Après l’agression d’un enfant de confession juive de 8 ans mardi à Sarcelles, le Premier ministre a réitéré sa volonté de lutter plus efficacement contre l’antisémitisme.
Réagissant à l’agression d’un garçon portant la kippa, mardi à Sarcelles, le Premier ministre a dit mercredi son indignation. Interpellé sur le sujet par le député LaREM par le député Dominique Da Silva lors des questions au gouvernement, Edouard Philippe a déploré l’existence d' »une nouvelle forme d’antisémitisme ».
« Lutter contre le racisme et l’antisémitisme, c’est évidemment avoir le courage de nommer les choses. Le courage de reconnaître que oui, il existe une nouvelle forme d’antisémitisme violente et brutale », a déclaré le Premier ministre.
« Nous ne pouvons pas accepter que des Français s’en prennent à d’autres Français à raison de leur conviction religieuse, nous ne pouvons pas accepter qu’un enfant de 8 ans soit agressé à raison de signes extérieurs qui disent sa conviction religieuse », a affirmé Edouard Philippe devant un hémicycle inhabituellement silencieux.
Bientôt un plan « large » et « ambitieux » contre ce fléau
Le Premier ministre, qui s’est entretenu mercredi avec le président des communautés juives du Val-d’Oise, a confirmé qu’il présenterait « dans quelques semaines », lors de la semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme, le nouveau « plan interministériel » du gouvernement, qu’il veut « large » et « ambitieux ».
« Le travail sera long », a reconnu le locataire de Matignon, « mais nous devons aller encore plus loin (…). La détermination du gouvernement est totale », a-t-il assuré.
Le chef du gouvernement a par ailleurs missionné deux inspections générales de l’Etat afin d’évaluer les résultats de la lutte contre l’antisémitisme, dont les rapports seront « évidemment publics ».
Indignation générale dès la connaissance de l’agression
Les faits avaient déjà suscité l’indignation des autorités, jusqu’au président Emmanuel Macron. « C’est toute la République qui se dresse particulièrement aujourd’hui au côté des Français de confession juive pour combattre avec eux et pour eux chacun de ces actes ignobles », avait tweeté le chef de l’Etat.
La condamnation avait été tout aussi unanime sur tous les bancs de la classe politique, de Marine Le Pen (FN) à Jean-Luc Mélenchon (LFI), en passant par l’ancien Premier ministre Manuel Valls. Le député de l’Essonne apparenté LaREM a parlé mercredi, après la réponse d’Edouard Philippe d’un « acte d’un antisémitisme effrayant ». « Il y a des quartiers gangrénés par ce nouvel antisémitisme », a-t-il jugé.
En décembre, Philippe dénonçait « un antisémitisme enraciné »
Après une année 2015 marquée par un nombre record d’actions et de menaces antisémites, les chiffres officiels avaient été pointés en net repli en 2016 (-58,5%), tout en se maintenant à un haut niveau. Le gouvernement voyait dans cette tendance les premiers résultats de son plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme jugé ambitieux.
Mais la baisse s’annonce bien moindre sur l’année 2017, marquée par l’assassinat d’une femme juive défenestrée à Paris, Sarah Halimi, et la séquestration d’une famille juive en Seine-Saint-Denis. Sur les onze premiers mois, le recul des actes antisémites est de 7%, selon le ministère de l’Intérieur.
En France, « l’antisémitisme n’est pas neuf, il est ancien. Il n’est pas superficiel, il est comme enraciné », avait déjà prévenu en décembre le Premier ministre Edouard Philippe.