Au fait, pourquoi le ‘Hamas a-t-il fait la guerre ?

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Jean-Pierre Lledo

Le Préalable absolu

L’euphorie, ô combien compréhensible, due au retour imminent des otages ne devrait pas nous faire oublier cette question.

Le ‘Hamas a-t-il déclenché la guerre – plutôt un massacre (il y a peu encore, Trump les appelait « des monstres ») – simplement pour s’emparer d’otages dont il tirerait profit ? Ou pour donner le coup d’envoi à un embrasement où Israël pris en tenaille, dans un premier temps par les pays de l’axe iranien, aurait perdu, pour le moins, des dizaines de milliers de soldats et de civils. Ce scénario n’a heureusement pas fonctionné. On en saura, un jour proche, la raison.

En tous cas pour le ‘Hamas, son attaque s’inscrivait sans mystère dans la longue histoire des tentatives arabo-musulmanes non pas de créer un Etat falestinien, mais d’anéantir Israël. Massacres des années 20 et 30 à l’initiative du grand mufti de Jérusalem qui quelques années plus tard jouera, à Berlin même, le rôle de conseiller d’Hitler pour le monde musulman. Guerres de 1948, de 1967 et de 1973, à l’initiative des pays arabes environnants. Puis après leurs trois cinglantes défaites, ces pays passèrent le relais à des mouvements terroristes dits ‘’palestiniens’’ : Fatah, FPLP, FDLP, OLP, Hamas, Djihad islamique, et combien d’autres encore, la liste est longue de ces clans armés ciblant les civils mais qui se disent « résistants »…

Et pourquoi cette obsession meurtrière ?

Il semblerait que cette question soit taboue, tant dans les chancelleries du monde dites « démocratiques » ou franchement totalitaires, que chez de nombreux Juifs de cour des diaspora, que chez de trop nombreux intellos israéliens, eux inexcusables puisqu’ayant eu de la famille ou des amis assassinés sauvagement le 7 octobre.

La réponse est pourtant bien connue, mais c’est comme si l’on n’osait la formuler. Comme si, elle devait nous entrainer dans un tunnel dont on ne trouverait jamais l’issue.

Et d’ailleurs le monde arabo-musulman – ses Etats, et ses organisations civiles ou militaires – n’a jamais cherché à la dissimuler : les Juifs n’ont aucune légitimité à créer un Etat en cet endroit de la terre.

La souveraineté de cet endroit appartient en totalité aux musulmans. Et ce en vertu de l’Islam et de ses gestionnaires, selon lesquels tout territoire conquis par lui, l’est à jamais ! Et oust les trois millénaires d’histoire hébreue et juive ! Et oust les Traités de San Rémo puis de Lausanne au début des années 20, qui faisait obligation au mandat britannique d’accorder un territoire aux Juifs, comme il le fit aux Arabes (Transjordanie, Irak, Syrie…). Ces accords adoptés par la Société des Nations (SDN) furent reconduits vers l’ONU dès sa création, en vertu de l’article 80, et ils sont donc toujours le Droit international, n’en déplaise au sieur président Macron.

Tout cela est archi-connu, mais les chancelleries du monde dit « démocratique » préfèrent l’ignorer, soit par couardise, soit par intérêt, soit tout simplement pour honorer le contrat des Accords Eurabia des années 70 et suivantes, qui, contre le pétrole, firent obligation à l’Europe d’adopter le narratif falestinien, appelé aujourd’hui « palestinisme ». Lire et relire Bat Yé Or !

Or je prétends qu’il n’y aura JAMAIS de paix, ni « de processus de paix », ni d’accords de oaix crédibles au Moyen-Orient, tant que le monde musulman n’aura pas accepté de reconnaitre la légitimité des Juifs à créer un Etat en cet endroit de la terre.

Ce qui est bien différent de ‘’la reconnaissance de l’Etat d’Israël’’, Etat considéré comme un Etat illégitime, comme un fait accompli qui s’est imposé par la force, et que le monde musulman a le droit, par une force supérieure, de détruire. Ainsi ne voit-on pas l’Egypte et la Jordanie, pourtant liés à Israël par un « Traité de paix » qui présuppose la reconnaissance de son Etat, la menacer épisodiquement de son désaveu.

