Le temps de réaction étant crucial, il fallait un moyen efficace pour localiser rapidement les victimes.
« Nous avons reçu une exigence opérationnelle du Commandement du Front intérieur : localiser rapidement les personnes coincées dans de nombreux sites détruits. On nous a demandé une solution basée sur un animal pouvant intervenir sur place », explique la capitaine Noam, officière de projets à la division R&D du ministère de la Défense (Mapat).
L’armée avait anticipé deux scénarios : une attaque massive depuis le nord (Liban et Syrie), ou un tremblement de terre. Dans les deux cas, il était clair qu’un grand nombre d’équipes de secours seraient nécessaires. Le moyen le plus efficace : un chien autonome, n’ayant besoin ni d’électricité ni d’autorisation d’ingénieurs pour entrer dans les décombres, et capable d’opérer dans un environnement bruyant et dangereux, sans attendre un « silence total » comme auparavant.
Le colonel (rés.) A., officier de planification à Haïfa, précise : « Jusqu’à présent, les chiens d’intervention devaient être accompagnés par un maître-chien. Notre objectif était de développer un chien autonome, capable de suivre des schémas de recherche et de détecter des victimes sans opérateur ni pause de bruit. »
Pour entraîner les chiens, tous les savoirs disponibles ont été mobilisés : universités, dresseurs, vétérinaires, littérature spécialisée. Le programme a été lancé en 2018 dans un chenil implanté dans le village de jeunes en difficulté de Maanof à Akko. 150 jeunes, dont beaucoup au passé judiciaire lourd, ont participé à l’entraînement des chiens. Résultat : 90 % d’entre eux (de ces jeunes) se sont engagés dans Tsahal, et nombre d’entre eux ont même demandé à rejoindre les unités de secours.
Trois races ont été sélectionnées (parmi les chiens) : berger allemand (notre photo), berger belge, et labrador. Les chiens sont formés dès la naissance jusqu’à un an, dans des conditions proches du réel : sites de destruction simulés, bruit, fumée, explosions.
Lors de l’attaque israélienne en Iran, juste après le décollage des avions de chasse, tous les chiens opérationnels ont reçu un ordre de mobilisation d’urgence. Ils ont été rapidement déployés dans les unités de secours.
À Haïfa, après un tir de missile, le chien « Kart », vétéran de l’unité, a inspecté en trois heures l’ensemble du site : plusieurs dizaines d’étages et trois bâtiments. Il a signalé qu’aucune victime n’était présente.
Dans une autre zone, la sergente-chef M. et son chien ont repéré avec précision des blessés, permettant un sauvetage rapide. Pourquoi un chien plutôt qu’un robot ou un drone ? La capitaine Noam explique : « Le chien a un odorat qui lui permet de détecter les personnes même sans contact visuel, même sous une porte, une colonne de béton ou un mur. Aucun robot ne sait faire cela. »
Le ministère de la Défense prévoit désormais d’équiper chaque unité combattante de terrain d’un chien autonome qui marchera aux côtés des soldats, inspectera les ruines et détectera d’éventuelles embuscades ennemies.
Après leur baptême du feu pendant les frappes iraniennes, de nombreux pays ont déjà exprimé leur intérêt pour ces chiens autonomes, qui pourraient révolutionner les méthodes de recherche et sauvetage à l’échelle mondiale.