La reconnaissance d’une légitimité juive en cet endroit du Moyen-Orient est donc un PREALABLE ABSOLU à toute démarche de paix.

Inversement, toute démarche de paix (quels que soient son nom et ses intentions), des accords d’Oslo à ceux d’Abraham, qui n’en tiendrait pas compte est d’emblée vouée à l’échec, c’est-à-dire à une nouvelle guerre.

Malgré toute sa bonne volonté, il en sera de même pour l’initiative actuelle de Trump, car dans ses 21 conditions, on ne voit pas trace de ce Préalable absolu, et donc à fortiori de tout ce qui devrait suivre : arrêt des discours de haine anti-juive et anti-israélienne, tant dans l’arène politique et médiatique que dans les institutions éducatives, auxquels viendraient se substituer certains passages du Coran qui appellent au retour des Hébreux sur LEUR terre, comme par exemple celui-ci : « Et au peuple de ceux qui avaient été abaissés, (il s’agit des enfants d’Israël sortant d’Égypte), nous donnâmes en héritage les contrées orientales et occidentales de la terre que nous avions bénies »  Sourate 7, les Murailles, v. 133.

Eut-il mieux connu l’islam, on peut conjecturer que Trump aurait inclus cette condition.

En l’absence d’un tel Préalable, la guerre sera éternelle. Perdue par les Arabes en 48, 67, 73 et aujourd’hui par l’axe iranien dont le ‘Hamas, elle renaitra sous une autre forme. Des Palestiniens parlent déjà de « Houdeïbya », cette trêve qui permit au « prophète » Mohamed de récupérer des forces pour de nouvelles attaques. Et Israël dont l’existence depuis 1948 n’est qu’une histoire de « trêves » est bien placé pour savoir qu’en vertu des évolutions technologiques, elles sont chaque fois plus meurtrières.

 Les otages

Sans les otages, le ‘Hamas aurait été écrasé en quelques semaines. S’ils n’ont pas été le but de l’attaque du 7 octobre, ils ont été incontestablement une arme redoutable dans les mains d’un ‘Hamas, seul, face à Tsahal.

Non seulement, ils ont permis sa survie militaire et politique, mais la guerre s’éternisant avec son lot de destructions et de victimes, le monde entier s’est rapidement dressé contre Israël…

Et suprême perversité, le’Hamas, parfait connaisseur des ressorts éthiques du peuple juif, est même arrivé à dresser une partie des familles d’otages contre le gouvernement israélien, certes avec le concours intéressé d’une gauche manipulant leur détresse à des fins bassement politiques. Le fauteur de guerre n’était plus le ‘Hamas, mais … Netanyahou ! Des milliardaires juifs, israéliens ou non, dépensèrent un argent fou en campagne de pub ciblant… le Premier ministre.

Suite au limogeage du précédent chef d’Etat major, Herzi Halevy, et à l’arrivée de son remplaçant le général Eyal Zamir, se substitua, enfin, à la stratégie de guerre « cache-cache » permettant au ‘Hamas de se réinstaller dans des positions perdues, une nouvelle stratégie de rouleau compresseur, une fois la population éloignée, laissant désormais le hamas sans bouclier humain.

Malgré la détention des otages, les dirigeants du ‘Hamas, comprirent alors que leurs heures étaient comptées. Le comprirent-ils seuls ou les grands frères (Qatar et Egypte) les y aidèrent-ils, plutôt que la reddition, il valait mieux se replier, c’est-à-dire se départir de leur seule carte maitresse : la totalité des otages.

Sans cette carte, le ‘Hamas quasiment castré se devait d’accepter la « protection » des grands frères, lesquels, pour forcer Israël à renoncer à la victoire totale, devaient passer par Trump.

L’accord Trump

Accompagner Israël jusqu’à la reddition du ‘Hamas, c’était risquer de voir le Moyen Orient arabe échapper à son influence. Or la géostratégie a ses contraintes… et ses victimes. Malgré toute sa sympathie pour les Juifs et Israël, Trump dont le slogan de campagne électorale reste plus que jamais « Make America great again », n’a qu’un seul véritable souci : la Chine. Et il n’estimera sa mission accomplie que lorsque comme après 1945, la pax americana règnera à nouveau de Rabat à Téhéran.

Ce n’est pas la première fois qu’Israël sera empêché par « ses alliés » d’aller jusqu’au bout de ses victoires.

Dans sa trimillénaire histoire, le peuple juif devra donc faire une nouvelle fois l’expérience d’être un petit peuple, forcement balloté dans la lutte entre les empires, sommé donc de choisir le moins mauvais…

Contre mauvaise fortune, faisons donc bon cœur.

Réjouissons-nous du retour des derniers otages, mais, s’il vous plait, sans danse ni champagne.

Car les dépouilles des otages tués ne nous seront pas restitués de sitôt, et les 20 survivants ressembleront plutôt à des morts-vivants. Le choc sera dur à encaisser… Comme il est déjà dur de savoir que des milliers de terroristes et d’assassins feront partie de l’échange. Comme il est dur aussi de prévoir que tous les Gazaouis qui ont eu le courage de combattre le ‘Hamas sont désormais en danger de mort, sinon déjà exécutés, alors que le plan Trump reste muet à ce sujet, et que les forces du ‘Hamas se sont empressées de réinvestir tous les espaces quittés par Tsahal.

Harkis répétita ?

Réjouissons-nous, mais n’oublions pas que cela a été rendu possible par le sacrifice de près d’un millier de soldats, des milliers de blessés, certains à vie, et puis de ces centaines de milliers de soldats qui l’ont risquée pour la survie d’Israël.

Et si un hommage national doit être rendu c’est bien à eux qu’il doit l’être, soldats tués, blessés, et survivants, nos héros, ainsi qu’à leurs familles.

Demain ?

L’aspect le plus positif de cet Accord Trump, c’est d’avoir déconnecté la libération de tous les otages des autres questions à plus long terme… privant ainsi le ‘Hamas de jouer avec les otages pour préserver son pouvoir et dicter ses conditions politiques.

Une fois tous les otages récupérés, le ‘Hamas sera dénudé… Et là réside sa plus grande défaite. Pour se maintenir, il devra se fondre dans… « le peuple palestinien ». Ceci dit, comme il est la force dominante dans l’espace palestinien, on peut d’ores et déjà imaginer qui sera la marionnette et qui le marionnettiste.

Lorsque Tsahal commença à porter des coups sérieux aux forces du ‘Hamas, on entendit les bonnes âmes des chancelleries européennes, mais aussi celles de la gauche israélienne prônant l’arrêt des combats, claironner : « On ne tue pas une idéologie »… J’espère donc qu’ils s’en souviendront et qu’ils se feront un devoir de pourchasser la variante idéologique du néofascisme qu’est le djihadisme, comme ce fut le cas du nazisme en Allemagne après la défaite d’Hitler.

Ce dont je doute. Puisque loin d’être cantonnée aux Arabo-musulmans, l’idéologie négationniste s’est mondialisée, revivifiant l’anti-juivisme des années 30 à une échelle désormais planétaire.

Quant à cette Europe dite « démocratique » dont les gouvernants ne représentent plus leurs peuples, n’a-t-elle pas préféré faire pression sur Israël et même la boycotter, plutôt que sur le ‘Hamas et ses soutiens de par le monde, incapable de lui imposer les visites de la Croix-Rouge aux otages, eux véritablement affamés et génocidés ?

Et aujourd’hui, ces gouvernants européens qui ont été incapables d’empêcher l’Iran d’accéder au nucléaire, qui sont incapables de désarmer le Hezbollah, incapables de défendre les Druzes, ne sont-ils pas animés par la même hargne : imposer à Israël, toujours par le boycott, des frontières avec un Etat d’assassins antijuifs ?

Mais gare, leur projet risque d’être aussi leur tombeau.

Leurs heures sont aussi comptées.

Et Trump ne viendra pas à leur secours….

11 Octobre

Jean-Pierre Lledo, Cinéaste, essayiste

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